AileNoire - Vent d'Argent le SuprĂȘme. Genteck en possĂšde 1 Carte de RĂ©fĂ©rence . Ref. Edition RaretĂ© Langue Ătat Valeur QtĂ© Echange Vente; LC5D-FR134: Collection LĂ©gendaire 5D's MĂ©ga Pack: SR: FRA: JouĂ©e? 1: non: non: Cote Arpenteurs : 9.00 âŹ-- 38 arpenteurs recherchent cette carte * * Connectez-vous pour trouver ces arpenteurs. Mon Compte âą Membres âą FAQ âą CGV âą
LECONTE DE LISLE LECONTE DE LISLE 1818 Charles-Marie Leconte de Lisle, nĂ© Ă lâĂźle Bourbon en 1818, a publiĂ© successivement les PoĂšmes antiques, les PoĂšmes barbares, les PoĂšmes tragiques. Il a, en outre, donnĂ© des traductions dâHomĂšre, dâHĂ©siode, dâEschyle, de Sophocle, dâEuripide, de ThĂ©ocrite, dâHorace. Des vers dâune splendeur prĂ©cise, une sĂ©rĂ©nitĂ© imperturbable, voilĂ ce qui frappe tout dâabord chez M. Leconte de Lisle. Au fond, il y a autre chose que nous verrons, mais cela est cachĂ© et ne se rĂ©vĂšle quâĂ ceux qui nâont pas le cĆur simple. Il ne faut pas oublier que Leconte de Lisle est nĂ© Ă lâĂźle Bourbon et quâil y a passĂ© son enfance. LĂ , mieux que chez nous, il put sentir lâĂ©normitĂ© indomptable des forces naturelles et les lourds midis endormeurs de la conscience et de la volontĂ©. Il connut la rĂȘverie sans tendresse, le sentiment de notre impuissance Ă lâĂ©gard des choses, la soif de rentrer au grand Tout, dont la vie un moment nous distingue, et, en attendant, la joie immobile de contempler de splendides tableaux sans y chercher autre chose que leur beautĂ©. Il vint Ă Paris. AprĂšs la fatalitĂ© inconsciente des choses, il rencontra la fatalitĂ© furieuse de lâĂ©goĂŻsme humain. Il eut des jours difficiles, et souffrit dâautant plus quâil apportait dans la mĂȘlĂ©e des compĂ©titions fĂ©roces une Ăąme dĂ©jĂ touchĂ©e de la grave songerie orientale. Il lut lâhistoire. Il vit lâhomme en proie Ă deux fatalitĂ©s celle des passions et celle du monde extĂ©rieur. Elle lui apparut comme lâuniverselle tragĂ©die du mal, comme le drame de la force sombre et douloureuse. Il lui sembla que lâhomme, presque toujours, avait aggravĂ© lâhorreur de son destin par les explications quâil en avait donnĂ©es, par les religions qui avaient hantĂ© son esprit malade, prĂȘtant Ă ses dieux les passions dont il Ă©tait agitĂ©. Il se dit alors que la vie est mauvaise et que lâaction est inutile ou funeste. Mais, dâautre part, il fut sĂ©duit par le pittoresque et la variĂ©tĂ© plastique de lâhistoire humaine, par les tableaux dont elle occupe lâimagination au point de nous faire oublier nos colĂšres et nos douleurs. Il entra par lâĂ©tude dans les mĆurs et dans lâesthĂ©tique des siĂšcles morts ; il dĂ©mĂȘla lâempreinte que les gĂ©nĂ©rations reçoivent de la terre, du climat et des ancĂȘtres ; et il eut des visions du passĂ© si nettes, si sensibles et si grandioses, quâil leur pardonna de nâĂȘtre pas consolantes. Enfin, il comprit que si tout le mal vient de lâaction, lâaction vient du dĂ©sir inextinguible, de lâillusion du mieux qui vit Ă©ternellement aux flancs de lâhumanitĂ©, illusion qui fait souffrir puisquâelle fait vivre, mais qui fait vivre enfin. Or, Ă quoi bon condamner la vie ? Elle est, cela suffit ; et les renonciations de quelques-uns ne lâĂ©teindront pas. Qui sait, dâailleurs, si elle ne va pas quelque part ? si quelque progrĂšs â lent, ah ! combien lent ! â ne sâĂ©labore pas par elle Ă travers les Ăąges ? Alors, le cĆur rĂ©voltĂ© contre lâĂtre, mais les yeux pleins du prestige de ses formes ; indignĂ© des monstruositĂ©s de lâhistoire, mais dĂ©sarmĂ© par lâintĂ©rĂȘt de son mĂ©canisme et Ă©bloui par la richesse de ses dĂ©cors ; soulevĂ© contre le spectre des religions, mais apaisĂ© par lâidĂ©e quâun jour peut-ĂȘtre elles auront vĂ©cu ; conspuant lâhumanitĂ© et lâadorant Ă la fois, il alla prendre pour hĂ©ros lâantique rebelle, le premier aprĂšs Lucifer qui ait criĂ© Non serviam ! rendit lâespoir au dĂ©sespĂ©rĂ© et le fit surgir comme un prophĂšte sur la plus haute tour dâHĂ©nokia, la citĂ© cyclopĂ©enne. Il mit dans ce poĂšme ce quâil avait de plus sincĂšre en lui, la protestation obstinĂ©e contre le mal physique et moral, et aussi la sĂ©rĂ©nitĂ© de lâartiste paisiblement enivrĂ© de visions prĂ©cises. Ce jour-lĂ , M. Leconte de Lisle fit son chef-dâĆuvre. Le mĂȘme pessimisme, et, comme consĂ©quence, le mĂȘme parti pris de ne peindre que lâextĂ©rieur, se retrouvent dans les paysages. Presque tous appartiennent Ă lâOrient ou mĂȘme Ă la rĂ©gion des tropiques, et flambent crĂ»ment sous le soleil vertical. Le choix du poĂšte sâexplique de mĂȘme quâil nâa pas vu la justice dans lâhistoire, il ne lui plaĂźt pas de voir la tendresse dans la nature. Il ne sent point en elle, comme dâautres, une Ăąme vague, immense et bienveillante elle lui est un spectacle, non un refuge. Il la regarde, et câest tout. Mais il la voit si bien et la traduit par des assemblages de mots si merveilleux, que cela suffit Ă le consoler ; et cette consolation est sans duperie. Rien nâest plus moderne, sous ses formes boudhiques, grecques ou mĂ©diĂ©vales, que la poĂ©sie de M. Leconte de Lisle. Lâhomme comprend sur le tard que contre lâAnankĂš, contre le mal universel, rien ne vaut mieux, rien nâest plus fort que la protestation du contemplateur qui ne veut pas pleurer. Peut-ĂȘtre aussi quâĂ y regarder de prĂšs, rien nâĂ©gale le tragique rentrĂ©, lâamertume intĂ©rieure que ce genre de protestation fait deviner. Mais cela est oubliĂ© lorsquâon atteint au templa serena. Le mĂ©pris des Ă©motions vulgaires et le pessimisme spĂ©culatif donnent un orgueil dĂ©licieux. Cet orgueil est-il mauvais ? Je ne sais. Quâon se rassure, du reste il nâempĂȘchera pas dâagir et de souffrir. LâĂ©tat dâesprit oĂč nous met la poĂ©sie de M. Leconte de Lisle, une fois quâon y est installĂ©, est le moins susceptible de trouble et de douleur ; et cette poĂ©sie est pour longtemps, je le crois, Ă lâabri de la banalitĂ©, le domaine quâelle exploite Ă©tant beaucoup moins Ă©puisĂ© que celui des passions et des affections humaines tant ressassĂ©es. De lĂ , pour les initiĂ©s, lâattrait puissant des PoĂšmes antiques et des PoĂšmes barbares. Les Ćuvres de M. Leconte de Lisle ont Ă©tĂ© publiĂ©es par A. Lemerre. Jules LemaĂźtre. ________ HYPATIE Au dĂ©clin des grandeurs qui dominent la terre, Quand les cultes divins, sous les siĂšcles ployĂ©s, Reprenant de lâoubli le sentier solitaire, Regardent sâĂ©crouler leurs autels foudroyĂ©s ; Quand du chĂȘne dâHellas la feuille vagabonde Des parvis dĂ©sertĂ©s efface le chemin, Et quâau delĂ des mers, oĂč lâombre Ă©paisse abonde, Vers un jeune soleil flotte lâesprit humain ; Toujours des Dieux vaincus embrassant la fortune, Un grand cĆur les dĂ©fend du sort injurieux Lâaube des jours nouveaux le blesse et lâimportune Il suit Ă lâhorizon lâastre de ses aĂŻeux. Pour un destin meilleur quâun autre siĂšcle naisse Et dâun monde Ă©puisĂ© sâĂ©loigne sans remords FidĂšle au songe heureux oĂč fleurit sa jeunesse, Il entend tressaillir la poussiĂšre des morts. Les sages, les hĂ©ros se lĂšvent pleins de vie ! Les poĂštes en chĆur murmurent leurs beaux noms ; Et lâOlympe idĂ©al, quâun chant sacrĂ© convie, Sur lâivoire sâassied dans les blancs ParthĂ©nons. Ă vierge, qui, dâun pan de ta robe pieuse, Couvris la tombe auguste oĂč sâendormaient tes Dieux, De leur culte Ă©clipsĂ© prĂȘtresse harmonieuse, Chaste et dernier rayon dĂ©tachĂ© de leurs cieux ! Je tâaime et te salue, ĂŽ vierge magnanime ! Quand lâorage Ă©branla le monde paternel, Tu suivis dans lâexil cet Ćdipe sublime, Et tu lâenveloppas dâun amour Ă©ternel. Debout, dans ta pĂąleur, sous les sacrĂ©s portiques Que des peuples ingrats abandonnait lâessaim, Pythonisse enchaĂźnĂ©e aux trĂ©pieds prophĂ©tiques, Les Immortels trahis palpitaient dans ton sein. Tu les voyais passer dans la nue enflammĂ©e ! De science et dâamour ils tâabreuvaient encor ; Et la terre Ă©coutait, de ton rĂȘve charmĂ©e, Chanter lâabeille attique entre tes lĂšvres dâor. Comme un jeune lotos croissant sous lâĆil des sages, Fleur de leur Ă©loquence et de leur Ă©quitĂ©, Tu faisais, sur la nuit moins sombre des vieux Ăąges, Resplendir ton gĂ©nie Ă travers ta beautĂ© ! Le grave enseignement des vertus Ă©ternelles SâĂ©panchait de ta lĂšvre au fond des cĆurs charmĂ©s ; Et les GalilĂ©ens qui te rĂȘvaient des ailes Oubliaient leur Dieu mort pour tes Dieux bien aimĂ©s. Mais le siĂšcle emportait ces Ăąmes insoumises Quâun lien trop fragile enchaĂźnait Ă tes pas ; Et tu les voyais fuir vers les terres promises ; Mais toi qui savais tout, tu ne les suivis pas ! Que tâimportait, ĂŽ vierge, un semblable dĂ©lire ? Ne possĂ©dais-tu pas cet idĂ©al cherchĂ© ? Va ! dans ces cĆurs troublĂ©s tes regards savaient lire, Et les Dieux bienveillants ne tâavaient rien cachĂ©. Ă sage enfant, si pure entre tes sĆurs mortelles ! Ă noble front, sans tache entre les fronts sacrĂ©s ! Quelle Ăąme avait chantĂ© sur des lĂšvres plus belles, Et brĂ»lĂ© plus limpide en des yeux inspirĂ©s ? Sans effleurer jamais ta robe immaculĂ©e, Les souillures du siĂšcle ont respectĂ© tes mains Tu marchais, lâĆil tournĂ© vers la Vie Ă©toilĂ©e, Ignorante des maux et des crimes humains. Le vil GalilĂ©en tâa frappĂ©e et maudite, Mais tu tombas plus grande ! Et maintenant, hĂ©las ! Le souffle de Platon et le corps dâAphrodite Sont partis Ă jamais pour les beaux cieux dâHellas ! Dors, ĂŽ blanche victime, en notre Ăąme profonde, Dans ton linceul de vierge et ceinte de lotos ; Dors ! Lâimpure laideur est la reine du monde, Et nous avons perdu le chemin de Paros. Les Dieux sont en poussiĂšre et la terre est muette ; Rien ne parlera plus dans ton ciel dĂ©sertĂ©. Dors ! mais vivante en lui, chante au cĆur du poĂšte Lâhymne mĂ©lodieux de la sainte BeautĂ©. Elle seule survit, immuable, Ă©ternelle. La mort peut disperser les univers tremblants, Mais la BeautĂ© flamboie, et tout renaĂźt en elle, Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs ! PoĂšmes antiques __________ MIDI Midi, roi des Ă©tĂ©s, Ă©pandu sur la plaine, Tombe en nappes dâargent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. Lâair flamboie et brĂ»le sans haleine ; La terre est assoupie en sa robe de feu. LâĂ©tendue est immense, et les champs nâont point dâombre, Et la source est tarie oĂč buvaient les troupeaux ; La lointaine forĂȘt, dont la lisiĂšre est sombre, Dort lĂ -bas, immobile, en un pesant repos. Seuls, les grands blĂ©s mĂ»ris, tels quâune mer dorĂ©e, Se dĂ©roulent au loin, dĂ©daigneux du sommeil ; Pacifiques enfants de la terre sacrĂ©e, Ils Ă©puisent sans peur la coupe du soleil. Parfois, comme un soupir de leur Ăąme brĂ»lante, Du sein des Ă©pis lourds qui murmurent entre eux, Une ondulation majestueuse et lente SâĂ©veille, et va mourir Ă lâhorizon poudreux. Non loin, quelques bĆufs blancs, couchĂ©s parmi les herbes, Bavent avec lenteur sur leurs fanons Ă©pais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intĂ©rieur quâils nâachĂšvent jamais. Homme, si, le cĆur plein de joie ou dâamertume, Tu passais vers midi dans les champs radieux, Fuis ! La nature est vide et le soleil consume Rien nâest vivant ici, rien nâest triste ou joyeux. Mais si, dĂ©sabusĂ© des larmes et du rire, AltĂ©rĂ© de lâoubli de ce monde agitĂ©, Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, GoĂ»ter une suprĂȘme et morne voluptĂ©, Viens ! Le soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne Ă pas lents vers les citĂ©s infimes, Le cĆur trempĂ© sept fois dans le nĂ©ant divin. PoĂšmes antiques ______ DIES IRĂ Il est un jour, une heure, oĂč dans le chemin rude, CourbĂ© sous le fardeau des ans multipliĂ©s, LâEsprit humain sâarrĂȘte, et, pris de lassitude, Se retourne pensif vers les jours oubliĂ©s. La vie a fatiguĂ© son attente infĂ©conde ; DĂ©sabusĂ© du Dieu qui ne doit point venir, Il sent renaĂźtre en lui la jeunesse du monde ; Il Ă©coute ta voix, ĂŽ sacrĂ© souvenir ! Les astres quâil aima, dâun rayon pacifique Argentent dans la nuit les bois mystĂ©rieux, Et la sainte montagne et la vallĂ©e antique OĂč sous les noirs palmiers dormaient les premiers Dieux. Il voit la terre libre, et les verdeurs sauvages Flotter comme un encens sur les fleuves sacrĂ©s, Et les bleus OcĂ©ans, chantant sur leurs rivages, Vers lâinconnu divin rouler immesurĂ©s. De la hauteur des monts, berceaux des races pures, Au murmure des flots, au bruit des dĂŽmes verts, Il Ă©coute grandir, vierge encor de souillures, La jeune HumanitĂ© sur le jeune Univers. Bienheureux ! Il croyait la terre impĂ©rissable, Il entendait parler au prochain firmament ; Il nâavait point tachĂ© sa robe irrĂ©prochable ; Dans la beautĂ© du monde il vivait fortement. LâĂ©clair qui fait aimer et qui nous illumine Le brĂ»lait sans faiblir un siĂšcle comme un jour ; Et la foi confiante et la candeur divine Veillaient au sanctuaire oĂč rayonnait lâamour. Pourquoi sâest-il lassĂ© des voluptĂ©s connues ? Pourquoi les vains labeurs et lâavenir tentĂ© ? Les vents ont Ă©paissi lĂ -haut les noires nues ; Dans une heure dâorage ils ont tout emportĂ©. Oh ! la tente au dĂ©sert et sur les monts sublimes, Les grandes visions sous les cĂšdres pensifs, Et la LibertĂ© vierge et ses cris magnanimes, Et le dĂ©bordement des transports primitifs ! Lâangoisse du dĂ©sir vainement nous convie Au livre originel qui lira dĂ©sormais ? Lâhomme a perdu le sens des paroles de vie Lâesprit se tait, la lettre est morte pour jamais. Nul nâĂ©cartera plus vers les couchants mystiques La pourpre suspendue au devant de lâautel, Et nâentendra passer dans les vents prophĂ©tiques Les premiers entretiens de la Terre et du Ciel. Les lumiĂšres dâen haut sâen vont diminuĂ©es, LâimpĂ©nĂ©trable nuit tombe dĂ©jĂ des cieux, Lâastre du vieil Ormuzd est mort sous les nuĂ©es LâOrient sâest couchĂ© dans la cendre des Dieux. LâEsprit ne descend plus sur la race choisie ; Il ne consacre plus les justes et les forts. Dans le sein dessĂ©chĂ© de lâimmobile Asie Les soleils infĂ©conds brĂ»lent les germes morts. Les AscĂštes, assis dans les roseaux du fleuve, Ăcoutent murmurer le flot tardif et pur. Pleurez, contemplateurs ! Votre sagesse est veuve Viçnou ne siĂšge plus sur le Lotus dâazur. Lâharmonieuse Hellas, vierge aux tresses dorĂ©es, Ă qui lâamour dâun monde a dressĂ© des autels, GĂźt, muette Ă jamais, au bord des mers sacrĂ©es, Sur les membres divins de ses blancs Immortels. Plus de charbon ardent sur la lĂšvre-prophĂšte ! AdonaĂŻ, les vents ont emportĂ© ta voix ; Et le NazarĂ©en, pĂąle et baissant la tĂȘte, Pousse un cri de dĂ©tresse une derniĂšre fois. Figure aux cheveux roux, dâombre et de paix voilĂ©e, Errante au bord des lacs sous ton nimbe de feu, Salut ! LâhumanitĂ©, dans ta tombe scellĂ©e, Ă jeune EssĂ©nien, garde son dernier Dieu ! Et lâOccident barbare est saisi de vertige. Les Ăąmes sans vertu dorment dâun lourd sommeil, Comme des arbrisseaux, viciĂ©s dans leur tige, Qui nâont verdi quâun jour et nâont vu quâun soleil. Et les sages, couchĂ©s sous les secrets portiques, Regardent, possĂ©dant le calme souhaitĂ©, Les Ă©poques dâorage et les temps pacifiques Rouler dâun cours Ă©gal lâhomme Ă lâĂ©ternitĂ©. Mais nous, nous, consumĂ©s dâune impossible envie, En proie au mal de croire et dâaimer sans retour, RĂ©pondez, jours nouveaux, nous rendrez-vous la vie ? Dites, ĂŽ jours anciens, nous rendrez-vous lâamour ? OĂč sont nos lyres dâor, dâhyacinthe fleuries, Et lâhymne aux Dieux heureux et les vierges en chĆur, Ăleusis et DĂ©los, les jeunes ThĂ©ories, Et les poĂšmes saints qui jaillissaient du cĆur ? OĂč sont les Dieux promis, les formes idĂ©ales, Les grands cultes de pourpre et de gloire vĂȘtus, Et dans les cieux ouvrant ses ailes triomphales La blanche ascension des sereines Vertus ? Les Muses, Ă pas lents, mendiantes divines, Sâen vont par les citĂ©s en proie au rire amer. Ah ! câest assez saigner sous le bandeau dâĂ©pines, Et pousser un sanglot sans fin comme la mer. Oui ! le mal Ă©ternel est dans sa plĂ©nitude ! Lâair du siĂšcle est mauvais aux esprits ulcĂ©rĂ©s. Salut, oubli du monde et de la multitude ! Reprends-nous, ĂŽ Nature, entre tes bras sacrĂ©s ! Dans ta khlamyde dâor, Aube mystĂ©rieuse, Ăveille un chant dâamour au fond des bois Ă©pais ! DĂ©roule encor, Soleil, ta robe glorieuse ! Montagne, ouvre ton sein plein dâarĂŽme et de paix ! Soupirs majestueux des ondes apaisĂ©es, Murmurez plus profonds en nos cĆurs soucieux ! RĂ©pandez, ĂŽ forĂȘts, vos urnes de rosĂ©es ! Ruisselle en nous, silence Ă©tincelant des cieux ! Consolez-nous enfin des espĂ©rances vaines La route infructueuse a blessĂ© nos pieds nus. Du sommet des grands caps, loin des rumeurs humaines, Ă vents ! emportez-nous vers les Dieux inconnus ! Mais si rien ne rĂ©pond dans lâimmense Ă©tendue, Que le stĂ©rile Ă©cho de lâĂ©ternel dĂ©sir, Adieu, dĂ©serts, oĂč lâĂąme ouvre une aile Ă©perdue ! Adieu, songe sublime, impossible Ă saisir ! Et toi, divine Mort, oĂč tout rentre et sâefface, Accueille tes enfants dans ton sein Ă©toile ; Affranchis-nous du temps, du nombre et de lâespace, Et rends-nous le repos que la vie a troublĂ© ! PoĂšmes antiques ______ LE JUGEMENT DE KOMOR La lune sous la nue errait en mornes flammes, Et la tour de Komor, du Jarle de Kemper, Droite et ferme, montait dans lâĂ©cume des lames. Sous le fouet redoublĂ© des rafales dâhiver La tour du vieux Komor dressait sa masse haute, Telle quâun cormoran qui regarde la mer. Un grondement immense enveloppait la cĂŽte. Sur les flots palpitaient, blĂȘmes, de toutes parts, Les Ăąmes des noyĂ©s qui moururent en faute. Et la grĂȘle tintait contre les noirs remparts, Et le vent secouait la herse aux lourdes chaĂźnes Et tordait les grands houx sur les talus Ă©pars. Dans les fourrĂ©s craquaient les rameaux morts des chĂȘnes, Tandis que par instants un maigre carnassier Hurlait lugubrement sur les dunes prochaines. Or, au feu dâune torche en un flambeau grossier, Le Jarle, dans sa tour vieille que la mer ronge, Marchait, les bras croisĂ©s sur sa cotte dâacier. Muet, sourd au fracas qui roule et se prolonge, Comprimant de ses poings la rage de son cĆur, Le Jarle sâagitait comme en un mauvais songe. CâĂ©tait un haut vieillard, sombre et plein de vigueur. Sur sa joue aux poils gris, lourde, une larme vive De lâangoisse soufferte accusait la rigueur. Au fond, contre le mur, tel quâune ombre pensive, Un grand Christ. Une cloche auprĂšs. Sur un bloc bas Une Ă©pĂ©e au pommeau de fer, nue et massive. â Ce moine, dit Komor, nâen finira-t-il pas ? â Il ploya, ce disant, les genoux sur la dalle, Devant le crucifix de chĂȘne, et pria bas. On entendit sonner le bruit dâune sandale Un homme Ă robe brune Ă©carta lentement LâĂ©pais rideau de cuir qui fermait cette salle. â Jarle ! jâai fait selon votre commandement, AprĂšs celui de Dieu, dit le moine. Ă cette heure, Ne souillez pas vos mains, Jarle ! soyez clĂ©ment. â â Sire moine, il suffit. Sors. Il faut quâelle meure, Celle qui, mĂ©prisant le saint nĆud qui nous joint, Fit entrer lĂąchement la honte en ma demeure. Mais la main dâun vil serf ne la touchera point â Et le moine sortit ; et Komor, sur la cloche, Comme dâun lourd marteau, frappa deux fois du poing. Le tintement sinistre alla, de proche en proche, Se perdre aux bas arceaux oĂč les ancĂȘtres morts Dormaient, les bras en croix, sans peur et sans reproche. Puis tout se tut. Le vent faisait rage au dehors ; Et la mer, soulevant ses lames furibondes, Ăbranlait lâescalier crevassĂ© de ses bords. Une femme, Ă pas lents, trĂšs belle, aux tresses blondes, De blanc vĂȘtue, aux yeux calmes, tristes et doux, Entra, se dĂ©tachant des tĂ©nĂšbres profondes. Elle vit, sans trembler ni flĂ©chir les genoux, Le crucifix, le bloc, lâĂ©pĂ©e hors de la gaine, Et, muette, se tint devant le vieil Ă©poux. Lui, plus pĂąle, frĂ©mit, plein dâamour et de haine, Lâenveloppa longtemps dâun regard sans merci, Puis dit dâune voix sourde â Il faut mourir, Tiphaine. â â Sire Jarle, que Dieu vous garde ! Me voici. Jâai suppliĂ© JĂ©sus, Notre-Dame et sainte Anne ; DĂ©sormais je suis prĂȘte. Or, nâayez nul souci. â Tiphaine, indigne enfant des braves chefs de Vanne, Opprobre de ta race et honte de Komor, Conjure le Sauveur, afin quâil ne te damne ; Jâai souffert trĂšs longtemps je puis attendre encor. â Le Jarle recula dans lâangle du mur sombre, Et Tiphaine pria sous ses longs cheveux dâor. Et sur le bloc lâĂ©pĂ©e Ă©tincelait dans lâombre, Et la torche Ă©pandait sa sanglante clartĂ©, Et la nuit dĂ©roulait toujours ses bruits sans nombre. Tiphaine sâoublia dans un rĂȘve enchanté⊠Elle ceignit son front de roses en guirlande, Comme aux jours de sa joie et de sa puretĂ©. Elle erra, respirant ton frais arome, ĂŽ lande ! Elle revint suspendre, ĂŽ Vierge, Ă ton autel Le voile aux fleurs dâargent et son Ăąme en offrande. Et voici quâelle aima dâun amour immortel ! Saintes heures de foi, dâespĂ©rance cĂ©leste, Elle vit dans son cĆur se rouvrir votre ciel ! Puis un brusque nuage, une union funeste Le grave et vieil Ă©poux au lieu du jeune amant⊠De lâaurore divine, hĂ©las ! rien qui lui reste ! Le retour de celui quâelle aimait ardemment, Les combats, les remords, la passion plus forte, La chute irrĂ©parable et son enivrement⊠JĂ©sus ! tout est fini maintenant ; mais quâimporte ! Le sang du fier jeune homme a coulĂ© sous le fer, Et Komor peut frapper Tiphaine est dĂ©jĂ morte. â Femme, te repens-tu ? Câest le ciel ou lâenfer. De ton sang rĂ©signĂ© laveras-tu ton crime ? Je ne veux pas tuer ton Ăąme avec ta chair. â â Frappe. Je lâaime encor ta haine est lĂ©gitime. Certes, je lâaimerai dans mon Ă©ternitĂ© ! Dieu mâait en sa merci ! Pour toi, prends ta victime. â â Meurs donc dans ta traĂźtrise et ton impuretĂ© ! Dit Komor, avançant dâun pas grave vers elle ; Car Dieu va te juger selon son Ă©quitĂ©. â Tiphaine souleva de son Ă©paule frĂȘle Ses beaux cheveux dorĂ©s, et posa pour mourir Sur le funĂšbre bloc sa tĂȘte pĂąle et belle. On eĂ»t pu voir alors flamboyer et courir Avec un sifflement lâĂ©pĂ©e Ă large lame, Et du col convulsif le sang tiĂšde jaillir. Tiphaine tomba froide, ayant rendu son Ăąme. Cela fait, le vieux Jarle, entre ses bras sanglants, Prit le corps et la tĂȘte aux yeux hagards, sans flamme. Il monta sur la tour, et dans les flots hurlants PrĂ©cipita dâen haut la dĂ©pouille livide De celle qui voulut trahir ses cheveux blancs. Morne, il la regarda tournoyer par le vide⊠Puis la tĂȘte et le corps entrĂšrent Ă la fois Dans la nuit furieuse et dans le gouffre avide. Alors le Jarle fit un long signe de croix ; Et, comme un insensĂ©, poussant un cri sauvage Que le vent emporta par delĂ les grands bois, Debout sur les crĂ©neaux balayĂ©s par lâorage, Les bras tendus au ciel, il sauta dans la mer Qui ne rejeta point ses os sur le rivage. Tels finirent Tiphaine et Komor de Kemper. PoĂšmes barbares ______ LA VĂRANDAH Au tintement de lâeau dans les porphyres roux Les rosiers de lâIran mĂȘlent leurs frais murmures, Et les ramiers rĂȘveurs leurs roucoulements doux. Tandis que lâoiseau grĂȘle et le frelon jaloux, Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mĂ»res, Les rosiers de lâIran mĂȘlent leurs frais murmures Au tintement de lâeau dans les porphyres roux. Sous les treillis dâargent de la vĂ©randah close, Dans lâair tiĂšde embaumĂ© de lâodeur des jasmins, OĂč la splendeur du jour darde une flĂšche rose, La Persane royale, immobile, repose, DerriĂšre son col brun croisant ses belles mains, Dans lâair tiĂšde, embaumĂ© de lâodeur des jasmins, Sous les treillis dâargent de la vĂ©randah close. Jusquâaux lĂšvres que lâambre arrondi baise encor, Du cristal dâoĂč sâĂ©chappe une vapeur subtile Qui monte en tourbillons lĂ©gers et prend lâessor, Sur les coussins de soie Ă©carlate, aux fleurs dâor, La branche du hĂ»ka rĂŽde comme un reptile. Du cristal dâoĂč sâĂ©chappe une vapeur subtile Jusquâaux lĂšvres que lâambre arrondi baise encor. Deux rayons noirs, chargĂ©s dâune muette ivresse, Sortent de ses longs yeux entrouverts Ă demi ; Un songe lâenveloppe, un souffle la caresse ; Et parce que lâeffluve invincible lâoppresse, Parce que son beau sein qui se gonfle a frĂ©mi, Sortent de ses longs yeux entrâouverts Ă demi Deux rayons noirs, chargĂ©s dâune muette ivresse. Et lâeau vive sâendort dans les porphyres roux, Les rosiers de lâIran ont cessĂ© leurs murmures, Et les ramiers rĂȘveurs leurs roucoulements doux. Tout se tait. Lâoiseau grĂȘle et le frelon jaloux Ne se querellent plus autour des figues mĂ»res ; Les rosiers de lâIran ont cessĂ© leurs murmures, Et lâeau vive sâendort dans les porphyres roux. PoĂšmes barbares ______ LES ĂLĂPHANTS Le sable rouge est comme une mer sans limite, Et qui flambe, muette, affaissĂ©e en son lit. Une ondulation immobile remplit Lâhorizon aux vapeurs de cuivre oĂč lâhomme habite. Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus Dorment au fond de lâantre Ă©loignĂ© de cent lieues, Et la girafe boit dans les fontaines bleues, LĂ -bas, sous les dattiers des panthĂšres connus. Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile Lâair Ă©pais oĂč circule un immense soleil. Parfois quelque boa, chauffĂ© dans son sommeil, Fait onduler son dos dont lâĂ©caillĂ© Ă©tincelle. Tel lâespace enflammĂ© brĂ»le sous les cieux clairs. Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes, Les Ă©lĂ©phants rugueux, voyageurs lents et rudes, Vont au pays natal Ă travers les dĂ©serts. Dâun point de lâhorizon, comme des masses brunes, Ils viennent, soulevant la poussiĂšre, et lâon voit, Pour ne point dĂ©vier du chemin le plus droit, Sous leur pied large et sĂ»r crouler au loin les dunes. Celui qui tient la tĂȘte est un vieux chef. Son corps Est gercĂ© comme un tronc que le temps ronge et mine ; Sa tĂȘte est comme un roc, et lâarc de son Ă©chine Se voĂ»te puissamment Ă ses moindres efforts. Sans ralentir jamais et sans hĂąter sa marche, Il guide au but certain ses compagnons poudreux ; Et, creusant par derriĂšre un sillon sablonneux, Les pĂšlerins massifs suivent leur patriarche. Lâoreille en Ă©ventail, la trompe entre les dents, Ils cheminent, lâĆil clos. Leur ventre bat et fume, Et leur sueur dans lâair embrasĂ© monte en brume ; Et bourdonnent autour mille insectes ardents. Mais quâimportent la soif et la mouche vorace, Et le soleil cuisant leur dos noir et plissĂ© ? Ils rĂȘvent en marchant du pays dĂ©laissĂ©, Des forĂȘts de figuiers oĂč sâabrita leur race. Ils reverront le fleuve Ă©chappĂ© des grands monts, OĂč nage en mugissant lâhippopotame Ă©norme, OĂč, blanchis par la lune et projetant leur forme, Ils descendaient pour boire en Ă©crasant les joncs. Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent Comme une ligne noire, au sable illimitĂ© ; Et le dĂ©sert reprend son immobilitĂ© Quand les lourds voyageurs Ă lâhorizon sâeffacent. PoĂšmes barbares ______ LE MANCHY Sous un nuage frais de claire mousseline, Tous les dimanches au matin, Tu venais Ă la ville en manchy de rotin, Par les rampes de la colline. La cloche de lâĂ©glise alertement tintait ; Le vent de mer berçait les cannes ; Comme une grĂȘle dâor, aux pointes des savanes, Le feu du soleil crĂ©pitait. Le bracelet aux poings, lâanneau sur la cheville, Et le mouchoir jaune aux chignons, Deux Telingas portaient, assidus compagnons, Ton lit aux nattes de Manille. Ployant leur jarret maigre et nerveux, et chantant, Souples dans leurs tuniques blanches, Le bambou sur lâĂ©paule et les mains sur les hanches, Ils allaient le long de lâĂtang. Le long de la chaussĂ©e et des varangues basses OĂč les vieux crĂ©oles fumaient, Par les groupes joyeux des Noirs, ils sâanimaient Au bruit des bobres MadĂ©casses. Dans lâair lĂ©ger flottait lâodeur des tamarins ; Sur les houles illuminĂ©es, Au large, les oiseaux, en dâimmenses traĂźnĂ©es, Plongeaient dans les brouillards marins. Et tandis que ton pied, sorti de la babouche, Pendait, rose, au bord du manchy, Ă lâombre des Bois-noirs touffus et du Letchi Aux fruits moins pourprĂ©s que ta bouche ; Tandis quâun papillon, les deux ailes en fleur, TeintĂ© dâazur et dâĂ©carlate, Se posait par instants sur ta peau dĂ©licate En y laissant de sa couleur ; On voyait, au travers du rideau de batiste, Tes boucles dorer lâoreiller, Et, sous leurs cils mi-clos, feignant de sommeiller, Tes beaux yeux de sombre amĂ©thyste. Tu tâen venais ainsi, par ces matins si doux, De la montagne Ă la grandâmesse, Dans ta grĂące naĂŻve et ta rose jeunesse, Au pas rythmĂ© de tes Hindous. Maintenant, dans le sable aride de nos grĂšves, Sous les chiendents, au bruit des mers, Tu reposes parmi les morts qui me sont chers, Ă charme de mes premiers rĂȘves ! PoĂšmes barbares ______ LE SOMMEIL DU CONDOR Par delĂ lâescalier des roides CordillĂšres, Par delĂ les brouillards hantĂ©s des aigles noirs, Plus haut que les sommets creusĂ©s en entonnoirs OĂč bout le flux sanglant des laves familiĂšres, Lâenvergure pendante et rouge par endroits, Le vaste oiseau, tout plein dâune morne indolence, Regarde lâAmĂ©rique et lâespace en silence, Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids. La nuit roule de lâEst, oĂč les pampas sauvages Sous les monts Ă©tagĂ©s sâĂ©largissent sans fin ; Elle endort le Chili, les villes, les rivages, Et la mer Pacifique et lâhorizon divin ; Du continent muet elle sâest emparĂ©e Des sables aux coteaux, des gorges aux versants, De cime en cime, elle enfle, en tourbillons croissants, Le lourd dĂ©bordement de sa haute marĂ©e. Lui, comme un spectre, seul, au front du pic altier, BaignĂ© dâune lueur qui saigne sur la neige, Il attend cette mer sinistre qui lâassiĂšge Elle arrive, dĂ©ferle, et le couvre en entier. Dans lâabĂźme sans fond la Croix australe allume Sur les cĂŽtes du ciel son phare constellĂ©. Il rĂąle de plaisir, il agite sa plume, Il Ă©rige son cou musculeux et pelĂ©, Il sâenlĂšve en fouettant lâĂąpre neige des Andes, Dans un cri rauque il monte oĂč nâatteint pas le vent, Et, loin du globe noir, loin de lâastre vivant, Il dort dans lâair glacĂ©, les ailes toutes grandes. PoĂšmes barbares ______ UN COUCHER DE SOLEIL Sur la cĂŽte dâun beau pays, Par delĂ les flots pacifiques, Deux hauts palmiers Ă©panouis Bercent leurs palmes magnifiques. Ă leur ombre, tel quâun Nabab Qui, vers midi, rĂȘve et repose, Dort un grand tigre du Pendj-Ab, AllongĂ© sur le sable rose ; Et, le long des fĂ»ts lumineux, Comme au paradis des genĂšses, Deux serpents enroulent leurs nĆuds Dans une spirale de braises. AuprĂšs, un golfe de satin, OĂč le feuillage se reflĂšte, Baigne un vieux palais byzantin De brique rouge et violette. Puis, des cygnes noirs, par milliers, Lâaile ouverte au vent qui sây joue, Ourlent, au bas des escaliers, Lâeau diaphane avec leur proue. Lâhorizon est immense et pur ; Ă peine voit-on, aux cieux calmes, Descendre et monter dans lâazur La palpitation des palmes. Mais voici quâau couchant vermeil Lâoiseau Rok sâenlĂšve, Ă©carlate Dans son bec il tient le soleil, Et des foudres dans chaque patte. Sur le poitrail du vieil oiseau, Qui fume, pĂ©tille et sâembrase, Lâastre coule et fait un ruisseau Couleur dâor, dâambre et de topaze Niagara resplendissant, Ce fleuve sâĂ©croule aux nuĂ©es, Et rejaillit en y laissant Des Ă©cumes dâĂ©clairs trouĂ©es. Soudain le gĂ©ant Orion, Ou quelque sagittaire antique, Du cĂŽtĂ© du septentrion Dresse sa stature athlĂ©tique. Le chasseur tend son arc de fer Tout rouge au sortir de la forge, Et, faisant un pas sur la mer, Transperce le Rok Ă la gorge. Dâun coup dâaile lâoiseau sanglant Sâenfonce Ă travers lâĂ©tendue ; Et le soleil tombe en brĂ»lant, Et brise sa masse Ă©perdue. Alors des volutes de feu DĂ©vorent dâimmenses prairies, SâĂ©lancent, et, du zĂ©nith bleu, Pleuvent en flots de pierreries. Sur la face du ciel mouvant Gisent de flamboyants dĂ©combres ; Un dernier jet exhale au vent Des tourbillons de pourpre et dâombres ; Et, se dilatant par bonds lourds, Muette, sinistre, profonde, La nuit traĂźne son noir velours Sur la solitude du monde. PoĂšmes barbares ______ LA XIMENA En Castille, Ă Burgos, Hernan, le Justicier, Assis, les reins cambrĂ©s, dans sa chaise Ă dossier, Juge Ă©quitablement dĂ©mĂȘlĂ©s et tueries, Foi gardĂ©e en LĂ©on, traĂźtrise en Asturies, Riches-hommes, chauffĂ©s dâavarice, arrachant Son escarcelle au Juif et sa laine au marchand, Et ceux qui, rendant gorge aprĂšs leur Ă©quipĂ©e, Ont sauvĂ© le chaudron, la banniĂšre et lâĂ©pĂ©e. Or, les arrĂȘts transmis par les scribes, selon Les formes, au fĂ©al aussi bien quâau fĂ©lon, Les massiers dĂ©pĂȘchĂ©s, les sentences rendues, Les dĂ©linquants ayant payĂ© les sommes dues, Pour tout clore, il advient que trente fidalgos Entrent, de deuil vĂ©tus, et par deux rangs Ă©gaux. La Ximena Gomez marche au centre. Elle pleure Son pĂšre mort pour qui la vengeance est un leurre. La sombre cape enclĂŽt de plis roides et longs Son beau corps alangui, de lâĂ©paule aux talons ; Et, de lâombre que fait la coiffe et quâil Ă©claire, Sort comme un feu dâamour, dâangoisse et de colĂšre. Devant la chaise haute, en son chagrin cuisant, Elle heurte aux carreaux ses deux genoux, disant â Seigneur ! donc, câest dâavoir vĂ©cu sans peur ni blĂąme, Que, six mois bien passĂ©s, mon pĂšre a rendu lâĂąme Par les mains de celui qui, hardi cavalier, Sâen vient, pour engraisser son faucon familier, Meurtrir au colombier mes colombes fidĂšles Et me teindre la cotte au sang qui coule dâelles ! Don Rui Diaz de Vivar, cet orgueilleux garçon, MĂ©prise grandement, et de claire façon, De tous tes sĂ©nĂ©chaux la vaine chevauchĂ©e, Cette meute sans nez sur la piste lĂąchĂ©e, Et quâil raille, sachant, par flagrantes raisons, Que tu ne le veux point forcer en ses maisons. Suis-je dâun sang si vil, de race tant obscure, Roi, que du chĂątiment il nâait souci ni cure ? Je te le dis, câest faire affront Ă ton honneur Que de celer le traĂźtre Ă ma haine, Seigneur ! Il nâest point roi celui qui dĂ©faille en justice, Afin quâil plaise au fort et que lâhumble pĂątisse Sous lâinsolente main, chaude du sang versĂ© ! Et toi, plus ne devrais combattre, cuirassĂ© Ni casquĂ©, manger, boire, et te gaudir en somme, Avec la Reine, et dans son lit dormir ton somme, Puisque ayant quatre fois tes promesses reçu, Lâespoir de ma vengeance est quatre fois déçu, Et que dâun homme, ĂŽ Roi, haut et puissant naguĂšre, Le plus sage aux CortĂšs, le meilleur dans la guerre, Tu ne prends point la race orpheline en merci ! â La Ximena se tait quand elle a dit ceci. Hernan rĂ©pond Hernan rĂ©pond â Par Dieu qui juge ! damoiselle, Ta douloureuse amour explique assez ton zĂšle, Et câest parler fort bien. Fille, tes yeux si beaux Luiraient aux trĂ©passĂ©s roidis dans leurs tombeaux, Et tes pleurs aux vivants mouilleraient la paupiĂšre, Eussent-ils sous lâacier des cĆurs durs comme pierre. Apaise nĂ©anmoins le chagrin qui te mord. Si Lozano Gomez, le vaillant Comte est mort, Songe quâil offensa dâune atteinte trĂšs grave Lâhonneur dâun cavalier de souche honnĂȘte et brave, Plus riche quâIñigo, plus noble quâAbarca, Du vieux Diego Lainez Ă qui force manqua. Le Comte est mort dâun coup loyal, et, tout lâatteste, Dieu dans son paradis lâa reçu sans conteste. Si je garde don Rui, fille, câest quâil est tien. Certes, un temps viendra quâil sera ton soutien, Changeant dĂ©tresse en joie et gloire triomphante. â Puis, cela dit, tous deux entrĂšrent chez lâInfante. PoĂšmes barbares ____________ LâILLUSION SUPRĂME Quand lâhomme approche enfin des sommets oĂč la vie Va plonger dans votre ombre inerte, ĂŽ mornes cieux ! Debout sur la hauteur aveuglĂ©ment gravie, Les premiers jours vĂ©cus Ă©blouissent ses yeux. Tandis que la nuit monte et dĂ©borde les grĂšves, Il revoit, au delĂ de lâhorizon lointain, Tourbillonner le vol des dĂ©sirs et des rĂȘves Dans la rose clartĂ© de son heureux matin. Monde lugubre, oĂč nul ne voudrait redescendre Par le mĂȘme chemin solitaire, Ăąpre et lent, Vous, stĂ©riles soleils, qui nâĂȘtes plus que cendre, Et vous, ĂŽ pleurs muets, tombĂ©s dâun cĆur sanglant ! Celui qui va goĂ»ter le sommeil sans aurore Dont lâhomme ni le Dieu nâont pu rompre le sceau, Chair qui va disparaĂźtre, Ăąme qui sâĂ©vapore, Sâemplit des visions qui hantaient son berceau. Rien du passĂ© perdu qui soudain ne renaisse La montagne natale et les vieux tamarins, Les chers morts qui lâaimaient au temps de sa jeunesse Et qui dorment lĂ -bas dans les sables marins. Sous les lilas gĂ©ants oĂč vibrent les abeilles, Voici le vert coteau, la tranquille maison, Les grappes de Letchis, et les mangues vermeilles, Et lâoiseau bleu dans le maĂŻs en floraison ; Aux pentes des Pitons, parmi les cannes grĂȘles Dont la peau dâambre mĂ»r sâouvre au jus attiĂ©di, Le vol vif et strident des roses sauterelles Qui sâenivrent de la lumiĂšre de midi ; Les cascades, en un brouillard de pierreries, Versant du haut des rocs leur neige en Ă©ventail ; Et la bise embaumĂ©e autour des sucreries, Et le fourmillement des Hindous au travail ; Le cafĂ© rouge, par monceaux, sur lâaire sĂšche, Dans les mortiers massifs le son des calaous, Les grands parents assis sous la varangue fraĂźche, Et les rires dâenfants Ă lâombre des bambous ; Le ciel vaste oĂč le mont dentelĂ© se profile, Lorsque ta pourpre, ĂŽ soir, le revĂȘt tout entier ! Et le chant triste et doux des Bandes Ă la file Qui sâen viennent des hauts et sâen vont au quartier. Voici les bassins clairs entre les blocs de lave ; Par les sentiers de la savane, vers lâenclos, Le beuglement des bĆufs bossus de Tamatave MĂȘlĂ© dans lâair sonore au murmure des flots, Et sur la cĂŽte, au pied des dunes de Saint-Gilles, Le long de son corail merveilleux et changeant, Comme un essaim dâoiseaux les pirogues agiles Trempant leur aile aiguĂ« aux Ă©cumes dâargent. Puis, tout sâapaise et dort. La lune se balance, Perle Ă©clatante, au fond des cieux dâastres emplis ; La mer soupire et semble accroĂźtre le silence, Et berce le reflet des mondes dans ses plis. Mille aromes lĂ©gers Ă©manent des feuillages OĂč la mouche dâor rĂŽde, Ă©tincelle et bruit ; Et les feux des chasseurs, sur les mornes sauvages, Jaillissent dans le bleu splendide de la nuit. Et tu renais aussi, fantĂŽme diaphane, Qui fis battre son cĆur pour la premiĂšre fois, Et, fleur cueillie avant que le soleil te fane, Ne parfumas quâun jour lâombre calme des bois ! Ă chĂšre Vision, toi qui rĂ©pands encore, De la plage lointaine oĂč tu dors Ă jamais, Comme un mĂ©lancolique et doux reflet dâaurore Au fond dâun cĆur obscur et glacĂ© dĂ©sormais ! Les ans nâont pas pesĂ© sur ta grĂące immortelle, La tombe bienheureuse a sauvĂ© ta beautĂ© Il te revoit, avec tes yeux divins, et telle Que tu lui souriais en un monde enchantĂ© ! Mais quand il sâen ira dans le muet mystĂšre OĂč tout ce qui vĂ©cut demeure enseveli, Qui saura que ton Ăąme a fleuri sur la terre, Ă doux rĂȘve, promis Ă lâinfaillible oubli ? Et vous, joyeux soleils des naĂŻves annĂ©es, Vous, Ă©clatantes nuits de lâinfini bĂ©ant, Qui versiez votre gloire aux mers illuminĂ©es, Lâesprit qui vous songea vous entraĂźne au nĂ©ant. Ah ! tout cela, jeunesse, amour, joie et pensĂ©e, Chants de la mer et des forĂȘts, souffles du ciel Emportant Ă plein vol lâEspĂ©rance insensĂ©e, Quâest-ce que tout cela, qui nâest pas Ă©ternel ? Soit ! la poussiĂšre humaine, en proie au temps rapide, Ses voluptĂ©s, ses pleurs, ses combats, ses remords, Les Dieux quâelle a conçus et lâunivers stupide Ne valent pas la paix impassible des morts. PoĂšmes tragiques ______ LE PARFUM IMPĂRISSABLE Quand la fleur du soleil, la rose de Lahor, De son Ăąme odorante a rempli goutte Ă goutte La fiole dâargile ou de cristal ou dâor, Sur le sable qui brĂ»le on peut rĂ©pandre toute. Les fleuves et la mer inonderaient en vain Ce sanctuaire Ă©troit qui la tint enfermĂ©e Il garde en se brisant son arome divin, Et sa poussiĂšre heureuse en reste parfumĂ©e. Puisque par la blessure ouverte de mon cĆur Tu tâĂ©coules de mĂȘme, ĂŽ cĂ©leste liqueur, Inexprimable amour, qui mâenflammais pour elle ! Quâil lui soit pardonnĂ©, que mon mal soit bĂ©ni ! Par delĂ lâheure humaine et le temps infini Mon cĆur est embaumĂ© dâune odeur immortelle ! PoĂšmes tragiques ______ SACRA FAMES Lâimmense mer sommeille. Elle hausse et balance Ses houles oĂč le ciel met dâĂ©clatants Ăźlots. Une nuit dâor emplit dâun magique silence La merveilleuse horreur de lâespace et des flots. Les deux gouffres ne font quâun abĂźme sans borne De tristesse, de paix et dâĂ©blouissement, Sanctuaire et tombeau, dĂ©sert splendide et morne OĂč des millions dâyeux regardent fixement. Tels, le ciel magnifique et les eaux vĂ©nĂ©rables Dorment dans la lumiĂšre et dans la majestĂ©, Comme si la rumeur des vivants misĂ©rables Nâavait troublĂ© jamais leur rĂȘve illimitĂ©. Cependant, plein de faim dans sa peau flasque et rude, Le sinistre RĂŽdeur des steppes de la mer Vient, va, tourne, et, flairant au loin la solitude, Entre-bĂąille dâennui ses mĂąchoires de fer. Certes, il nâa souci de lâimmensitĂ© bleue, Des Trois Rois, du Triangle ou du long Scorpion Qui tord dans lâinfini sa flamboyante queue, Ni de lâOurse qui plonge au clair Septentrion. Il ne sait que la chair quâon broie et quâon dĂ©pĂšce, Et, toujours absorbĂ© dans son dĂ©sir sanglant, Au fond des masses dâeau lourdes dâune ombre Ă©paisse Il laisse errer son Ćil terne, impassible et lent. Tout est vide et muet. Rien qui nage ou qui flotte, Qui soit vivant ou mort, quâil puisse entendre ou voir. Il reste inerte, aveugle, et son grĂȘle pilote Se pose pour dormir sur son aileron noir. Va, monstre ! tu nâes pas autre que nous ne sommes, Plus hideux, plus fĂ©roce, ou plus dĂ©sespĂ©rĂ©. Console-toi ! demain tu mangeras des hommes, Demain par lâhomme aussi tu seras dĂ©vorĂ©. La Faim sacrĂ©e est un long meurtre lĂ©gitime Des profondeurs de lâombre aux cieux resplendissants, Et lâhomme et le requin, Ă©gorgeur ou victime, Devant ta face, ĂŽ Mort, sont tous deux innocents. PoĂšmes tragiques ____________
Maisje ne laisse pas tomber le deck Aile Noire pour autant car je vais peut-ĂȘtre rĂ©cupĂ©rer un Aile Noire-Vent d'Argent le SuprĂȘme. Voila dite moi ce que vous pensĂ© de mes nouvelle trouvaille et si vous avez des conseilles, aller y ! 0 | 2 | 0 | Partager. Commenter. Commenter N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions
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Qui est Victor Hugo ?Victor Hugo, nĂ© le 26 fĂ©vrier 1802 et mort le 22 mai 1885, est un poĂšte, dramaturge et romancier français. ConsidĂ©rĂ© comme lâun des plus grands Ă©crivains de la langue française, il est Ă©galement une personnalitĂ© politique ainsi quâun intellectuel engagĂ©. Chef de file du romantisme, il occupe une place majeure dans lâhistoire des lettres françaises au XIXe est lâauteur de grands succĂšs populaires avec des recueils comme Odes et Ballades 1826, Les Feuilles d'automne 1831 ou Les Contemplations 1856. Comme romancier, il Ă©crit notamment Notre-Dame de Paris 1831 et Les MisĂ©rables 1862. Son Ćuvre comprend Ă©galement des rĂ©cits de voyage, des Ă©crits politiques et des commentaires littĂ©raires. Enfin, il voue une passion toute particuliĂšre pour le dessin, la dĂ©coration intĂ©rieure et la dâĂȘtre grand-pĂšre, un testament poĂ©tiqueSuite Ă la mort de son Ă©pouse AdĂšle Foucher en 1868 puis de son fils Charles Hugo en 1871, Victor Hugo Ă©lĂšve ses deux petits-enfants Jeanne et Georges. Câest ainsi au cours de cette pĂ©riode quâil Ă©crit ce recueil de poĂšmes Ă©voquant lâinnocence et le comportement de ses texte completVoici ci-dessous une version complĂšte du recueil de poĂšmes L'art d'ĂȘtre grand-pĂšre de Victor Hugo L'EXILĂ SATISFAITSolitude! silence! oh! le dĂ©sert me tente. L'Ăąme s'apaise lĂ , sĂ©vĂšrement contente; LĂ d'on ne sait quelle ombre on se sent l'Ă©claireur. Je vais dans les forĂȘts chercher la vague horreur; La sauvage Ă©paisseur des branches me procure Une sorte de joie et d'Ă©pouvante obscure; Et j'y trouve un oubli presque Ă©gal au tombeau. Mais je ne m'Ă©teins pas; on peut rester flambeau Dans l'ombre, et, sous le ciel, sous la crypte sacrĂ©e, Seul, frissonner au vent profond de l'empyrĂ©e. Rien n'est diminuĂ© dans l'homme pour avoir JetĂ© la sonde au fond tĂ©nĂ©breux du devoir. Qui voit de haut, voit bien; qui voit de loin, voit juste. La conscience sait qu'une croissance auguste Est possible pour elle, et va sur les hauts lieux Rayonner et grandir, loin du monde oublieux. Donc je vais au dĂ©sert, mais sans quitter le qu'un songeur vient, dans la forĂȘt profonde Ou sur l'escarpement des falaises, s'asseoir Tranquille et mĂ©ditant l'immensitĂ© du soir, Il ne s'isole point de la terre oĂč nous sommes. Ne sentez-vous donc pas qu'ayant vu beaucoup d'hommes On a besoin de fuir sous les arbres Ă©pais, Et que toutes les soifs de vĂ©ritĂ©, de paix, D'Ă©quitĂ©, de raison et de lumiĂšre, augmentent Au fond d'une Ăąme, aprĂšs tant de choses qui mentent ?Mes frĂšres ont toujours tout mon coeur, et, lointain Mais prĂ©sent, je regarde et juge le destin; Je tiens, pour complĂ©ter l'Ăąme humaine Ă©bauchĂ©e, L'urne de la pitiĂ© sur les peuples penchĂ©e, Je la vide sans cesse et je l'emplis toujours. Mais je prends pour abri l'ombre des grands bois j'ai vu de si prĂšs les foules misĂ©rables,Les cris, les chocs, l'affront aux tĂȘtes vĂ©nĂ©rables, Tant de lĂąches grandis par les troubles civils, Des juges qu'on eĂ»t dĂ» juger, des prĂȘtres vils Servant et souillant Dieu, prĂȘchant pour, prouvant contre, J'ai tant vu la laideur que notre beautĂ© montre, Dans notre bien le mal, dans notre vrai le faux, Et le nĂ©ant passant sous nos arcs triomphaux, J'ai tant vu ce qui mord, ce qui fuit, ce qui ploie Que, vieux, faible et vaincu, j'ai dĂ©sormais pour joie De rĂȘver immobile en quelque sombre lieu; LĂ , saignant, je mĂ©dite; et, lors mĂȘme qu'un dieu M'offrirait pour rentrer dans les villes la gloire, La jeunesse, l'amour, la force, la victoire, Je trouve bon d'avoir un trou dans les forĂȘts, Car je ne sais pas trop si je QUE CETTE TERRE ? UNE TEMPĂTE D'ĂME...Qu'est-ce que cette terre ? Une tempĂȘte d'Ăąmes. Dans cette ombre, oĂč, nochers errants, nous n'abordĂąmes Jamais qu'Ă des Ă©cueils, les prenant pour des ports; Dans l'orage des cris, des dĂ©sirs, des transports, Des amours, des douleurs, des veux, tas de nuĂ©es; Dans les fuyants baisers de ces prostituĂ©es Que nous nommons fortune, ambition, succĂšs; Devant Job qui, souffrant, dit Qu'est-ce que je sais? Et Pascal qui, tremblant, dit Qu'est-ce que je pense ? Dans cette monstrueuse et fĂ©roce dĂ©pense De papes, de cĂ©sars, de rois, que fait Satan; En prĂ©sence du sort tournant son cabestan Par qui toujours-de lĂ l'effroi des philosophes- Sortent des mĂȘmes flots les mĂȘmes catastrophes; Dans ce nĂ©ant qui mord, dans ce chaos qui ment, Ce que l'homme finit par voir distinctement, C'est, par-dessus nos deuils, nos chutes, nos descentes, La souverainetĂ© des choses innocentes. Ătant donnĂ©s le coeur humain, l'esprit humain, Notre hier tĂ©nĂ©breux, notre obscur lendemain, Toutes les guerres, tous les chocs, toutes les haines, Notre progrĂšs coupĂ© d'un traĂźnement de chaĂźnes, Partout quelque remords, mĂȘme chez les meilleurs, Et par les vents soufflant du fond des cieux en pleurs La foule des vivants sans fin bouleversĂ©e, Certe, il est salutaire et bon pour la pensĂ©e, Sous l'entre-croisement de tant de noirs rameaux, De contempler parfois, Ă travers tous nos maux Qui sont entre le ciel et nous comme des voiles, Une profonde paix toute faite d'Ă©toiles; C'est Ă cela que Dieu songeait quand il a mis Les poĂštes auprĂšs des berceaux FAIT SON ENTRĂEJeanne parle; elle dit des choses qu'elle ignore; Elle envoie Ă la mer qui gronde, au bois sonore, A la nuĂ©e, aux fleurs, aux nids, au firmament, A l'immense nature un doux gazouillement, Tout un discours, profond peut-ĂȘtre, qu'elle achĂšve Par un sourire oĂč flotte une Ăąme, oĂč tremble un rĂȘve, Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillĂ©, Dieu, le bon vieux grand-pĂšre, Ă©coute SED VICTUSJe suis, dans notre temps de chocs et de fureurs, Belluaire, et j'ai fait la guerre aux empereurs; J'ai combattu la foule immonde des Sodomes, Des millions de flots et des millions d'hommes Ont rugi contre moi sans me faire cĂ©der; Tout le gouffre est venu m'attaquer et gronder, Et j'ai livrĂ© bataille aux vagues Ă©cumantes, Et sous l'Ă©norme assaut de l'ombre et des tourmentes Je n'ai pas plus courbĂ© la tĂȘte qu'un Ă©cueil; Je ne suis pas de ceux qu'effraie un ciel en deuil, Et qui, n'osant sonder les styx et les avernes, Tremblent devant la bouche obscure des cavernes; Quand les tyrans lançaient sur nous, du haut des airs, Leur noir tonnerre ayant des crimes pour Ă©clairs, J'ai jetĂ© mon vers sombre Ă ces passants sinistres; J'ai traĂźnĂ© tous les rois avec tous leurs ministres, Tous les faux dieux avec tous les principes faux, Tous les trĂŽnes liĂ©s Ă tous les Ă©chafauds, L'erreur, le glaive infĂąme et le sceptre sublime, J'ai traĂźnĂ© tout cela pĂȘle-mĂȘle Ă l'abĂźme; J'ai devant les cĂ©sars, les princes, les gĂ©ants De la force debout sur l'amas des nĂ©ants, Devant tous ceux que l'homme adore, exĂšcre, encense, Devant les Jupiters de la toute-puissance, ĂtĂ© quarante ans fier, indomptĂ©, triomphant; Et me voilĂ vaincu par un petit mon George. Ah! les fils de nos fils nous enchantent, Ce sont de jeunes voix matinales qui chantent. Ils sont dans nos logis lugubres le retour Des roses, du printemps, de la vie et du jour! Leur rire nous attire une larme aux paupiĂšres Et de notre vieux seuil fait tressaillir les pierres; De la tombe entr'ouverte et des ans lourds et froids Leur regard radieux dissipe les effrois; Ils ramĂšnent notre Ăąme aux premiĂšres annĂ©es; Ils font rouvrir en nous toutes nos fleurs fanĂ©es; Nous nous retrouvons doux, naĂŻfs, heureux de rien; Le coeur serein s'emplit d'un vague aĂ©rien; En les voyant on croit se voir soi-mĂȘme Ă©clore; Oui, devenir aĂŻeul, c'est rentrer dans l'aurore. Le vieillard gai se mĂȘle aux marmots triomphants. Nous nous rapetissons dans les petits enfants. Et, calmĂ©s, nous voyons s'envoler dans les branches Notre Ăąme sombre avec toutes ces Ăąmes ET JEANNEMoi qu'un petit enfant rend tout Ă fait stupide, J'en ai deux; George et Jeanne; et je prends l'un pour guide Et l'autre pour lumiĂšre, et j'accours Ă leur voix, Vu que George a deux ans et que Jeanne a dix mois. Leurs essais d'exister sont divinement gauches; On croit, dans leur parole oĂč tremblent des Ă©bauches, Voir un reste de ciel qui se dissipe et fuit; Et moi qui suis le soir, et moi qui suis la nuit, Moi dont le destin pĂąle et froid se dĂ©colore, J'ai l'attendrissement de dire Ils sont l'aurore. Leur dialogue obscur m'ouvre des horizons; Ils s'entendent entr'eux, se donnent leurs raisons. Jugez comme cela disperse mes pensĂ©es. En moi, dĂ©sirs, projets, les choses insensĂ©es, Les choses sages, tout, Ă leur tendre lueur, Tombe, et je ne suis plus qu'un bonhomme rĂȘveur. Je ne sens plus la trouble et secrĂšte secousse Du mal qui nous attire et du sort qui nous pousse. Les enfants chancelants sont nos meilleurs appuis. Je les regarde, et puis je les Ă©coute, et puis Je suis bon, et mon coeur s'apaise en leur prĂ©sence; J'accepte les conseils sacrĂ©s de l'innocence, Je fus toute ma vie ainsi; je n'ai jamais Rien connu, dans les deuils comme sur les sommets, De plus doux que l'oubli qui nous envahit l'Ăąme Devant les ĂȘtres purs d'oĂč monte une humble flamme; Je contemple, en nos temps souvent noirs et ternis, Ce point du jour qui sort des berceaux et des soir je vais les voir dormir. Sur leurs fronts calmes. Je distingue Ă©bloui l'ombre que font les palmes Et comme une clartĂ© d'Ă©toile Ă son lever, Et je me dis Ă quoi peuvent-ils donc rĂȘver ? Georges songe aux gĂąteaux, aux beaux jouets Ă©tranges, Au chien, au coq, au chat; et Jeanne pense aux anges. Puis, au rĂ©veil, leurs yeux s'ouvrent, pleins de arrivent, hĂ©las! Ă l'heure oĂč nous jasent. Parlent-ils ? Oui, comme la fleur parle A la source des bois; comme leur pĂšre Charle, Enfant, parlait jadis Ă leur tante DĂ©dĂ©; Comme je vous parlais, de soleil inondĂ©, mes frĂšres, au temps oĂč mon pĂšre, jeune homme, Nous regardait jouer dans la caserne, Ă Rome, A cheval sur sa grande Ă©pĂ©e, et tout petits. Jeanne qui dans les yeux a le myosotis, Et qui, pour saisir l'ombre entr'ouvrant ses doigts frĂȘles, N'a presque pas de bras ayant encor des ailes, Jeanne harangue, avec des chants oĂč flotte un mot, Georges beau comme un dieu qui serait un marmot. Ce n'est pas la parole, ĂŽ ciel bleu, c'est le verbe; C'est la langue infinie, innocente et superbe Que soupirent les vents, les forĂȘts et les flots; Les pilotes Jason, Palinure et Typhlos Entendaient la sirĂšne avec cette voix douce Murmurer l'hymne obscur que l'eau profonde Ă©mousse; C'est la musique Ă©parse au fond du mois de mai Qui fait que l'un dit J'aime, et l'autre, hĂ©las J'aimai; C'est le langage vague et lumineux des ĂȘtres Nouveau-nĂ©s, que la vie attire Ă ses fenĂȘtres, Et qui, devant avril, Ă©perdus, hĂ©sitants, Bourdonnent Ă la vitre immense du printemps. Ces mots mystĂ©rieux que Jeanne dit Ă George, C'est l'idylle du cygne avec le rouge-gorge, Ce sont les questions que les abeilles font, Et que le lys naĂŻf pose au moineau profond; C'est ce dessous divin de la vaste harmonie, Le chuchotement, l'ombre ineffable et bĂ©nie Jasant, balbutiant des bruits de vision, Et peut-ĂȘtre donnant une explication; Car les petits enfants Ă©taient hier encore Dans le ciel, et savaient ce que la terre ignore. Jeanne! Georges! voix dont j'ai le coeur saisi ! Si les astres chantaient, ils bĂ©gaieraient ainsi. Leur front tournĂ© vers nous nous Ă©claire et nous dore. Oh ! d'oĂč venez-vous donc, inconnus qu'on adore ? Jeanne a l'air Ă©tonnĂ©; Georges a les yeux hardis. Ils trĂ©buchent, encore ivres du JE ME SENS PRIS DâHORREURParfois, je me sens pris d'horreur pour cette terre; Mon vers semble la bouche ouverte d'un cratĂšre; J'ai le farouche Ă©moi Que donne l'ouragan monstrueux au grand arbre; Mon coeur prend feu; je sens tout ce que j'ai de marbre Devenir lave en moi;Quoi! rien de vrai ! le scribe a pour appui le reĂźtre; Toutes les robes, juge et vierge, femme et prĂȘtre, Mentent ou mentiront; Le dogme boit du sang, l'autel bĂ©nit le crime; Toutes les vĂ©ritĂ©s, groupe triste et sublime, Ont la rougeur au front;La sinistre lueur des rois est sur nos tĂȘtes; Le temple est plein d'enfer; la clartĂ© de nos fĂȘtes Obscurcit le ciel bleu; L'Ăąme a le penchement d'un navire qui sombre; Et les religions, Ă tĂątons, ont dans l'ombre Pris le dĂ©mon pour Dieu!Oh ! qui me donnera des paroles terribles ? Oh! je dĂ©chirerai ces chartes et ces bibles, Ces codes, ces korans! Je pousserai le cri profond des catastrophes; Et je vous saisirai, sophistes, dans mes strophes, Dans mes ongles, frĂ©missant, pĂąle, indignĂ©, je bouillonne; On ne sait quel essaim d'aigles noirs tourbillonne Dans mon ciel embrasĂ©; Deuil! guerre ! une eumĂ©nide en mon Ăąme est Ă©close ! Quoi! le mal est partout! Je regarde une rose Et je suis RERUMTout est pris d'un frisson subit. L'hiver s'enfuit et se dĂ©robe. L'annĂ©e ĂŽte son vieil habit; La terre met sa belle est nouveau, tout est debout; L'adolescence est dans les plaines; La beautĂ© du diable, partout, Rayonne et se mire aux est coquet; parmi les fleurs C'est Ă qui sera la plus belle; Toutes Ă©talent leurs couleurs, Et les plus laides ont du bouquet jaillit du rocher; L'air baise les feuilles lĂ©gĂšres; Juin rit de voir s'endimancher Le petit peuple des une fĂȘte en vĂ©ritĂ©, FĂȘte oĂč vient le chardon, ce rustre; Dans le grand palais de l'Ă©tĂ© Les astres allument le fait les foins. BientĂŽt les blĂ©s. Le faucheur dort sous la cĂ©pĂ©e; Et tous les souffles sont mĂȘlĂ©s D'une senteur d'herbe chante lĂ ? Le rossignol. Les chrysalides sont parties. Le ver de terre a pris son vol Et jetĂ© le froc aux orties;L'aragne sur l'eau fait des ronds; ciel bleu! l'ombre est sous la treille; Le jonc tremble, et les moucherons Viennent vous parler Ă l'oreille;On voit rĂŽder l'abeille Ă jeun, La guĂȘpe court, le frelon guette; A tous ces buveurs de parfum Le printemps ouvre sa bourdon, aux excĂšs enclin Entre en chiffonnant sa chemise; Un oeillet est un verre plein Un lys est une nappe mouche boit le vermillon Et l'or dans les fleurs demi-closes, Et l'ivrogne est le papillon, Et les cabarets sont les joie et d'extase on s'emplit, L'ivresse, c'est la dĂ©livrance; Sur aucune fleur on ne lit SociĂ©tĂ© de faste providentiel Partout brille, Ă©clate et s'Ă©panche Et l'unique livre, le ciel, Est par l'aube dorĂ© sur dans vos yeux Ă©clatants Je crois voir l'empyrĂ©e Ă©clore; Vous riez comme le printemps Et vous pleurez comme l' PRENDRAI PAR LA MAIN LES DEUX PETITS ENFANTSJe prendrai par la main les deux petits enfants; J'aime les bois oĂč sont les chevreuils et les faons, OĂč les cerfs tachetĂ©s suivent les biches blanches Et se dressent dans l'ombre effrayĂ©s par les branches; Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur. Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent Que l'Ă©den seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent, Et que, hors les amours et les nids, tout est vain; ThĂ©ocrite souvent dans le hallier divin Crut entendre marcher doucement la mĂ©nade. C'est lĂ que je ferai ma lente promenade Avec les deux marmots. J'entendrai tour Ă tour Ce que Georges conseille Ă Jeanne, doux amour, Et ce que Jeanne enseigne Ă George. En patriarche Que mĂšnent les enfants, je rĂ©glerai ma marche Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas, Et sur la petitesse aimable de leurs pas. Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mĂ»res. vaste apaisement des forĂȘts! ĂŽ murmures! Avril vient calmer tout, venant tout embaumer. Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d' rayonne, tout luit, tout aime, tout est doux; Les oiseaux semblent d'air et de lumiĂšre fous; L'Ăąme dans l'infini croit voir un grand sourire. Ă quoi bon exiler, rois ? Ă quoi bon proscrire ? Proscrivez-vous l'Ă©tĂ© ? m'exilez-vous des fleurs ? Pouvez-vous empĂȘcher les souffles, les chaleurs, Les clartĂ©s, d'ĂȘtre lĂ , sans joug, sans fin, sans nombre, Et de me faire fĂȘte, Ă moi banni, dans l'ombre ? Pouvez-vous m'amoindrir les grands flots haletants, L'ocĂ©an, la joyeuse Ă©cume, le printemps Jetant les parfums comme un prodigue en dĂ©mence, Et m'ĂŽter un rayon de ce soleil immense ? Non. Et je vous pardonne. Allez, trĂŽnez, vivez, Et tĂąchez d'ĂȘtre rois longtemps, si vous pouvez. Moi, pendant ce temps-lĂ , je maraude, et je cueille, Comme vous un empire, un brin de chĂšvrefeuille, Et je l'emporte, ayant pour conquĂȘte une fleur. Quand, au-dessus de moi, dans l'arbre, un querelleur, Un mĂąle, cherche noise Ă sa douce femelle, Ce n'est pas mon affaire et pourtant je m'en mĂȘle, Je dis Paix lĂ , messieurs les oiseaux, dans les bois ! Je les rĂ©concilie avec ma grosse voix; Un peu de peur qu'on fait aux amants les rapproche. Je n'ai point de ruisseau, de torrent, ni de roche; Mon gazon est Ă©troit, et, tout prĂšs de la mer, Mon bassin n'est pas grand, mais il n'est pas amer. Ce coin de terre est humble et me plaĂźt; car l'espace Est sur ma tĂȘte, et l'astre y brille, et l'aigle y passe, Et le vaste BorĂ©e y plane Ă©perdument. Ce parterre modeste et ce haut firmament Sont Ă moi; ces bouquets, ces feuillages, cette herbe M'aiment, et je sens croĂźtre en moi l'oubli superbe. Je voudrais bien savoir comment je m'y prendrais Pour me souvenir, moi l'hĂŽte de ces forĂȘts Qu'il est quelqu'un, lĂ -bas, au loin, sur cette terre, Qui s'amuse Ă proscrire, et rĂšgne, et fait la guerre, Puisque je suis lĂ seul devant l'immensitĂ©, Et puisqu'ayant sur moi le profond ciel d'Ă©tĂ© OĂč le vent souffle avec la douceur d'une lyre, J'entends dans le jardin les petits enfants OUVERTESLe matin - En dormantJ'entends des voix. Lueurs Ă travers ma paupiĂšre. Une cloche est en branle Ă l'Ă©glise Saint-Pierre . Cris des baigneurs. Plus prĂšs! plus loin ! non, par ici ! Non, par lĂ ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi. Georges l'appelle. Chant des coqs. Une truelle Racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle. Grincement d'une faux qui coupe le gazon. Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison. Bruits du port. Sifflement des machines chauffĂ©es. Musique militaire arrivant par bouffĂ©es. Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci. Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici Que vient tout prĂšs de moi chanter mon rouge-gorge. Vacarme de marteaux lointains dans une forge. L'eau clapote. On entend haleter un steamer. Une mouche entre. Souffle immense de la MANQUEPourquoi donc s'en est-il allĂ©, le doux amour ? Ils viennent un moment nous faire un peu de jour, Puis partent. Ces enfants, que nous croyons les nĂŽtres, Sont Ă quelqu'un qui n'est pas nous. Mais les deux autres, Tu ne les vois donc pas, vieillard ? Oui, je les vois, Tous les deux. Ils sont deux, ils pourraient ĂȘtre trois. Voici l'heure d'aller se promener dans l'ombre Des grands bois, pleins d'oiseaux dont Dieu seul sait le nombre Et qui s'envoleront aussi dans l'inconnu. Il a son chapeau blanc, elle montre un pied nu, Tous deux sont cĂŽte Ă cĂŽte; on marche Ă l'aventure, Et le ciel brille, et moi je pousse la voiture. Toute la plaine en fleur a l'air d'un paradis; Le lĂ©zard court au pied des vieux saules, tandis Qu'au bout des branches vient chanter le rouge-gorge. Mademoiselle Jeanne a quinze mois, et George En a trente; il la garde; il est l'homme complet; Des filles comme ça font son bonheur; il est Dans l'admiration de ces jolis doigts roses, Leur compare, en disant toutes sortes de choses, Ses grosses mains Ă lui qui vont avoir trois ans, Et rit; il montre Jeanne en route aux paysans. Ah dame ! il marche, lui; cette mioche se traĂźne; Et Jeanne rit de voir Georges rire; une reine Sur un trĂŽne, c'est lĂ Jeanne dans son panier; Elle est belle; et le chĂȘne en parle au marronnier, Et l'orme la salue et la montre Ă l'Ă©rable, Tant sous le ciel profond l'enfance est vĂ©nĂ©rable. George a le sentiment de sa grandeur; il rit Mais il protĂšge, et Jeanne a foi dans son esprit; Georges surveille avec un air assez farouche Cette enfant qui parfois met un doigt dans sa bouche; Les sentiers sont confus et nous nous embrouillons. Comme tout le bois sombre est plein de papillons, Courons, dit Georges. Il veut descendre. Jeanne est gaie. Avec eux je chancelle, avec eux je bĂ©gaie. Oh! l'adorable joie, et comme ils sont charmants! Quel hymne auguste au fond de leurs gazouillements! Jeanne voudrait avoir tous les oiseaux qui passent; Georges vide un pantin dont les ressorts se cassent, Et mĂ©dite; et tous deux jasent; leurs cris joyeux Semblent faire partout dans l'ombre ouvrir des yeux; Georges, tout en mangeant des nĂšfles et des pommes, M'apporte son jouet; moi qui connais les hommes Mieux que Georges, et qui sait les secrets du destin, Je raccommode avec un fil son vieux pantin. Mon Georges, ne va pas dans l'herbe; elle est trempĂ©e. Et le vent berce l'arbre, et Jeanne sa poupĂ©e. On sent Dieu dans ce bois pensif dont la douceur Se mĂȘle Ă la gaĂźtĂ© du frĂšre et de la soeur; Nous obĂ©issons, Jeanne et moi, Georges commande; La nourrice leur chante une chanson normande, De celles qu'on entend le soir sur les chemins, Et Georges bat du pied, et Jeanne bat des mains. Et je m'Ă©panouis Ă leurs divins vacarmes, Je ris; mais vous voyez sous mon rire mes larmes, Vieux arbres, n'est-ce pas ? et vous n'avez pas cru Que j'oublierai jamais le petit SIESTEElle fait au milieu du jour son petit somme; Car l'enfant a besoin du rĂȘve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche Ă revoir ChĂ©rubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fĂ©es, Et ses mains quand il dort sont par Dieu rĂ©chauffĂ©es. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacrĂ©, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'Ă©toiles qui font signe aux enfants d'ĂȘtre sages, Ces apparitions, ces Ă©blouissements ! Donc, Ă l'heure oĂč les feux du soleil sont calmants, Quand toute la nature Ă©coute et se recueille, Vers midi, quand les nids se taisent, quand la feuille La plus tremblante oublie un instant de frĂ©mir, Jeanne a cette habitude aimable de dormir; Et la mĂšre un moment respire et se repose, Car on se lasse, mĂȘme Ă servir une rose. Ses beaux petits pieds nus dont le pas est peu sĂ»r Dorment; et son berceau, qu'entoure un vague azur Ainsi qu'une aurĂ©ole entoure une immortelle, Semble un nuage fait avec de la dentelle; On croit, en la voyant dans ce frais berceau-lĂ , Voir une lueur rose au fond d'un falbala; On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse, Et c'est un astre, ayant de plus la petitesse; L'ombre, amoureuse d'elle, a l'air de l'adorer; Le vent retient son souffle et n'ose respirer. Soudain, dans l'humble et chaste alcĂŽve maternelle, Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle, Elle ouvre la paupiĂšre, Ă©tend un bras charmant, Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre, Elle gazouille...-Alors, de sa voix la plus tendre, Couvrant des yeux l'enfant que Dieu fait rayonner, Cherchant le plus doux nom qu'elle puisse donner Ă sa joie, Ă son ange en fleur, Ă sa chimĂšre -Te voilĂ rĂ©veillĂ©e, horreur! lui dit sa LUNEJeanne songeait, sur l'herbe assise, grave et rose; Je m'approchai-Dis-moi si tu veux quelque chose, Jeanne ?-car j'obĂ©is Ă ces charmants amours, Je les guette, et je cherche Ă comprendre toujours Tout ce qui peut passer par ces divines tĂȘtes. Jeanne m'a rĂ©pondu-Je voudrais voir des bĂȘtes. Alors je lui montrai dans l'herbe une fourmi. -Vois! Mais Jeanne ne fut contente qu'Ă demi. -Non, les bĂȘtes, c'est gros, me rĂȘve, C'est le grand. L'OcĂ©an les attire Ă sa grĂšve, Les berçant de son chant rauque, et les captivant Par l'ombre, et par la fuite effrayante du vent; Ils aiment l'Ă©pouvante, il leur faut le prodige. -Je n'ai pas d'Ă©lĂ©phant sous la main, rĂ©pondis-je. Veux-tu quelque autre chose ? ĂŽ Jeanne, on te le doit ! Jeanne au ciel leva son petit doigt. -Ăa, l'heure oĂč le soir commence. Je vis Ă l'horizon surgir la lune DU SOIRLe brouillard est froid, la bruyĂšre est grise; Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs; La lune, sortant des nuages noirs, Semble une clartĂ© qui vient par ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son voyageur marche et la lande est brune; Une ombre est derriĂšre, une ombre est devant; Blancheur au couchant, lueur au levant; Ici crĂ©puscule, et lĂ clair de ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son sorciĂšre assise allonge sa lippe; L'araignĂ©e accroche au toit son filet; Le lutin reluit dans le feu follet Comme un pistil d'or dans une ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son voit sur la mer des chasse-marĂ©es; Le naufrage guette un mĂąt frissonnant; Le vent dit demain! l'eau dit maintenant! Les voix qu'on entend sont ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son coche qui va d'Avranche Ă FougĂšre Fait claquer son fouet comme un vif Ă©clair; Voici le moment oĂč flottent dans l'air Tous ces bruits confus que l'ombre ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son les bois profonds brillent des flambĂ©es; Un vieux cimetiĂšre est sur un sommet; OĂč Dieu trouve-t-il tout ce noir qu'il met Dans les coeurs brisĂ©s et les nuits tombĂ©es ?Je ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son flaques d'argent tremblent sur les sables; L'orfraie est au bord des talus crayeux; Le pĂątre, Ă travers le vent, suit des yeux Le vol monstrueux et vague des ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son panache gris sort des cheminĂ©es; Le bĂ»cheron passe avec son fardeau; On entend, parmi le bruit des cours d'eau, Des frĂ©missements de branches ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son faim fait rĂȘver les grands loups moroses; La riviĂšre court, le nuage fuit; DerriĂšre la vitre oĂč la lampe luit, Les petits enfants ont des tĂȘtes ne sais plus quand, je ne sais plus oĂč, MaĂźtre Yvon soufflait dans son ! VOUS VOULEZ LA LUNEAh ! vous voulez la lune ? OĂč ? dans le fond du puits ? Non; dans le ciel. Eh bien, essayons. Je ne puis. Et c'est ainsi toujours. Chers petits, il vous passe Par l'esprit de vouloir la lune, et dans l'espace J'Ă©tends mes mains, tĂąchant de prendre au vol PhoebĂ©. L'adorable hasard d'ĂȘtre aĂŻeul est tombĂ© Sur ma tĂȘte, et m'a fait une douce fĂȘlure. Je sens en vous voyant que le sort put m'exclure Du bonheur, sans m'avoir tout Ă fait abattu. Mais causons. Voyez-vous, vois-tu, Georges, vois-tu, Jeanne ? Dieu nous connaĂźt, et sait ce qu'ose faire Un aĂŻeul, car il est lui-mĂȘme un peu grand-pĂšre; Le bon Dieu, qui toujours contre nous se dĂ©fend, Craint ceci le vieillard qui veut plaire Ă l'enfant; Il sait que c'est ma loi qui sort de votre bouche, Et que j'obĂ©irais; il ne veut pas qu'on touche Aux Ă©toiles, et c'est pour en ĂȘtre bien sĂ»r Qu'il les accroche aux clous les plus hauts de l' ! COMME ILS SONT GOULUS-Oh! comme ils sont goulus! dit la mĂšre parfois. Il faut leur donner tout, les cerises des bois, Les pommes du verger, les gĂąteaux de la table; S'ils entendent la voix des vaches dans l'Ă©table Du lait! vite! et leurs cris sont comme une forĂȘt De Bondy quand un sac de bonbons apparaĂźt. Les voilĂ maintenant qui rĂ©clament la lune!Pourquoi pas ? Le nĂ©ant des gĂ©ants m'importune; Moi j'admire, Ă©bloui, la grandeur des petits. Ah! l'Ăąme des enfants a de forts appĂ©tits, Certes, et je suis pensif devant cette gourmande Qui voit un univers dans l'ombre, et le demande. La lune! Pourquoi pas? vous dis-je. Eh bien, aprĂšs? Pardieu! si je l'avais, je la leur vrai, sans trop savoir ce qu'ils en pourraient faire, Oui, je leur donnerais, lune, ta sombre sphĂšre, Ton ciel, d'oĂč Swedenborg n'est jamais revenu, Ton Ă©nigme, ton puits sans fond, ton inconnu! Oui, je leur donnerais, en disant Soyez sages! Ton masque obscur qui fait le guet dans les nuages, Tes cratĂšres tordus par de noirs aquilons, Tes solitudes d'ombre et d'oubli, tes vallons, Peut-ĂȘtre heureux, peut-ĂȘtre affreux, Ă©dens ou bagnes, Lune, et la vision de tes pĂąles montagnes. Oui, je crois qu'aprĂšs tout, des enfants Ă genoux Sauraient mieux se servir de la lune que nous; Ils y mettraient leurs voeux, leur espoir, leur priĂšre; Ils laisseraient mener par cette aventuriĂšre Leurs petits coeurs pensifs vers le grand Dieu profond. La nuit, quand l'enfant dort, quand ses rĂȘves s'en vont, Certes, ils vont plus loin et plus haut que les nĂŽtres. Je crois aux enfants comme on croyait aux apĂŽtres; Et quand je vois ces chers petits ĂȘtres sans fiel Et sans peur, dĂ©sirer quelque chose du ciel, Je le leur donnerais, si je l'avais. La sphĂšre Que l'enfant veut, doit ĂȘtre Ă lui, s'il la prĂ©fĂšre. D'ailleurs, n'avez-vous rien au delĂ de vos droits? Oh! je voudrais bien voir, par exemple, les rois S'Ă©tonner que des nains puissent avoir un monde! Oui, je vous donnerais, anges Ă tĂȘte blonde, Si je pouvais, Ă vous qui rĂ©gnez par l'amour, Ces univers baignĂ©s d'un mystĂ©rieux jour, Conduits par des esprits que l'ombre a pour ministres, Et l'Ă©norme rondeur des planĂštes sinistres. Pourquoi pas ? Je me fie Ă vous, car je vous vois, Et jamais vous n'avez fait de mal. Oui, parfois, En songeant Ă quel point c'est grand, l'Ăąme innocente, Quand ma pensĂ©e au fond de l'infini s'absente, Je me dis, dans l'extase et dans l'effroi sacrĂ©, Que peut-ĂȘtre, lĂ -haut, il est, dans l'IgnorĂ©, Un dieu supĂ©rieur aux dieux que nous rĂȘvĂąmes, Capable de donner des astres Ă des POĂME DU JARDIN DES PLANTESILe comte de Buffon fut bonhomme, il crĂ©a Ce jardin imitĂ© d'Ăvandre et de RhĂ©a Et plein d'ours plus savants que ceux de la Sorbonne, Afin que Jeanne y puisse aller avec sa bonne; Buffon avait prĂ©vu Jeanne, et je lui sais grĂ© De s'ĂȘtre dit qu'un jour Paris un peu tigrĂ©, ComplĂ©tant ses bourgeois par une variante, La bĂȘte, enchanterait cette Ăąme souriante; Les enfants ont des yeux si profonds, que parfois Ils cherchent vaguement la vision des bois; Et Buffon paternel, c'est ainsi qu'il rachĂšte Sa phrase sur laquelle a traĂźnĂ© sa manchette, Pour les marmots, de qui les anges sont jaloux, A fait ce paradis suave, ornĂ© de ce Buffon. Les enfants, purs visages, Regardent l'invisible, et songent, et les sages TĂąchent toujours de plaire Ă quelqu'un de dans ce jardin montre de la ferveur; C'est un Ă©den oĂč juin rayonne, oĂč les fleurs luisent, OĂč l'ours bougonne, et Jeanne et Georges m'y conduisent. C'est du vaste univers un raccourci complet. Je vais dans ce jardin parce que cela plaĂźt Ă Jeanne, et que je suis contre elle sans dĂ©fense. J'y vais Ă©tudier deux gouffres, Dieu, l'enfance, Le tremblant nouveau-nĂ©, le crĂ©ateur flagrant, L'infiniment charmant et l'infiniment grand, La mĂȘme chose au fond; car c'est la mĂȘme flamme Qui sort de l'astre immense et de la petite contemple, au milieu des arbres de Buffon, Le bison trop bourru, le babouin trop bouffon, Des bosses, des laideurs, des formes peu choisies, Et j'apprends Ă passer Ă Dieu ses fantaisies. Dieu, n'en dĂ©plaise au prĂȘtre, au bonze, au caloyer, Est capable de tout, lui qui fait balayer Le bon goĂ»t, ce ruisseau, par Nisard, ce concierge, Livre au singe excessif la forĂȘt, cette vierge, Et permet Ă Dupin de ressembler aux chiens. Pauvres chiens!-Selon l'Inde et les manichĂ©ens, Dieu doublĂ© du dĂ©mon expliquerait l'Ă©nigme; Le paradis ayant l'enfer pour borborygme, La Providence un peu servante d'AnankĂš, L'infini mal rempli par l'univers manquĂ©, Le mal faisant toujours au bien quelque rature, Telle serait la loi de l'aveugle nature; De lĂ les contresens de la crĂ©ation. Dieu, certe, a des Ă©carts d'imagination; Il ne sait pas garder la mesure; il abuse De son esprit jusqu'Ă faire l'oie et la buse; Il ignore, auteur fauve et sans frein ni cordeau, Ce point juste oĂč Laharpe arrĂȘte Colardeau; Il se croit tout permis. Malheur Ă qui l'imite! Il n'a pas de frontiĂšre, il n'a pas de limite; Et fait pousser l'ivraie au beau milieu du blĂ©, Sous prĂ©texte qu'il est l'immense et l'Ă©toilĂ©; Il a d'affreux vautours qui nous tombent des nues; Il nous impose un tas d'inventions cornues, Le bouc, l'auroch, l'isard et le colimaçon; Il blesse le bon sens, il choque la raison; Il nous raille; il nous fait avaler la couleuvre! Au moment oĂč, contents, examinant son oeuvre, Rendant pleine justice Ă tant de qualitĂ©s, Nous admirons l'oeil d'or des tigres tachetĂ©s, Le cygne, l'antilope Ă la prunelle bleue, La constellation qu'un paon a dans sa queue, D'une cage insensĂ©e il tire le verrou, Et voilĂ qu'il nous jette au nez le kangourou! Dieu dĂ©fait et refait, ride, Ă©borgne, essorille, ExagĂšre le nĂšgre, hĂ©las, jusqu'au gorille, Fait des taupes et fait des lynx, se contredit, MĂȘle dans les halliers l'histrion au bandit, Le mandrille au jaguar, le perroquet Ă l'aigle, Lie Ă la parodie insolente et sans rĂšgle L'Ă©popĂ©e, et les laisse errer toutes les deux Sous l'Ăąpre clair-obscur des branchages hideux; Si bien qu'on ne sait plus s'il faut trembler ou rire, Et qu'on croit voir rĂŽder, dans l'ombre que dĂ©chire TantĂŽt le rayon d'or, tantĂŽt l'Ă©clair d'acier, Un spectre qui parfois avorte en grimacier. Moi, je n'exige pas que Dieu toujours s'observe, Il faut bien tolĂ©rer quelques excĂšs de verve Chez un si grand poĂšte, et ne point se fĂącher Si celui qui nuance une fleur de pĂȘcher Et courbe l'arc-en-ciel sur l'OcĂ©an qu'il dompte, AprĂšs un colibri nous donne un mastodonte! C'est son humeur Ă lui d'ĂȘtre de mauvais goĂ»t, D'ajouter l'hydre au gouffre et le ver Ă l'Ă©gout, D'avoir en toute chose une stature Ă©trange, Et d'ĂȘtre un Rabelais d'oĂč sort un Michel-Ange. C'est Dieu; moi je l' quant aux nouveau-nĂ©s, De mĂȘme. Les enfants ne nous sont pas donnĂ©s Pour avoir en naissant les façons du grand monde; Les petits en maillot, chez qui la sĂšve abonde, Poussent l'impolitesse assez loin quelquefois; J'en conviens. Et parmi les cris, les pas, les voix, Les ours et leurs cornacs, les marmots et leurs mĂšres, Dans ces rĂ©alitĂ©s semblables aux chimĂšres, Ăbahi par le monstre et le mioche, assourdi Comme par la rumeur d'une ruche Ă midi, Sentant qu'Ă force d'ĂȘtre aĂŻeul on est apĂŽtre, QuestionnĂ© par l'un, escaladĂ© par l'autre, Pardonnant aux bambins le bruit, la fiente aux nids, Et le rugissement aux bĂȘtes, je finis Par ne plus ĂȘtre, au fond du grand jardin sonore, Qu'un bonhomme attendri par l'enfance et l'aurore, Aimant ce double feu, s'y plaisant, s'y chauffant, Et pas moins indulgent pour Dieu que pour l' bĂȘtes, cela parle; et Dupont de Nemours Les comprend, chants et cris, gaĂźtĂ©, colĂšre, amours. C'est dans Perrault un fait, dans HomĂšre un prodige; PhĂšdre prend leur parole au vol et la rĂ©dige; La Fontaine, dans l'herbe Ă©paisse et le genĂȘt RĂŽdait, guettant, rĂȘvant, et les espionnait; Ăsope, ce songeur bossu comme le Pinde, Les entendait en GrĂšce, et PilpaĂŻ dans l'Inde; Les clairs Ă©tangs le soir offraient leurs noirs jargons A monsieur Florian, officier de dragons; Et l'Ăąpre ĂzĂ©chiel, l'affreux prophĂšte chauve, Homme fauve, Ă©coutait parler la bĂȘte fauve. Les animaux naĂŻfs dialoguent entr'eux. Et toujours, que ce soit le hibou tĂ©nĂ©breux, L'ours qu'on entend gronder, l'Ăąne qu'on entend braire, Ou l'oie apostrophant le dindon, son grand frĂšre, Ou la guĂȘpe insultant l'abeille sur l'Hybla, Leur bĂȘtise Ă l'esprit de l'homme QUE DIT LE PUBLICCINQ ANS Les lions, c'est des ANSC'est trĂšs mĂ©chant, les ANS ANS Les petits oiseaux ce sont des malhonnĂȘtes; Ils sont des ANS ANS, regardant les serpents. Les serpents...CINQ ANS, les examinant. C'est en ANS Prends garde au singe; il va te prendre ton ANS, regardant le tigre. Encore un loup !SIX ANS Viens voir l'ours avant qu'on le ANS, regardant l'ours. Joli !SIX ANS Ăa ANS, regardant l'Ă©lĂ©phant. Il a des cornes dans la ANS Moi, j'aime l'Ă©lĂ©phant, c'est ANS, survenant et les arrachant Ă la contemplation de l'Ă©lĂ©phant. Allons! venez! Vous voyez bien qu'il va vous battre avec son GEORGESMon doux Georges, viens voir une mĂ©nagerie Quelconque, chez Buffon, au cirque, n'importe oĂč; Sans sortir de LutĂšce allons en Assyrie, Et sans quitter Paris partons pour voir les lĂ©opards de Tyr, les gypaĂštes, L'ours grondant, le boa formidable sans bruit, Le zĂšbre, le chacal, l'once, et ces deux poĂštes, L'aigle ivre de soleil, le vautour plein de contempler le lynx sagace, l'amphisbĂšne Ă qui Job comparait son faux ami Sepher, Et l'obscur tigre noir, dont le masque d'Ă©bĂšne A deux trous flamboyants par oĂč l'on voit l' de prĂšs l'oiseau fauve et le frisson des ailes, C'est charmant; nous aurons, sous de trĂšs sĂ»rs abris, Le spectacle des loups, des jaguars, des gazelles, Et l'Ă©blouissement divin des du bruit humain. Viens au jardin des plantes. Penchons-nous, Ă travers l'ombre oĂč nous Ă©touffons Sur les douleurs d'en bas, vaguement appelantes, Et sur les pas confus des inconnus c'est de l'ombre errant dans les tĂ©nĂšbres; On ne sait s'il Ă©coute, on ne sait s'il entend; Il a des cris hagards, il a des yeux funĂšbres; Une affirmation sublime en sort qui rĂ©gnons, combien de choses inutiles Nous disons, sans savoir le mal que nous faisons ! Quand la vĂ©ritĂ© vient, nous lui sommes hostiles, Et contre la raison nous avons des Ă la tribune et Frayssinous en chaire Sont fort infĂ©rieurs Ă la bĂȘte des bois; L'Ăąme dans la forĂȘt songe et se laisse faire; Je doute dans un temple, et sur un mont je par les voix de l'ombre obscurĂ©ment se nomme; Nul Quirinal ne vaut le fauve PĂ©lion; Il est bon, quand on vient d'entendre parler l'homme, D'aller entendre un peu rugir le grand DIEU, MAIS AVEC DES RESTRICTIONSQuel beau lieu ! LĂ le cĂšdre avec l'orme chuchote, L'Ăąne est Iyrique et semble avoir vu Don Quichotte, Le tigre en cage a l'air d'un roi dans son palais, Les pachydermes sont effroyablement laids; Et puis c'est littĂ©raire, on rĂȘve Ă des idylles De Viennet en voyant bĂąiller les crocodiles. LĂ , pendant qu'au babouin la singesse se vend, Pendant que le baudet contemple le savant, Et que le vautour fait au hibou bon visage, Certes, c'est un emploi du temps digne d'un sage De s'en aller songer dans cette ombre, parmi Ces arbres pleins de nids, oĂč tout semble endormi Et veille, oĂč le refus consent, oĂč l'amour lutte, Et d'Ă©couter le vent, ce doux joueur de laissons faire, aimons, les cieux sont grands; Et devenons savants, et restons ignorants. Soyons sous l'infini des auditeurs honnĂȘtes; Rien n'est muet ni sourd; voyons le plus de bĂȘtes Que nous pouvons; tirons partie de leurs lec,ons. Parce qu'autour de nous tout rĂȘve, nous pensons. L'ignorance est un peu semblable Ă la priĂšre; L'homme est grand par devant et petit par derriĂšre; C'est, d'Euclide Ă Newton, de Job Ă RĂ©aumur, Un indiscret qui veut voir par-dessus le mur, Et la nature, au fond trĂšs moqueuse, paraphe Notre science avec le cou de la girafe. TĂąchez de voir, c'est bien. Ăpiez. Notre esprit Pousse notre science Ă guetter; Dieu sourit, Vieux l'ai dit, Dieu prĂȘte Ă la critique. Il n'est pas sobre. Il est dĂ©bordant, frĂ©nĂ©tique, Inconvenant; ici le nain, lĂ le gĂ©ant, Tout Ă la fois; Ă©norme; il manque de nĂ©ant. Il abuse du gouffre, il abuse du prisme. Tout, c'est trop. Son soleil va jusqu'au gongorisme; LumiĂšre outrĂ©e. Oui, Dieu vraiment est inĂ©gal; Ici la SibĂ©rie, et lĂ le SĂ©nĂ©gal; Et partout l'antithĂšse I il faut qu'on s'y rĂ©signe; S'il fait noir le corbeau, c'est qu'il fit blanc le cygne; Aujourd'hui Dieu nous gĂšle, hier il nous chauffait. Comme Ă l'acadĂ©mie on lui dirait son fait ! Que nous veut la comĂšte ? Ă quoi sert le bolide ? Quand on est un pĂ©dant sĂ©rieux et solide, Plus on est Ă©bloui, moins on est satisfait; La fĂ©rule Ă Batteux, le sabre Ă Galifet Ne tolĂšrent pas Dieu sans quelque impatience; Dieu trouble l'ordre; il met sur les dents la science; Ă peine a-t-on fini qu'il faut recommencer; Il semble que l'on sent dans la main vous glisser On ne sait quel serpent tout Ă©caillĂ© d'aurore. DĂšs que vous avez dit assez! il dit encore !Ce dĂ©magogue donne au pauvre autant de fleurs Qu'au riche; il ne sait pas se borner; ses couleurs, Ses rayons, ses Ă©clairs, c'est plus qu'on ne souhaite. Ah! tout cela fait mal aux yeux ! dit la chouette. Et la chouette, c'est la est sĂ»r Que Dieu taille Ă son grĂ© le monde en plein azur; Il mĂȘle l'ironie Ă son tonnerre Ă©pique; Si l'on plane il foudroie et si l'on broute il pique. Je ne m'Ă©tonne pas que Planche eĂ»t l'air piquĂ©. Le vent, voix sans raison, sorte de bruit manquĂ©, Sans jamais s'expliquer et sans jamais conclure, RabĂąche, et l'ocĂ©an n'est pas exempt d'enflure. Quant Ă moi, je serais, j'en fais ici l'aveu, Curieux de savoir ce que diraient de Dieu, Du monde qu'il rĂ©git, du ciel qu'il exagĂšre, De l'infini, sinistre et confuse Ă©tagĂšre, De tout ce que ce Dieu prodigue, des amas D'Ă©toiles de tout genre et de tous les formats, De sa facon d'emplir d'astres le tĂ©lescope, Nonotte et Baculard dans le cafĂ© JEANNEJe ne te cache pas que j'aime aussi les bĂȘtes; Cela t'amuse. et moi cela m'instruit; je sens Que ce n'est pas pour rien qu'en oes farouches tĂȘtes Dieu met le clair-obscur des grands bois suis le curieux qui, nĂ© pour croire et plaindre, Sonde, en voyant l'aspic sous des roses rampant, Les sombres lois qui font que la femme doit craindre Le dĂ©mon, quand la fleur n'a pas peur du que nous donnons des ordres Ă la terre, Rois copiant le singe et par lui copiĂ©s, Doutant s'il est notre oeuvre ou s'il est notre pĂ©re, Tout en bas, dans l'horreur fatale, sous nos pieds,On ne sait quel noir monde Ă©tonnĂ© nous regarde Et songe, et sous un joug, trop souvent odieux, Nous courbons l'humble monstre et la brute hagarde Qui, nous voyant dĂ©mons, nous prennent pour des ! que d'Ă©tranges lois! quel tragique mĂ©lange ! Voit-on le dernier fait, sait-on le dernier mot, Quel spectre peut sortir de VĂ©nus, et quel ange Peut naĂźtre dans le ventre affreux de BĂ©hĂ©moth ?Transfiguration ! mystĂšre ! gouffre et cime! L'Ăąme rejettera le corps, sombre haillon; La crĂ©ature abjecte un jour sera sublime, L'ĂȘtre qu'on hait chenille on l'aime LES BAS ĂGES SONT ĂPARSTous les bas Ăąges sont Ă©pars sous ces grands arbres. Certes, l'alignement des vases et des marbres, Ce parterre au cordeau, ce cĂšdre rĂ©signĂ©, Ce chĂȘne que monsieur DesprĂ©aux eut signĂ©, Ces barreaux noirs croisĂ©s sur la fleur odorante, Font honneur Ă Buffon qui fut l'un des Quarante Et mĂȘla, de façon Ă combler tous nos voeux, Le peigne de LenĂŽtre aux effrayants cheveux De Pan, dieu des halliers, des rochers et des plaines; Cela n'empĂȘche pas les roses d'ĂȘtre pleines De parfums, de dĂ©sirs, d'amour et de clartĂ©; Cela n'empĂȘche pas l'Ă©tĂ© d'ĂȘtre l'Ă©tĂ©; Cela n'ĂŽte Ă la vie aucune confiance; Cela n'empĂȘche pas l'aurore en conscience D'apparaitre au zĂ©nith qui semble s'Ă©largir, Les enfants de jouer, les monstres de bon effroi joyeux emplit ces douces tĂȘtes. Ăcoutez-moi ces cris charmants. - Viens voir les bĂȘtes! Ils courent. Quelle extase! On s'arrĂȘte devant Des cages oĂč l'on voit des oiseaux bleus rĂȘvant Comme s'ils attendaient le mois oĂč l'on Ă©migre. -Regarde ce gros gros chat c'est le tigre. Les grands font aux petits vĂ©nĂ©rer les guenons, Les pythons, les chacals, et nomment par leurs noms Les vieux ours qui, dit-on, poussent l'humeur maligne Jusqu'Ă manger parfois des soldats de la monstrueux! Les gueules, les regards De dragon, lueur fauve au fond des bois hagards, Les Ă©cailles, les dards, la griffe qui s'allonge, Une apparition d'abĂźme, l'affreux songe RĂ©el que l'oeil troublĂ© des prophĂštes amers Voit sous la transparence effroyable des mers Et qui se traĂźne Ă©pars dans l'horreur inouĂŻe, L'Ă©norme bĂąillement du gouffre qui s'ennuie, Les mĂąchoires de l'hydre ouvertes tristement, On ne sait quel chaos blĂȘme, obscur, inclĂ©ment, Un essai d'exister, une Ă©bauche de vie D'oĂč sort le bĂ©gaiement furieux de l'envie. C'est cela l'animal; et c'est ce que l'enfant Regarde, admire et craint, vaguement triomphant; C'est de la nuit qu'il vient contempler, lui l'aurore. Ce noir fourmillement mugit, hurle, dĂ©vore; On est un chĂ©rubin rose, frĂȘle et tremblant; On va voir celui-ci que l'hiver fait tout blanc, Cet autre dont l'oeil jette un Ă©clair du tropique; Tout cela gronde, hait, menace, siffle, pique, Mord; mais par sa nourrice on se sent protĂ©ger; Comme c'est amusant d'avoir peur sans danger! Ce que l'homme contemple, il croit qu'il le dĂ©couvre. Voir un roi dans son antre, un tigre dans son Louvre, Cela plaĂźt Ă l' est joliment laid! Viens voir!-Ătrange instinct! GrĂące Ă qui l'horreur plaĂźt! On vient chercher surtout ceux qu'il faut qu'on Ă©vite. -Par ici !-Non, par lĂ !-Tiens, regarde !-Viens vite! -Jette-leur ton toujours. -Moi, j'aime bien les j'aime mieux les ours. Et les fronts sont riants, et le soleil les dore, Et ceux qui, nĂ©s d'hier, ne parlent pas encore Pendant ces brouhahas sous les branchages verts, Sont lĂ , mystĂ©rieux, les yeux tout grands ouverts, Et aux plis infranchissables, gouffre d'horizons sinistres, mer des sables, Sahara, Dahomey, lac Nagain, Darfour, Toi, l'AmĂ©rique, et toi, l'Inde, Ăąpre carrefour OĂč Zoroastre fait la rencontre d'HomĂšre, Paysages de lune oĂč rĂŽde la chimĂšre, OĂč l'orang-outang marche un bĂąton Ă la main, OĂč la nature est folle et n'a plus rien d'humain, Jungles par les sommeils de la fiĂšvre rĂȘvĂ©es, Plaines oĂč brusquement on voit des arrivĂ©es De fleuves tout Ă coup grossis et dĂ©chaĂźnĂ©s, OĂč l'on entend rugir les lions Ă©tonnĂ©s Que l'eau montante enferme en des Ăźles subites, DĂ©serts dont les gavials sont les noirs cĂ©nobites, OĂč le boa, sans souffle et sans tressaillement, Semble un tronc d'arbre Ă terre et dort affreusement, Terre des baobabs, des bambous, des lianes, Songez que nous avons des Georges et des Jeannes, CrĂ©ez des monstres; lacs, forĂȘts, avec vos monts Vos noirceurs et vos bruits, composez des mammons; AbĂźmes, condensez en eux toutes vos gloires, Donnez-leur vos rochers pour dents et pour mĂąchoires, Pour voix votre ouragan, pour regard votre horreur; Donnez-leur des aspects de pape et d'empereur, Et faites, par-dessus les halliers, leur Ă©table Et leur palais, bondir leur joie Ă©pouvantable. Certes, le casoar est un bon sĂ©nateur, L'oie a l'air d'un Ă©vĂȘque et plaĂźt par sa hauteur, Dieu quand il fit le singe a rĂȘvĂ© Scaramouche, Le colibri m'enchante et j'aime l'oiseau-mouche; Mais ce que de ta verve, ĂŽ nature, j'attends Ce sont les BĂ©hĂ©moths et les LĂ©viathans. Le nouveau-nĂ© qui sort de l'ombre et du mystĂšre Ne serait pas content de ne rien voir sur terre; Un immense besoin d'Ă©tonnement, voilĂ Toute l'enfance, et c'est en songeant Ă cela Que j'applaudis, nature, aux gĂ©ants que tu formes; L'oeil bleu des innocents veut des bĂȘtes Ă©normes; Travaillez, dieux affreux! Soyez illimitĂ©s Et fĂ©conds, nous tenons Ă vos difformitĂ©s Autant qu'Ă vos parfums, autant qu'Ă vos dictames, dĂ©serts, attendu que les hippopotames, Que les rhinocĂ©ros et que les Ă©lĂ©phants Sont Ă©videmment faits pour les petits UNE ĂMOTION ĂTRANGEC'est une Ă©motion Ă©trange pour mon Ăąme De voir l'enfant, encor dans les bras de la femme, Fleur ignorant l'hiver, ange ignorant Satan, Secouant un hochet devant LĂ©viathan, Approcher doucement la nature terrible. Les beaux sĂ©raphins bleus qui passent dans la bible, EnvolĂ©s d'on ne sait quel ciel mystĂ©rieux, N'ont pas une plus pure aurore dans les yeux Et n'ont pas sur le front une plus sainte flamme Que l'enfant innocent riant au monstre infĂąme. Ciel noir! Quel vaste cri que le rugissement! Quand la bĂȘte, Ăąme aveugle et visage Ă©cumant, Lance au loin, n'importe oĂč, dans l'Ă©tendue hostile Sa voix lugubre, ainsi qu'un sombre projectile, C'est tout le gouffre affreux des forces sans clartĂ© Qui hurle; c'est l'obscĂšne et sauvage AstartĂ©, C'est la nature abjecte et maudite qui gronde; C'est NĂ©mĂ©e, et Stymphale, et l'Afrique profonde C'est le fĂ©roce Atlas, c'est l'Athos plus hantĂ© Par les foudres qu'un lac par les mouches d'Ă©tĂ©; C'est Lerne, PĂ©lion, Ossa, c'est Ărymanthe, C'est Calydon funeste et noir, qui se lamente.*L'enfant regarde l'ombre oĂč sont les lions roux. La bĂȘte grince; Ă qui s'adresse ce courroux ? L'enfant jase; sait-on qui les enfants appellent ? Les deux voix, la tragique et la douce se mĂȘlent L'enfant est l'espĂ©rance et la bĂȘte est la faim; Et tous deux sont l'attente; il gazouille sans fin Et chante, et l'animal Ă©cume sans relĂąche; Ils ont chacun en eux un mystĂšre qui tĂąche De dire ce qu'il sait et d'avoir ce qu'il veut Leur langue est prise et cherche Ă dĂ©nouer le noeud. Se parlent-ils ? Chacun fait son essai, l'un triste L'autre charmant; l'enfant joyeusement existe; Quoique devant lui l'Ătre effrayant soit debout Il a sa mĂšre, il a sa nourrice, il a tout; Il rit.*De quelle nuit sortent ces deux Ă©bauches ? L'une sort de l'azur; l'autre de ces dĂ©bauches, De ces accouplements du nain et du gĂ©ant, De ce hideux baiser de l'abĂźme au nĂ©ant Qu'un nomme le cette cave immonde, Dont le soupirail blĂȘme apparaĂźt sous le monde, Le chaos, ces chocs noirs, ces danses d'ouragans, Les Ă©lĂ©ments gĂątĂ©s et devenus brigands Et changĂ©s en flĂ©aux dans le cloaque immense, Le rut universel Ă©pousant la dĂ©mence, La fĂ©condation de Tout produisant Rien, Cet engloutissement du vrai, du beau, du bien, Qu'OrphĂ©e appelle HadĂšs, qu'HomĂšre appelle ĂrĂšbe, Et qui rend fixe l'oeil fatal des sphinx de ThĂšbe, C'est cela, c'est la folle et mauvaise action Qu'en faisant le chaos fit la crĂ©ation, C'est l'attaque de l'ombre au soleil vĂ©nĂ©rable, C'est la convulsion du gouffre misĂ©rable Essayant d'opposer l'informe Ă l'idĂ©al, C'est Tisiphone offrant son ventre Ă BĂ©lial, C'est cet ensemble obscur de forces Ă©chappĂ©es OĂč les Ă©clairs font rage et tirent leurs Ă©pĂ©es, OĂč pĂ©rirent Janus, l'Ăąge d'or et RhĂ©a, Qui, si nous en croyons les mages, procrĂ©a L'animal; et la bĂȘte affreuse fut rugie Et vomie au milieu des nuits par cette de lĂ que nous vient le monstre lui, pur songeur rassurant et content, Est l'autre Ă©nigme; il sort de l'obscuritĂ© bleue. Tous les petits oiseaux, mĂ©sange, hochequeue, Fauvette, passereau, bavards aux fraĂźches voix, Sont ses frĂšres, tandis que ces marmots des bois Sentent pousser leur aile, il sent croĂźtre son Ăąme Des azurs embaumĂ©s de myrrhe et de cinname, Des entre-croisements de fleurs et de rayons, Ces Ă©blouissements sacrĂ©s que nous voyons Dans nos profonds sommeils quand nous sommes des justes, Un pĂȘle-mĂȘle obscur de branchages augustes Dont les anges au vol divin sont les oiseaux, Une lueur pareille au clair reflet des eaux Quand, le soir, dans l'Ă©tang les arbres se renversent, Des lys vivants, un ciel qui rit, des chants qui bercent, VoilĂ ce que l'enfant, rose, a derriĂšre lui. Il s'Ă©veille ici-bas, vaguement Ă©bloui; Il vient de voir l'Ă©den et Dieu; rien ne l'effraie, Il ne croit pas au mal; ni le loup, ni l'orfraie, Ni le tigre, dĂ©mon tachĂ©, ni ce trompeur, Le renard, ne le font trembler; il n'a pas peur, Il chante; et quoi de plus touchant pour la pensĂ©e Que cette confiance au paradis, poussĂ©e Jusqu'Ă venir tout prĂšs sourire au sombre enfer! Quel ange que l'enfant! Tout, le mal, sombre mer, Les hydres qu'en leurs flots roulent les vils avernes, Les griffes, ces forĂȘts, les gueules, ces cavernes, Les cris, les hurlements, les rĂąles, les abois, Les rauques visions, la fauve horreur des bois, Tout, Satan, et sa morne et fĂ©roce puissance, S'Ă©vanouit au fond du bleu de l'innocence! C'est beau. Voir Caliban et rester Ariel! Avoir dans son humble Ăąme un si merveilleux ciel Que l'apparition indignĂ©e et sauvage Des ĂȘtres de la nuit n'y fasse aucun ravage, Et se sentir si plein de lumiĂšre et si doux Que leur souffle n'Ă©teigne aucune Ă©toile en vous!*Et je rĂȘve. Et je crois entendre un dialogue Entre la tragĂ©die effroyable et l'Ă©glogue; D'un cĂŽtĂ© l'Ă©pouvante, et de l'autre l'amour; Dans l'une ni dans l'autre il ne fait encor jour; L'enfant semble vouloir expliquer quelque chose; La bĂȘte gronde, et, monstre inclinĂ© sur la rose, Ăcoute...-Et qui pourrait comprendre, ĂŽ firmament, Ce que le bĂ©gaiement dit au rugissement ?Quel que soit le secret, tout se dresse et mĂ©dite, La fleur bĂ©nie ainsi que l'Ă©pine maudite; Tout devient attentif; tout tressaille; un frisson Agite l'air, le flot, la branche, le buisson, Et dans les clairs-obscurs et dans les crĂ©puscules, Dans cette ombre oĂč jadis combattaient les Hercules, OĂč les BellĂ©rophons s'envolaient, oĂč planait L'immense Amos criant Un nouveau monde naĂźt! On sent on ne sait quelle Ă©motion sacrĂ©e, Et c'est, pour la nature oĂč l'Ă©ternel Dieu crĂ©e, C'est pour tout le mystĂšre un attendrissement Comme si l'on voyait l'aube au rayon calmant S'Ă©baucher par-dessus d'informes promontoires, Quand l'Ăąme blanche vient parler aux Ăąmes FACE DE LA BĂTE EST TERRIBLELa face de la bĂȘte est terrible; on y sent L'IgnorĂ©, l'Ă©ternel problĂšme Ă©blouissant Et tĂ©nĂ©breux, que l'homme appelle la Nature; On a devant soi l'ombre informe, l'aventure Et le joug, l'esclavage et la rĂ©bellion, Quand on voit le visage effrayant du lion; Le monstre orageux, rauque, effrĂ©nĂ©, n'est pas libre, stupeur! et quel est cet Ă©trange Ă©quilibre ComposĂ© de splendeur et d'horreur, l'univers, OĂč rĂšgne un JĂ©hovah dont Satan est l'envers; OĂč les astres, essaim lumineux et livide, Semblent pris dans un bagne, et fuyant dans le vide, Et jetĂ©s au hasard comme on jette les dĂ©s, Et toujours Ă la chaĂźne et toujours Ă©vadĂ©s ? Quelle est cette merveille effroyable et divine OĂč, dans l'Ă©den qu'on voit, c'est l'enfer qu'on devine, OĂč s'Ă©clipse, ĂŽ terreur, espoirs Ă©vanouis, L'infini des soleils sous l'infini des nuits, OĂč, dans la brute, Dieu disparaĂźt et s'efface ? Quand ils ont devant eux le monstre face Ă face, Les mages, les songeurs vertigineux des bois, Les prophĂštes blĂȘmis Ă qui parlent des voix, Sentent on ne sait quoi d'Ă©norme dans la bĂȘte; Pour eux l'amer rictus de cette obscure tĂȘte, C'est l'abĂźme, inquiet d'ĂȘtre trop regardĂ©, C'est l'Ă©ternel secret qui veut ĂȘtre gardĂ© Et qui ne laisse pas entrer dans ses mystĂšres La curiositĂ© des pĂąles solitaires; Et ces hommes, Ă qui l'ombre fait des aveux, Sentent qu'ici le sphinx s'irrite, et leurs cheveux Se dressent, et leur sang dans leurs veines se fige Devant le froncement de sourcil du SORTES D'ENFANTSToutes sortes d'enfants, blonds, lumineux, vermeils, Dont le bleu paradis visite les sommeils Quand leurs yeux sont fermĂ©s la nuit dans les alcĂŽves, Sont lĂ , groupĂ©s devant la cage aux bĂȘtes fauves; Ils ont sous les yeux l'Ă©lĂ©ment, Le gouffre, le serpent tordu comme un tourment, L'affreux dragon, l'onagre inepte, la panthĂšre, Le chacal abhorrĂ© des spectres, qu'il dĂ©terre, Le gorille, fantĂŽme et tigre, et ces bandits, Les loups, et les grands lynx qui tutoyaient jadis Les prophĂštes sacrĂ©s accoudĂ©s sur des bibles; Et, pendant que ce tas de prisonniers terribles Gronde, l'un vil forçat, l'autre arrogant proscrit, Que fait le groupe rose et charmant ? Il est lĂ qui gronde et les enfants admirent. Les voix Ă©pouvantables crient Tandis que cet essaim de fronts pleins de rayons, Presque ailĂ©, nous Ă©meut comme si nous voyions L'aube s'Ă©panouir dans une gĂ©orgique, Tandis que ces enfants chantent, un bruit tragique Va, chargĂ© de colĂšre et de rĂ©bellions Du cachot des vautours au bagne des le sourire frais des enfants cette douceur suprĂȘme, humble, ingĂ©nue, ObstinĂ©e, on s'Ă©tonne, et l'esprit stupĂ©fait Songe, comme aux vieux temps d'OrphĂ©e et de Japhet, Et l'on se sent glisser dans la spirale obscure Du vertige, oĂč tombaient Job, ThalĂšs, Ăpicure, OĂč l'on cherche Ă tĂątons quelqu'un, tĂ©nĂ©breux puits OĂč l'Ăąme dit RĂ©ponds! oĂč Dieu dit Je ne puis !Oh! si la conjecture antique Ă©tait fondĂ©e, Si le rĂȘve inquiet des mages de ChaldĂ©e, L'hypothĂšse qu'HermĂšs et Pythagore font, Si ce songe farouche Ă©tait le vrai profond; La bĂȘte parmi nous, si c'Ă©tait lĂ Tantale! Si la rĂ©alitĂ© redoutable et fatale C'Ă©tait ceci les loups, les boas, les mammons Masques sombres, cachant d'invisibles dĂ©mons! Oh! ces ĂȘtres affreux dont l'ombre est le repaire, Ces crĂąnes aplatis de tigre et de vipĂšre, Ces vils fronts Ă©crasĂ©s par le talon divin, L'ours, rĂȘveur noir, le singe, effroyable sylvain, Ces rictus convulsifs, ces faces insensĂ©es, Ces stupides instincts menaçant nos pensĂ©es, Ceux-ci pleins de l'horreur nocturne des forĂȘts, Ceux-lĂ , fuyants aspects, flottants, confus, secrets, Sur qui la mer rĂ©pand ses moires et ses nacres, Ces larves, ces passants des bois, ces simulacres, Ces vivants dans la tombe animale engloutis, Ces fantĂŽmes ayant pour loi les appĂ©tits, Ciel bleu! s'il Ă©tait vrai que c'est lĂ ce qu'on nomme Les damnĂ©s, expiant d'anciens crimes chez l'homme, Qui, sortis d'une vie antĂ©rieure, ayant Dans les yeux la terreur d'un passĂ© foudroyant, Viennent, balbutiant d'Ă©pouvante et de haine, Dire au milieu de nous les mots de la gĂ©henne, Et qui tĂąchent en vain d'exprimer leur tourment A notre verbe avec le sourd rugissement; Tas de forçats qui grince et gronde, aboie et beugle; Muets hurlants qu'Ă©claire un flamboiement aveugle; Oh! s'ils Ă©taient lĂ . nus sous le destin de fer, MĂ©ditant vaguement sur l'Ă©ternel enfer; Si ces mornes vaincus de la nature immense Se croyaient Ă jamais bannis de la clĂ©mence; S'ils voyaient les soleils s'Ă©teindre par degrĂ©s, Et s'ils n'Ă©taient plus rien que des dĂ©sespĂ©rĂ©s; Oh! dans l'accablement sans fond, quand tout se brise, Quand tout s'en va, refuse et fuit, quelle surprise, Pour ces ĂȘtres mĂ©chants et tremblants Ă la fois, D'entendre tout Ă coup venir ces jeunes voix! Quelqu'un est lĂ ! Qui donc? On parle! ĂŽ noir problĂšme! Une blancheur paraĂźt sur la muraille blĂȘme OĂč chancelle l'obscure et morne vision. Le lĂ©viathan voit accourir l'alcyon! Quoi ! le dĂ©luge voit arriver la colombe! La clartĂ© des berceaux filtre Ă travers la tombe Et pĂ©nĂštre d'un jour clĂ©ment les condamnĂ©s! Les spectres ne sont point haĂŻs des nouveau-nĂ©s! Quoi! l'araignĂ©e immense ouvre ses sombres toiles! Quel rayon qu'un regard d'enfant, saintes Ă©toiles! Mais puisqu'on peut entrer, on peut donc s'en aller! Tout n'est donc pas fini ! L'azur vient nous parler! Le ciel est plus cĂ©leste en ces douces prunelles! C'est quand Dieu, pour venir des voĂ»tes Ă©ternelles Jusqu'Ă la terre, triste et funeste milieu, Passe Ă travers l'enfant qu'il est tout Ă fait Dieu! Quoi ! le plafond difforme aurait une fenĂȘtre! On verrait l'impossible espĂ©rance renaĂźtre ! Quoi! l'on pourrait ne plus mordre, ne plus grincer! Nous reprĂ©sentons-nous ce qui peut se passer Dans les craintifs cerveaux des bĂȘtes formidables ? De la lumiĂšre au bas des gouffres insondables! Une intervention de visages divins! La torsion du mal dans les brĂ»lants ravins De l'enfer misĂ©rable est soudain apaisĂ©e Par d'innocents regards purs comme la rosĂ©e! Quoi! l'on voit des yeux luire et l'on entend des pas! Est-ce que nous savons s'ils ne se mettent pas, Ces monstres, Ă songer, sitĂŽt la nuit venue, S'appelant, stupĂ©faits de cette aube inconnue Qui se lĂšve sur l'Ăąpre et sĂ©vĂšre horizon ? Du pardon vĂ©nĂ©rable ils ont le saint frisson; Il leur semble sentir que les chaĂźnes les quittent; Les Ă©chevĂšlements des criniĂšres mĂ©ditent; L'enfer, cette ruine, est moins trouble et moins noir; Et l'oeil presque attendri de ces captifs croit voir Dans un pur demi-jour qu'un ciel lointain azure Grandir l'ombre d'un temple au seuil de la masure. Quoi! l'enfer finirait! l'ombre entendrait raison! clĂ©mence! ĂŽ lueur dans l'Ă©norme prison! On ne sait quelle attente Ă©meut ces coeurs promesse au fond du sourire des anges !JEANNE ENDORMIEElle dort; ses beaux yeux se rouvriront demain; Et mon doigt qu'elle tient dans l'ombre emplit sa main; Moi, je lis, ayant soin que rien ne la rĂ©veille, Des journaux pieux; tous m'insultent; l'un conseille De mettre Ă Charenton quiconque lit mes vers; L'autre voue au bĂ»cher mes ouvrages pervers; L'autre, dont une larme humecte les paupiĂšres, Invite les passants Ă me jeter des pierres; Mes Ă©crits sont un tas lugubre et vĂ©nĂ©neux OĂč tous les noirs dragons du mal tordent leurs noeuds; L'autre croit Ă l'enfer et m'en dĂ©clare apĂŽtre; L'un m'appelle Antechrist, l'autre Satan, et l'autre Craindrait de me trouver le soir au coin d'un bois; L'un me tend la ciguĂ« et l'autre me dit Bois! J'ai dĂ©moli le Louvre et tuĂ© les otages; Je fais rĂȘver au peuple on ne sait quels partages; Paris en flamme envoie Ă mon front sa rougeur; Je suis incendiaire, assassin, Ă©gorgeur, Avare, et j'eusse Ă©tĂ© moins sombre et moins sinistre Si l'empereur m'avait voulu faire ministre; Je suis l'empoisonneur public, le meurtrier; Ainsi viennent en foule autour de moi crier Toutes ces voix jetant l'affront, sans fin, sans trĂȘve; Cependant l'enfant dort, et, comme si son rĂȘve Me disait-Sois tranquille, ĂŽ pĂšre, et sois clĂ©ment!- Je sens sa main presser la mienne AGE ET BAS AGE MĂLĂSIMon Ăąme est faite ainsi que jamais ni l'idĂ©e, Ni l'homme, quels qu'ils soient, ne l'ont intimidĂ©e; Toujours mon coeur, qui n'a ni bible ni koran, DĂ©daigna le sophiste et brava le tyran; Je suis sans Ă©pouvante Ă©tant sans convoitise; La peur ne m'Ă©teint pas et l'honneur seul m'attise; J'ai l'ankylose altiĂšre et lourde du rocher; Il est fort malaisĂ© de me faire marcher Par dĂ©sir en avant ou par crainte en arriĂšre; Je rĂ©siste Ă la force et cĂšde Ă la priĂšre, Mais les biens d'ici-bas font sur moi peu d'effet; Et je dĂ©clare, amis, que je suis satisfait, Que mon ambition suprĂȘme est assouvie, Que je me reconnais payĂ© dans cette vie, Et que les dieux clĂ©ments ont comblĂ© tous mes veux. Tant que sur cette terre, oĂč vraiment je ne veux Ni socle olympien, ni colonne trajane, On ne m'ĂŽtera pas le sourire de SUR LE BERCEAUJe veille. Ne crains rien. J'attends que tu t'endormes. Les anges sur ton front viendront poser leurs bouches. Je ne veux pas sur toi d'un rĂȘve ayant des formes Farouches;Je veux qu'en te voyant lĂ , ta main dans la mienne, Le vent change son bruit d'orage en bruit de lyre. Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne poĂšte est penchĂ© sur les berceaux qui tremblent; Il leur parle, il leur dit tout bas de tendres choses, Il est leur amoureux, et ses chansons ressemblent Aux est plus pur qu'avril embaumant la pelouse Et que mai dont l'oiseau vient piller la corbeille; Sa voix est un frisson d'Ăąme, Ă rendre jalouse L'abeille;Il adore ces nids de soie et de dentelles; Son coeur a des gaĂźtĂ©s dans la fraĂźche demeure Qui font rire aux Ă©clats avec des douceurs telles Qu'on pleure;Il est le bon semeur des fraĂźches allĂ©gresses; Il rit. Mais si les rois et leurs valets sans nombre Viennent, s'il voit briller des prunelles tigresses Dans l'ombre,S'il voit du Vatican, de Berlin ou de Vienne Sortir un guet-apens, une horde, une bible, Il se dresse, il n'en faut pas plus pour qu'il devienne voit ce basilic, Rome, ou cette araignĂ©e, Ignace, ou ce vautour, Bismarck, faire leur crime, Il gronde, il sent monter dans sa strophe indignĂ©e L' dit. Plus de chansons. L'avenir qu'il rĂ©clame, Les peuples et leur droit, les rois et leur bravade, Sont comme un tourbillon de tempĂȘte oĂč cette Ăąme S' accourt. Reviens, France, Ă ta fiertĂ© premiĂšre! DĂ©livrance! Et l'on voit cet homme qui se lĂšve Ayant Dieu dans le coeur et dans l'oeil la lumiĂšre Du sa pensĂ©e, errante alors comme les proues Dans l'onde et les drapeaux dans les noires mĂȘlĂ©es, Est un immense char d'aurore avec des roues CICATRICEUne croĂ»te assez laide est sur la cicatrice. Jeanne l'arrache, et saigne, et c'est lĂ son caprice; Elle arrive, montrant son doigt presque en lambeau. -J'ai, me dit-elle, ĂŽtĂ© la peau de mon Je la gronde, elle pleure, et, la voyant en larmes, Je deviens la paix, je rends les armes, Jeanne, Ă condition que tu me Alors la douce enfant s'est jetĂ©e en mes bras, Et m'a dit, de son air indulgent et suprĂȘme -Je ne me ferai plus de mal, puisque je t' Et nous voilĂ contents, en ce tendre abandon, Elle de ma clĂ©mence et moi de son TAPEla petite main sort une grosse tape. -Grand-pĂšre, grondez-la! Quoi! c'est vous qu'elle frappe! Vous semblez avec plus d'amour la regarder! Grondez donc! - L'aĂŻeul dit -Je ne puis plus gronder! Que voulez-vous ? Je n'ai gardĂ© que le sourire. Quand on a vu Judas trahir, NĂ©ron proscrire, Satan vaincre, et rĂ©gner les fourbes tĂ©nĂ©breux, Et quand on a vidĂ© son coeur profond sur eux; Quand on a dĂ©pensĂ© la sinistre colĂšre; Quand, devant les forfaits que l'Ă©glise tolĂšre, Que la chaire salue et que le prĂȘtre admet, On a rugi, debout sur quelque Ăąpre sommet; Quand sur l'invasion monstrueuse du parthe, Quand sur les noirs serments vomis par Bonaparte, Quand sur l'assassinat des lois et des vertus, Sur Paris sans BarbĂšs, sur Rome sans Brutus, Sur le tyran qui flotte et sur l'Ă©tat qui sombre, Triste, on a fait planer l'immense strophe sombre; Quand on a remuĂ© le plafond du cachot; Lorsqu'on a fait sortir tout le bruit de lĂ -haut, Les imprĂ©cations, les Ă©clairs, les huĂ©es De la caverne affreuse et sainte des nuĂ©es; Lorsqu'on a, dans des jours semblables Ă des nuits, RoulĂ© toutes les voix du gouffre, les ennuis Et les cris, et les pleurs pour la France trahie, Et l'ombre, et JuvĂ©nal, augmentĂ© d'IsaĂŻe, Et des Ă©croulements d'iambes furieux Ainsi que des rochers de haine dans les cieux; Quand on a chĂątiĂ© jusqu'aux morts dans leurs tombes; Lorsqu'on a puni l'aigle Ă cause des colombes, Et souffletĂ© Nemrod, CĂ©sar, NapolĂ©on, Qu'on a questionnĂ© mĂȘme le PanthĂ©on, Et fait trembler parfois cette haute bĂątisse; Quand on a fait sur terre et sous terre justice, Et qu'on a nettoyĂ© de miasmes l'horizon, Dame! on rentre un peu las, c'est vrai, dans sa maison; On ne se fĂąche pas des mouches familiĂšres; Les lĂ©gers coups de bec qui sortent des voliĂšres, Le doux rire moqueur des nids mĂ©lodieux, Tous ces petits dĂ©mons et tous ces petits dieux Qu'on appelle marmots et bambins, vous enchantent; MĂȘme quand on les sent vous mordre, on croit qu'ils chantent. Le pardon, quel repos! Soyez Dante et Caton Pour les puissants, mais non pour les petits. Va-t-on Faire la grosse voix contre ce frais murmure ? Va-t-on pour les moineaux endosser son armure ? Bah ! contre de l'aurore est-ce qu'on se dĂ©fend ? Le tonnerre chez lui doit ĂȘtre bon JEANNE, DONT JE SUIS DOUCEMENT INSENCĂMa Jeanne, dont je suis doucement insensĂ©, Ătant femme, se sent reine; tout l'A B C Des femmes, c'est d'avoir des bras blancs, d'ĂȘtre belles, De courber d'un regard les fronts les plus rebelles, De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons, Un sourire, Ă©blouir les coeurs les plus profonds, D'ĂȘtre, Ă cĂŽtĂ© de l'homme ingrat, triste et morose, Douces plus que l'azur, roses plus que la rose; Jeanne le sait; elle a trois ans, c'est l'Ăąge mĂ»r; Rien ne lui manque; elle est la fleur de mon vieux mur, Ma contemplation, mon parfum, mon ivresse; Ma strophe, qui prĂšs d'elle a l'air d'une pauvresse, L'implore, et reçoit d'elle un rayon; et l'enfant Sait dĂ©jĂ se parer d'un chapeau triomphant, De beaux souliers vermeils, d'une robe Ă©tonnante; Elle a des mouvements de mouche frissonnante; Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts, Et sa fraĂźche toilette, et son Ăąme au travers; Elle est de droit cĂ©leste et par devoir jolie; Et son commencement de rĂšgne est ma ĂTAIT AU PAIN SECJeanne Ă©tait au pain sec dans le cabinet noir, Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir, J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture, Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma citĂ©, Repose le salut de la sociĂ©tĂ© S'indignĂšrent, et Jeanne a dit d'une voix douce -Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce; Je ne me ferai plus griffer par le minet. Mais on s'est recriĂ©-Cette enfant vous connaĂźt; Elle sait Ă quel point vous ĂȘtes faible et lĂąche. Elle vous voit toujours rire quand on se fĂąche. Pas de gouvernement possible. A chaque instant L'ordre est troublĂ© par vous; le pouvoir se dĂ©tend; Plus de rĂšgle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrĂȘte. Vous dĂ©molissez j'ai baissĂ© la tĂȘte, Et j'ai dit-Je n'ai rien Ă rĂ©pondre Ă cela, J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-lĂ Qu'on a toujours conduit les peuples Ă leur perte. Qu'on me mette au pain le mĂ©ritez, certe, On vous y alors, dans son coin noir, M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux Ă voir, Pleins de l'autoritĂ© des douces crĂ©atures -Eh bien' moi, je t'irai porter des POUR FAIRE DANSER EN ROND LES PETITS ENFANTSGrand bal sous le tamarin. On danse et l'on tambourine. Tout bas parlent, sans chagrin, Mathurin Ă Mathurine, Mathurine Ă le soir, quel joyeux train ! Chantons Ă pleine poitrine Au bal plutĂŽt qu'au lutrin. Mathurin a Mathurine, Mathurine a comme au burin, L'arbre, au bord de l'eau marine, Est noir sur le ciel serein. Mathurin a Mathurine, Mathurine a le bois rĂŽde Isengrin. Le magister endoctrine Un moineau pillant le grain. Mathurin a Mathurine, Mathurine a l'herbe brin Ă brin, Le liĂšvre a dans la narine L'appĂ©tit du romarin, Mathurin a Mathurine, Mathurine a l'ormeau le pĂšlerin Demande Ă la pĂšlerine Un baiser pour un quatrain. Mathurin a Mathurine, Mathurine a un pli de terrain, Nous entendons la clarine Du cheval d'un voiturin. Mathurin a Mathurine, Mathurine a POT CASSĂciel! toute la Chine est par terre en morceaux! Ce vase pĂąle et doux comme un reflet des eaux, Couverts d'oiseaux, de fleurs, de fruits, et des mensonges De ce vague idĂ©al qui sort du bleu des songes, De ce vase unique, Ă©trange, impossible, engourdi, Gardant sur lui le clair de lune en plein midi, Qui paraissait vivant, oĂč luisait une flamme, Qui semblait presque un monstre et semblait presque une Ăąme, Mariette, en faisant la chambre, l'a poussĂ© Du coude par mĂ©garde, et le voilĂ brisĂ© ! Beau vase! Sa rondeur Ă©tait de rĂȘves pleine, Des boeufs d'or y broutaient des prĂ©s de porcelaine. Je l'aimais, je l'avais achetĂ© sur les quais, Et parfois aux marmots pensifs je l'expliquais. Voici l'Yak; voici le singe quadrumane; Ceci c'est un docteur peut-ĂȘtre, ou bien un Ăąne; Il dit la messe, Ă moins qu'il ne dise hi-han; Ăa c'est un mandarin qu'on nomme aussi kohan; Il faut qu'il soit savant, puisqu'il a ce gros ventre. Attention, ceci, c'est le tigre en son antre, Le hibou dans son trou, le roi dans son palais, Le diable en son enfer; voyez comme ils sont laids ! Les monstres, c'est charmant, et les enfants le sentent. Des merveilles qui sont des bĂȘtes les enchantent. Donc, je tenais beaucoup Ă ce vase. Il est mort. J'arrivai furieux, terrible, et tout d'abord -Qui donc a fait cela ? criai-je. Sombre entrĂ©e! Jeanne alors, remarquant Mariette effarĂ©e, Et voyant ma colĂšre et voyant son effroi, M'a regardĂ© d'un air d'ange, et m'a dit-C'est JEANNE Ă MARIETTE A DITEt Jeanne Ă Mariette a dit-Je savais bien Qu'en rĂ©pondant c'est moi, papa ne dirait rien. Je n'ai pas peur de lui puisqu'il est mon grand-pĂšre. Vois-tu, papa n'a pas le temps d'ĂȘtre en colĂšre, Il n'est jamais beaucoup fĂąchĂ©, parce qu'il faut Qu'il regarde les fleurs, et quand il fait bien chaud Il nous dit N'allez pas au grand soleil nu-tĂȘte, Et ne vous laissez pas piquer par une bĂȘte, Courez, ne tirez pas le chien par son collier, Prenez garde aux faux pas dans le grand escalier, Et ne vous cognez pas contre les coins des marbres. Jouez. Et puis aprĂšs il s'en va dans les PARDONNERTout pardonner, c'est trop; tout donner, c'est beaucoup ! Eh bien, je donne tout et je pardonne tout Aux petits; et votre oeil sĂ©vĂšre me contemple. Toute cette clĂ©mence est de mauvais exemple. Faire de l'amnistie en chambre est pĂ©rilleux. Absoudre des forfaits commis par des yeux bleus Et par des doigts vermeils et purs, c'est effroyable. Si cela devenait contagieux, que diable! Il faut un peu songer Ă la sociĂ©tĂ©. La fĂ©rocitĂ© sied Ă la paternitĂ©; Le sceptre doit avoir la trique pour compagne; L'idĂ©al, c'est un Louvre appuyĂ© sur un bagne; Le bien doit ĂȘtre fait par une main de fer. Quoi! si vous Ă©tiez Dieu, vous n'auriez pas d'enfer? Presque pas. Vous croyez que je serais bien aise De voir mes enfants cuire au fond d'une fournaise ? Eh bien ! non. Ma foi non! J'en fais mea-culpa; PlutĂŽt que Sabaoth je serais Grand-papa. Plus de religion alors ? Comme vous dites. Plus de sociĂ©tĂ© ? Retour aux troglodytes, Aux sauvages, aux gens vĂȘtus de peaux de loups ? Non, retour au vrai Dieu, distinct du Dieu jaloux, Retour Ă la sublime innocence premiĂšre, Retour Ă la raison, retour Ă la lumiĂšre ! Alors, vous ĂȘtes fou, grand-pĂšre. J'y consens. Tenez, messieurs les forts et messieurs les puissants, DĂ©fiez-vous de moi, je manque de vengeance. Qui suis-je ? Le premier venu, plein d'indulgence, PrĂ©fĂ©rant la jeune aube Ă l'hiver pluvieux, Homme ayant fait des lois, mais repentant et vieux, Qui blĂąme quelquefois, mais qui jamais ne damne, AutoritĂ© foulĂ©e aux petits pieds de Jeanne, Pas sĂ»r de tout savoir, en doutant mĂȘme un peu, Toujours tentĂ© d'offrir aux gens sans feu ni lieu Un coin du toit, un coin du foyer, moins sĂ©vĂšre Aux pĂ©chĂ©s qu'on honnit qu'aux forfaits qu'on rĂ©vĂšre, Capable d'avouer les ĂȘtres sans aveu. Ah ! ne m'Ă©levez pas au grade de bon Dieu! Voyez-vous, je ferais toutes sortes de choses Bizarres; je rirais; j'aurais pitiĂ© des roses, Des femmes, des vaincus, des faibles, des tremblants; Mes rayons seraient doux comme des cheveux blancs; J'aurais un arrosoir assez vaste pour faire NaĂźtre des millions de fleurs dans toute sphĂšre, Partout, et pour Ă©teindre au loin le triste enfer Lorsque je donnerais un ordre, il serait clair; Je cacherais le cerf aux chiens flairant sa piste; Qu'un tyran pĂ»t jamais se nommer mon copiste, Je ne le voudrais pas; je dirais Joie Ă tous! Mes miracles seraient ceci-Les hommes Jamais de de dĂ©luge . -Un croyant dans le prĂȘtre, un juste dans le juge. - Je serais bien coiffĂ© de brouillard, Ă©tant Dieu, C'est convenable; mais je me fĂącherais peu, Et je ne mettrais point de travers mon nuage Pour un petit enfant qui ne serait pas sage; Quand j'offrirais le ciel Ă vous, fils de Japhet, On verrait que je sais comment le ciel est fait; Je n'annoncerais point que les nocturnes toiles Laisseraient pĂȘle-mĂȘle un jour choir les Ă©toiles, Parce que j'aurais peur, si je vous disais ça, De voir Newton pousser le coude Ă Spinosa; Je ferais Ă Veuillot le tour Ă©pouvantable D'inviter JĂ©sus-Christ et Voltaire Ă ma table. Et de faire verser mon meilleur vin, hĂ©las, Par l'ami de Lazare Ă l'ami de Calas; J'aurais dans mon Ă©den, jardin Ă large porte, Un doux water-closet mystĂ©rieux, de sorte Qu'on puisse au paradis mettre le Syllabus; Je dirais aux rois Rois, vous ĂȘtes des abus, Disparaissez J'irais, clignant de la paupiĂšre, Rendre aux pauvres leurs sous sans le dire Ă Saint-Pierre, Et, sournois, je ferais des trous Ă son panier Sous l'Ă©norme tas d'or qu'il nomme son denier; Je dirais Ă l'abbĂ© Dupanloup Moins de zĂšle! Vous voulez Ă la Vierge ajouter la Pucelle, C'est cumuler, monsieur l'Ă©vĂȘque; apaisez-vous. Un JĂ©hovah trouvant que le peuple Ă genoux Ne vaut pas l'homme droit et debout, tĂȘte haute, Ce serait moi. J'aurais un pardon pour la faute, Mais je dirais TĂąchez de rester innocents. Et je demanderais aux prĂȘtres, non l'encens, Mais la vertu. J'aurais de la raison. En somme, Si j'Ă©tais le bon Dieu, je serais un bon CONCEPTIONVierge sainte, conçue sans pĂ©chĂ©! PriĂšre chrĂ©tienne.L'enfant partout. Ceci se passe aux Tuileries. Plusieurs Georges, plusieurs Jeannes, plusieurs Maries; Un qui tette un qui dort; dans l'arbre un rossignol; Un grand dĂ©jĂ rĂȘveur qui voudrait voir Guignol; Une fille essayant ses dents dans une pomme; Toute la matinĂ©e adorable de l'homme; L'aube et polichinelle; on court, on jase, on rit; On parle Ă sa poupĂ©e, elle a beaucoup d'esprit; On mange des gĂąteaux et l'on saute Ă la corde. On me demande un sou pour un pauvre; j'accorde Un franc; merci, grand-pĂšre ! et l'on retourne au jeu, Et l'on grimpe, et l'on danse, et l'on chante. ciel bleu! C'est toi le cheval. Bien. Tu traĂźnes la charrette, Moi je suis le cocher. A gauche; Ă droite; arrĂȘte. Jouons aux quatre coins. Non; Ă colin-maillard. Leur clartĂ© sur son banc rĂ©chauffe le vieillard. Les bouches des petits sont de murmures pleines, Ils sont vermeils, ils ont plus de fraĂźches haleines Que n'en ont les rosiers de mai dans les ravins, Et l'aurore frissonne en leurs cheveux divins. Tout cela c'est cela c'est horrible! C'est le pĂ©chĂ© !Lisez nos missels, notre bible, L'abbĂ© Pluche, saint Paul, par Trublet annotĂ©, Veuillot, tout ce qui fait sur terre autoritĂ©. Une conception seule est immaculĂ©e; Tous les berceaux sont noirs, hors la crĂšche Ă©toilĂ©e; Ce grand lit de l'abĂźme, hymĂ©nĂ©e, est tachĂ©. OĂč l'homme dit Amour! le ciel rĂ©pond PĂ©chĂ©! Tout est souillure, et qui le nie est un athĂ©e. Toute femme est la honte, une seule ce tas d'enfants est un tas de forfaits! Oiseau qui fais ton nid, c'est le mal que tu fais. Ainsi l'ombre sourit d'une façon maligne Sur la douce couvĂ©e. Ainsi le bon Dieu cligne Des yeux avec le diable et dit Prends-moi cela! Et c'est mon crime, ĂŽ ciel, l'innocent que voilĂ ! Ainsi ce tourbillon de lumiĂšre et de joie, L'enfance, ainsi l'essaim d'Ăąmes que nous envoie L'amour mystĂ©rieux qu'avril Ă©panouit, Ces constellations d'anges dans notre nuit, Ainsi la bouche rose, ainsi la tĂȘte blonde, Ainsi cette prunelle aussi claire que l'onde, Ainsi ces petits pieds courant dans le gazon, Cette cohue aimable emplissant l'horizon Et dont le grand soleil qui rit semble ĂȘtre l'hĂŽte, C'est le fourmillement monstrueux de la faute! PĂ©chĂ© ! PĂ©chĂ© ! Le mal est dans les nouveau-nĂ©s. Oh ! quel sinistre affront! PrĂȘtres infortunĂ©s!Au milieu de la vaste aurore ils sont funĂšbres; DerriĂšre eux vient la chute informe des tĂ©nĂšbres. Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit. Le couple a tort, le fruit est vil, le germe nuit. De l'enfant qui la souille une mĂšre est suivie. Ils sont les justiciers de ce crime, la vie. Malheur! pas un hymen, non, pas mĂȘme le leur, Pas mĂȘme leur autel n'est pur. Malheur ! malheur! femmes, sur vos fronts ils mettent d'affreux doutes. Le couronnement d'une est l'outrage de toutes. DĂ©mence! ce sont eux les dĂ©sobĂ©issants. On ne sait quel crachat se mĂȘle Ă leur encens. la profonde insulte! ils jettent l'anathĂšme Sur l'oeil qui dit je vois! sur le coeur qui dit j'aime! Sur l'Ăąme en fĂȘte et l'arbre en fleur et l'aube en feu, Et sur l'immense joie Ă©ternelle de Dieu Criant Je suis le pĂšre! et sans borne et sans voile Semant l'enfant sur terre et dans le ciel l'Ă©toile!LES GRIFFONNAGES DE L'ĂCOLIERCharle a fait des dessins sur son livre de classe. Le thĂšme est fatigant au point, qu'Ă©tant trĂšs lasse, La plume de l'enfant n'a pu se reposer Qu'en faisant ce travail Ă©norme improviser Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques, Comme on en voit aux murs des alhambras moresques, Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux, Qui dĂ©vorent la phrase et qui rongent les mots, Et, le texte mangĂ©, viennent mordre les marges. Le nez du maĂźtre flotte au milieu de ces charges. Troublant le clair-obscur du vieux latin toscan, Dans la grande satire oĂč Rome est au carcan, Sur CĂ©sar, sur Brutus. sur les hautes mĂ©moires, Charle a tranquillement dispersĂ© ses grimoires. Ce chevreau, le caprice, a grimpĂ© sur les vers. Le livre, c'est l'endroit; l'Ă©colier, c'est l'envers. Sa gaĂźtĂ© s'est mĂȘlĂ©e, espiĂšgle, aux stigmates Du vengeur qui voulait s'enfuir chez les Sarmates. Les barbouillages sont Ă©tranges, profonds, drus. Les monstres! Les voilĂ perchĂ©s, l'un sur Codrus, L'autre sur NĂ©ron. L'autre Ă©gratigne un dactyle. Un pĂątĂ© fait son nid dans les branches du style. Un Ăąne, qui ressemble Ă monsieur Nisard, brait, Et s'achĂšve en hibou dans l'obscure forĂȘt; L'encrier sur lui coule, et, la tĂȘte inondĂ©e De cette pluie, il tient dans sa patte un spondĂ©e. Partout la main du rĂȘve a tracĂ© le dessin; Et c'est ainsi qu'au grĂ© de l'Ă©colier, l'essaim Des griffonnages, horde hostile aux belles-lettres, S'est envolĂ© parmi les sombres hexamĂštres. Jeu! songe ! on ne sait quoi d'enfantin, s'enlaçant Au poĂšme, lui donne un ineffable accent, Commente le chef-d'oeuvre, et l'on sent l'harmonie D'une naĂŻvetĂ© complĂ©tant un gĂ©nie. C'est un gĂ©ant ayant sur l'Ă©paule un marmot. Charle invente une fleur qu'il fait sortir d'un mot, Ou lĂąche un farfadet ailĂ© dans la broussaille Du rythme effarouchĂ© qui s'Ă©carte et tressaille. Un rond couvre une page. Est-ce un dĂŽme ? est-ce un oeuf ? Une belette en sort qui peut-ĂȘtre est un boeuf. Le gribouillage rĂšgne, et sur chaque vers pose Les vĂ©gĂ©tations de la mĂ©tamorphose. Charle a sur ce latin fait pousser un hallier. GrĂące Ă lui, ce vieux texte est un lieu singulier OĂč le hasard, l'ennui, le lazzi, la rature Dressent au second plan leur vague architecture. Son encre a fait la nuit sur le livre Ă©toilĂ©. Et pourtant, par instants, ce noir rĂ©seau brouillĂ©, A travers ses rameaux, ses porches, ses pilastres, Laisse passer l'idĂ©e et laisse voir les de cette façon que Charle a travaillĂ© Au dur chef-d'oeuvre antique, et qu'au bronze rouillĂ© Il a plaquĂ© le lierre, et dĂ©rangĂ© la masse Du masque Ă©norme avec une folle grimace. Il s'est bien amusĂ©. Quel bonheur d'Ă©colier! Traiter un fier gĂ©nie en monstre familier! Ătre avec ce lion comme avec un caniche ! Aux pĂ©dants, groupe triste et laid, faire une niche! Rendre agrĂ©able aux yeux, rĂ©jouissant, malin, Un livre estampillĂ© par monsieur Delalain! Gai, bondir Ă pieds joints par-dessus un poĂšme! Charle est trĂšs satisfait de son oeuvre, et lui-mĂȘme -L'oiseau voit le miroir et ne voit pas la glu- Il s' guetteur survient, homme absolu. Dans son oeil terne luit le pensum insalubre, Sa lĂšvre aux coins baissĂ©s porte en son pli lugubre Le rudiment, la loi, le refus des congĂ©s, Et l'auguste fureur des textes outragĂ©s. L'enfance veut des fleurs; on lui donne la roche. HĂ©las ! c'est le censeur du collĂšge. Il approche, Jette au livre un regard funeste, et dit, hautain -Fort bien. Vous copierez mille vers ce matin Pour manque de respect Ă vos livres d' Et ce geĂŽlier s'en va, laissant lĂ ce Latude. Or c'est prĂ©cisĂ©ment la rĂ©crĂ©ation. Ătre Ă neuf ans Tantale, Encelade, Ixion ! Voir autrui jouer! Ătre un banni, qu'on excepte ! Tourner du chĂątiment la manivelle inepte! Soupirer sous l'ennui, devant les cieux ouverts, Et sous cette montagne affreuse, mille vers! Charles sanglote, et dit-Ne pas jouer aux barres! Copier du latin! Je suis chez les C'est midi; le moment oĂč sur l'herbe on s'assied, L'heure sainte oĂč l'on doit sauter Ă cloche-pied; L'air est chaud, les taillis sont verts, et la fauvette S'y dĂ©barbouille, ayant la source pour cuvette; La cigale est lĂ -bas qui chante dans le blĂ©. L'enfant a droit aux champs. Charles songe accablĂ© Devant le livre, hĂ©las, tout noirci par ses crimes. Il croit confusĂ©ment ou r gronder les rimes D'un Boileau, qui s'entr'ouvre et bĂąille Ă ses cĂŽtĂ©s; Tous ces bouquins lui font l'effet d'ĂȘtre irritĂ©s. Aucun remords pourtant. Il a la tĂȘte haute. Ne sentant pas de honte, il ne voit pas de faute. -Suis-je donc en prison ? Suis-je donc le vassal De NoĂ«l, lĂąchement aggravĂ© par Chapsal ? Qu'est-ce donc que j'ai fait?-Triste, il voit passer l'heure De la joie. Il est seul. Tout l'abandonne. Il pleure. Il regarde, Ă©perdu, sa feuille de papier. Mille vers! Copier! Copier! Copier! Copier! pĂ©dant, c'est lĂ ce que tu tires Du bois oĂč l'on entend la flĂ»te des satyres, Tyran dont le sourcil, sitĂŽt qu'on te rĂ©pond, Se fronce comme l'onde aux arches d'un vieux pont! L'enfance a dĂšs longtemps inventĂ© dans sa rage La charrue Ă trois socs pour ce dur labourage. -Allons! dit-il, trichons les pions dĂ©loyaux! Et, farouche, il saisit sa plume Ă trois tuyaux. Soudain du livre immense une ombre, une Ăąme, un homme Sort, et dit-Nois, pour ton sequin, blanc ou jaune, Vil sou que tu crois prĂ©cieux, Dieu t'offre une Ă©toile des cieux Dans la main tendue Ă l' PROPOS DE LA LOI DITE LIBERTĂ DE L'ENSEIGNEMENTPrĂȘtres, vous complotez de nous sauver, Ă l'aide Des tĂ©nĂšbres, qui sont en effet le remĂšde Contre l'astre et le jour; Vous faites l'homme libre au moyen d'une chaĂźne; Vous avez dĂ©couvert cette vertu, la haine, Le crime Ă©tant l' ĂȘtes l'innombrable attaquant le sublime; L'esprit humain, colosse, a pour tĂȘte la cime Des hautes vĂ©ritĂ©s; Fatalement ce front qui se dresse dans l'ombre Attire Ă sa clartĂ© le fourmillement sombre Des dogmes vain le grand lion rugit, gronde, extermine; L'insecte vil s'acharne; et toujours la vermine Fit tout ce qu'elle put; Nous mĂ©prisons l'immonde essaim qui tourbillonne; Nous vous laissons bruire, et contre Babylone Insurger plus qu'on ne verrait sous l'assaut des cloportes Et l'effort des cirons tomber ThĂšbe aux cent portes Et Ninive aux cent tours, Pas plus qu'on ne verrait se dissiper le Pinde, Ou l'Olympe, ou l'immense Himalaya de l'Inde Sous un vol de vautour,On ne verra crouler sous vos battements d'ailes Voltaire et Diderot, ces fermes citadelles, Platon qu'Horace aimait, Et ce vieux Dante ouvert, au fond des cieux qu'il dore, Sur le noir passĂ©, comme une porte d'aurore Sur un sombre rocher, ce granit, ce mont, la pyramide, Debout dans l'ouragan sur le sable numide, HantĂ© par les esprits, S'aperçoit-il qu'il est, lui l'Ăąpre hiĂ©roglyphe, InsultĂ© par la fiente ou rayĂ© par la griffe De la chauve-souris ?Non, l'avenir ne peut mourir de vos morsures. Les flĂšches du matin sont divines et sĂ»res; Nous vaincrons, nous voyons! Erreurs, le vrai vous tue; ĂŽ nuit, le jour te vise; Et nous ne craignons pas que jamais l'aube Ă©puise Son carquois de soyez dĂ©daignĂ©s sous la voĂ»te Ă©ternelle. L'idĂ©al n'aura pas moins d'aube en sa prunelle Parce que vous vivrez. La rĂ©alitĂ© rit et pardonne au mensonge. Quant Ă moi, je serai satisfait, moi qui songe Devant les cieux sacrĂ©s,Tant que Jeanne sera mon guide sur la terre, Tant que Dieu permettra que j'aie, ĂŽ pur mystĂšre! En mon Ăąpre chemin, Ces deux bonheurs oĂč tient tout l'idĂ©al possible, Dans l'Ăąme un astre immense, et dans ma main paisible Une petite ENFANTS PAUVRESPrenez garde Ă ce petit ĂȘtre; Il est bien grand, il contient Dieu. Les enfants sont, avant de naĂźtre, Des lumiĂšres dans le ciel nous les offre en sa largesse; Ils viennent; Dieu nous en fait don; Dans leur rire il met sa sagesse Et dans leur baiser son douce clartĂ© nous effleure. HĂ©las, le bonheur est leur droit. S'ils ont faim, le paradis pleure. Et le ciel tremble, s'ils ont misĂšre de l'innocence Accuse l'homme vicieux. L'homme tient l'ange en sa puissance. Oh! quel tonnerre au fond des cieux,Quand Dieu, cherchant ces ĂȘtres frĂȘles Que dans l'ombre oĂč nous sommeillons Il nous envoie avec des ailes, Les retrouve avec des haillons!AUX CHAMPSJe me penche attendri sur les bois et les eaux, RĂȘveur, grand-pĂšre aussi des fleurs et des oiseaux; J'empĂȘche les enfants de maltraiter les roses; Je dis N'effarez point la plante et l'animal; Riez sans faire peur, jouez sans faire mal. Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles Ă©blouies, Rayonnent au milieu des fleurs Ă©panouies; J'erre, sans le troubler, dans tout ce paradis; Je les entends chanter, je songe, et je me dis Qu'ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages, Au bruit sombre que font en se tournant les pages Du mystĂ©rieux livre oĂč le sort est Ă©crit, Et qu'ils sont loin du prĂȘtre et prĂšs de L'IMMACULĂE CONCEPTIONAttendez. Je regarde une petite fille. Je ne la connais pas; mais cela chante et brille; C'est du rire, du ciel, du jour, de la beautĂ©, Et je ne puis passer froidement Ă cĂŽtĂ©. Elle n'a pas trois ans. C'est l'aube qu'on rencontre. Peut-ĂȘtre elle devrait cacher ce qu'elle montre, Mais elle n'en sait rien, et d'ailleurs c'est charmant. Cela, certes, ressemble au divin firmament Plus que la face auguste et jaune d'un Ă©vĂȘque. Le babil des marmots est ma bibliothĂšque; J'ouvre chacun des mots qu'ils disent, comme on prend Un livre, et j'y dĂ©couvre un sens profond et grand, SĂ©vĂšre quelquefois. Donc j'Ă©coute cet ange; Et ce gazouillement me rassure, me venge, M'aide Ă rire du mal qu'on veut me faire, Ă©teint Ma colĂšre, et vraiment m'empĂȘche d'ĂȘtre atteint Par l'ombre du hideux sombrero de Basile. Cette enfant est un coeur, une fĂȘte, un asile, Et Dieu met dans son souffle et Dieu mĂȘle Ă sa voix Toutes les fleurs des champs, tous les oiseaux des bois; Ma Jeanne, qui pourrait ĂȘtre sa soeur jumelle, TraĂźnait, l'Ă©tĂ© dernier, un chariot comme elle, L'emplissait, le vidait, riait d'un rire fou, Courait. Tous les enfants ont le mĂȘme joujou; Tous les hommes aussi. C'est bien, va, sois ravie, Et traĂźne ta charrette, en attendant la Ă Dieu! Toujours un enfant m'apaisa. Doux ĂȘtre ! voyez-moi les mains que ça vous a! Allons, remettez donc vos bas, mademoiselle. Elle est pieds nus, elle est barbouillĂ©e, elle est belle; Sa charrette est cassĂ©e, et, comme nous, ma foi, Elle se fait un char avec n'importe quoi. Tout est char de triomphe Ă l'enfant comme Ă l'homme. L'enfant aussi veut ĂȘtre un peu bĂȘte de somme Comme nous; il se fouette, il s'impose une loi; Il traĂźne son hochet comme nous notre roi; Seulement l'enfant brille oĂč le peuple se vautre. Bon, voici maintenant qu'on en amĂšne une autre; Une d'un an, sa soeur sans doute; un grand chapeau, Une petite tĂȘte, et des yeux! une peau ! Un sourire ! oh ! qu'elle est tremblante et dĂ©licate! Chef-d'oeuvre, montrez-moi votre petite patte. Elle allonge le pied et chante... c'est divin. Quand je songe, et Veuillot n'a pu le dire en vain, Qu'elles ont toutes deux la tache originelle! La Chute est leur vrai nom. Chacune porte en elle L'affreux venin d'Adam bon style Patouillet; Elles sont, sous le ciel qu'Eve jadis souillait, D'horribles pĂ©chĂ©s, faits d'une façon charmante; La beautĂ© qui s'ajoute Ă la faute l'augmente; Leur grĂące est un remords de plus pour le pĂ©cheur, Et leur mĂšre apparaĂźt, noire de leur blancheur; Ces enfants que l'aube aime et que la fleur encense, C'est la honte portant ce masque, l'innocence; Dans ces yeux purs, Trablet l'affirme en son sermon, Brille l'incognito sinistre du dĂ©mon; C'est le mal, c'est l'enfer, cela sort des abĂźmes! Soit. Laissez-moi donner des gĂąteaux Ă ces ET MĂREVoir la Jeanne de Jeanne! oh ! ce serait mon rĂȘve! Il est dans l'ombre sainte un ciel vierge oĂč se lĂšve Pour on ne sait quels yeux on ne sait quel soleil; Les Ăąmes Ă venir sont lĂ ; l'azur vermeil Les berce, et Dieu les garde, en attendant la vie; Car, pour l'Ăąme aux destins ignorĂ©s asservie, Il est deux horizons d'attente, sans combats, L'un avant, l'autre aprĂšs le passage ici-bas; Le berceau cache l'un, la tombe cache l'autre. Je pense Ă cette sphĂšre inconnue Ă la nĂŽtre OĂč, comme un pĂąle essaim confusĂ©ment joyeux, Des flots d'Ăąmes en foule ouvrent leurs vagues yeux; Puis, je regarde Jeanne, ange que Dieu pĂ©nĂštre, Et les petits garçons jouant sous ma fenĂȘtre, Toute cette gaĂźtĂ© de l'Ăąge sans douleur, Tous ces amours dans l'oeuf, tous ces Ă©poux en fleur; Et je mĂ©dite; et Jeanne entre, sort, court, appelle, TraĂźne son petit char, tient sa petite pelle, Fouille dans mes papiers, creuse dans le gazon, Saute et jase, et remplit de clartĂ© la maison; Son rire est le rayon, ses pleurs sont la rosĂ©e. Et dans vingt ans d'ici je jette ma pensĂ©e, Et de ce qui sera je me fais le tĂ©moin, Comme on jette une pierre avec la fronde au aurore n'est pas faite pour rester Ăąme de cette Ăąme enfantine est l'aĂŻeule, Et dans son jeune sort mon coeur pensif jour, un frais matin quelconque, Ă©blouissant, Ăpousera cette aube encor pleine d'Ă©toiles; Et quelque Ăąme, Ă cette heure errante sous les voiles OĂč l'on sent l'avenir en Dieu se reposer, Profitera pour naĂźtre ici-bas d'un baiser Que se donneront l'une Ă l'autre ces aurores. tendre oiseau des bois qui dans ton nid pĂ©rores, Voix Ă©parse au milieu des arbres palpitants Qui chantes la chanson sonore du printemps mĂ©sange, ĂŽ fauvette, ĂŽ tourterelle blanche, Sorte de rĂȘve ailĂ© fuyant de branche en branche, Doux murmure envolĂ© dans les champs embaumĂ©s, Je t'Ă©coute et je suis plein de songes. Aimez, Vous qui vivrez! Hymen ! chaste hymen! O nature! Jeanne aura devant elle alors son aventure, L'ĂȘtre en qui notre sort s'accroĂźt et s'interrompt; Elle sera la mĂšre au jeune et grave front; La gardienne d'une aube Ă qui la vie est due, Ăpouse responsable et nourrice Ă©perdue, La tendre Ăąme sĂ©vĂšre, et ce sera son tour De se pencher, avec un inquiet amour, Sur le frĂȘle berceau, cĂ©leste et diaphane; Ma Jeanne, ĂŽ rĂȘve ! azur! contemplera sa Jeanne; Elle l'empĂȘchera de pleurer, de crier, Et lui joindra les mains, et la fera prier, Et sentira sa vie Ă ce souffle mĂȘlĂ©e. Elle redoutera pour elle une gelĂ©e, Le vent, tout, rien. O fleur fragile du pĂȘcher! Et, quand le doux petit ange pourra marcher, Elle le mĂšnera jouer aux Tuileries; Beaucoup d'enfants courront sous les branches fleuries, MĂȘlant l'avril de l'homme au grand avril de Dieu; D'autres femmes, gaĂźment, sous le mĂȘme ciel bleu, Seront lĂ comme Jeanne, heureuses, rĂ©jouies Par cette Ă©closion d'Ăąmes Ă©panouies; Et, sur cette jeunesse inclinant leur beau front, Toutes ces mĂšres, soeurs devant Dieu, souriront Dans l'Ă©blouissement de ces roses sans je ne serai plus qu'un oeil profond dans l' voulez-vous? L'enfant me tient en sa puissance; Je finis par ne plus aimer que l'innocence; Tous les hommes sont cuivre et plomb, l'enfance est or. J'adore Astyanax et je gourmande Hector. Es-tu sĂ»r d'avoir fait ton devoir envers Troie ? Mon ciel est un azur, qui, par instants, foudroie. BontĂ©, fureur, c'est lĂ mon flux et mon reflux, Et je ne suis bornĂ© d'aucun cĂŽtĂ©, pas plus Quand ma bouche sourit que lorsque ma voix gronde; Je me sens plein d'une Ăąme Ă©toilĂ©e et profonde; Mon coeur est sans frontiĂšre, et je n'ai pas d'endroit OĂč finisse l'amour des petits, et le droit Des faibles, et l'appui qu'on doit aux misĂ©rables; Si c'est un mal, il faut me mettre aux Incurables. Je ne vois pas qu'allant du ciel au genre humain, Un rayon de soleil s'arrĂȘte Ă mi-chemin; La modĂ©ration du vrai m'est inconnue; Je veux le rire franc, je veux l'Ă©toile nue. Je suis vieux, vous passez, et moi, triste ou content, J'ai la paternitĂ© du siĂšcle sur l'instant. Trouvez-moi quelque chose, et quoi que ce puisse ĂȘtre D'extrĂȘme, appartenant Ă mon emploi d'ancĂȘtre, BlĂąme aux uns ou secours aux autres, je le fais. Un jour, je fus parmi les vainqueurs, j'Ă©touffais; Je sentais Ă quel point vaincre est impitoyable; Je pris la fuite. Un roc, une plage de sable M'accueillirent. La Mort vint me parler. " Proscrit, Me dit-elle, salut! " Et quelqu'un me sourit, Quelqu'un de grand qui rĂȘve en moi, ma conscience. Et j'aimai les enfants, ne voyant que l'enfance, ciel mystĂ©rieux, qui valĂ»t mieux que moi. L'enfant, c'est de l'amour et de la bonne foi. Le seul ĂȘtre qui soit dans cette sombre vie Petit avec grandeur puisqu'il l'est sans envie, C'est l' pourquoi j'aime ces passereaux.*Pourtant, ces myrmidons je les rĂȘve hĂ©ros. France, j'attends qu'ils soient au devoir saisissables. DĂšs que nos fils sont grands, je les sens responsables; Je cesse de sourire; et je me dis qu'il faut Livrer une bataille immense Ă l'Ă©chafaud, Au trĂŽne, au sceptre, au glaive, aux Louvres, aux repaires. Je suis tendre aux petits, mais rude pour les pĂšres. C'est ma façon d'aimer les hommes faits; je veux Qu'on pense Ă la patrie, empoignĂ©e aux cheveux Et par les pieds traĂźnĂ©e autour du camp vandale; Lorsqu'Ă Rome, Ă Berlin, la bĂȘte fĂ©odale RenaĂźt et rouvre, affront pour le soleil levant, Deux gueules qui d'ailleurs s'entremordent souvent, Je m'indigne. Je sens, ĂŽ suprĂȘme souffrance, La diminution tragique de la France, Et j'accuse quiconque a la barbe au menton; Quoi ! ce grand imbĂ©cile a l'Ăąge de Danton! Quoi! ce drĂŽle est Jocrisse et pourrait ĂȘtre Hoche! Alors l'aube Ă mes yeux surgit comme un reproche, Tout s'Ă©clipse, et je suis de la tombe envieux. Morne, je me souviens de ce qu'ont fait les vieux; Je songe Ă l'ocĂ©an assiĂ©geant les falaises, Au vaste Ă©croulement qui suit les Marseillaises, Aux portes de la nuit, aux Hydres, aux dragons, A tout ce que ces preux ont jetĂ© hors des gonds! Je les revois mĂȘlant aux Ă©clairs leur banniĂšre; Je songe Ă la joyeuse et farouche maniĂšre Dont ils tordaient l'Europe entre leurs poings d'airain; Oh! ces soldats du Nil, de l'Argonne et du Rhin, Ces lutteurs, ces vengeurs, je veux qu'on les imite! Je vous le dis, je suis un aĂŻeul sans limite; AprĂšs l'ange je veux l'archange au firmament; Moi grand-pĂšre indulgent, mais ancĂȘtre inclĂ©ment, Aussi doux d'un cĂŽtĂ© que sĂ©vĂšre de l'autre, J'aime la gloire Ă©norme et je veux qu'on s'y vautre Quand cette gloire est sainte et sauve mon pays! Dans les Herculanums et dans les Pompéïs Je ne veux pas qu'on puisse un jour compter nos villes; Je ne vois pas pourquoi les Ăąmes seraient viles; Je ne vois pas pourquoi l'on n'Ă©galerait pas Dans l'audace, l'effort, l'espoir, dans le trĂ©pas, Les hommes d'IĂ©na, d'Ulm et des Pyramides; Les vaillants ont-ils donc engendrĂ© les timides ? Non, vous avez du sang aux veines, jeunes gens! Nos aĂŻeux ont Ă©tĂ© des hĂ©ros outrageants Pour le vieux monde infĂąme; il reste de la place Dans l'avenir; soyez peuple et non populace; Soyez comme eux gĂ©ants! Je n'ai pas de raisons Pour ne point souhaiter les mĂȘmes horizons, Les mĂȘmes nations en chantant dĂ©livrĂ©es, Le mĂȘme arrachement des fers et des livrĂ©es, Et la mĂȘme grandeur sans tache et sans remords Ă nos enfants vivants qu'Ă nos ancĂȘtres morts!CHANSON DE GRAND-PĂREDansez, les petites filles, Toutes en rond. En vous voyant si gentilles, Les bois les petites reines, Toutes en rond. Les amoureux sous les frĂȘnes S' les petites belles, Toutes en rond. Les bouquins dans les Ă©coles les petites belles, Toutes en rond. Les oiseaux avec leurs ailes les petites fĂ©es, Toutes en rond. Dansez, de bleuets coiffĂ©es, L'aurore au les petites femmes, Toutes en rond. Les messieurs diront aux dames Ce qu'ils D'ANCĂTREParlons de nos aĂŻeux sous la verte feuillĂ©e. Parlons de nos pĂšres, fils!-Ils ont rompu leurs fers, Et vaincu; leur armure est aujourd'hui rouillĂ©e. Comme il tombe de l'eau d'une Ă©ponge mouillĂ©e, De leur Ăąme dans l'ombre il tombait des Ă©clairs, Comme si dans la foudre on les avait trempĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les craignaient le vin sombre et les pĂąles mĂ©nades; Ils Ă©taient indignĂ©s, ces vieux fils de Brennus, De voir les rois passer fiers sous les colonnades, Les cortĂšges des rois Ă©tant des promenades De prĂȘtres, de soldats, de femmes aux seins nus, D'hymnes et d'encensoirs, et de tĂȘtes coupĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les ont voulu, couvĂ©, créé la dĂ©livrance; Ils Ă©taient les titans, nous sommes les fourmis; Ils savaient que la Gaule enfanterait la France; Quand on a la hauteur, on a la confiance; Les montagnes, Ă qui le rayon est promis, Songent, et ne sont point par l'aurore trompĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les une ligue Ă©tait par les princes construite, Ils grondaient, et, pour peu que la chose en valĂ»t La peine, et que leur chef leur criĂąt Tout de suite ! Ils accouraient; alors les rois prenaient la fuite En hĂąte, et les chansons d'un vil joueur de luth Ne sont pas dans les airs plus vite dissipĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les du gouffre, ils ont dĂ©couronnĂ© le crime, BrisĂ© les autels noirs, dĂ©truit les dieux brigands; C'est pourquoi, moi vieillard, penchĂ© sur leur abĂźme, Je les dĂ©clare grands, car rien n'est plus sublime Que l'ocĂ©an avec ses profonds ouragans, Si ce n'est l'homme avec ses sombres Ă©popĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les sur leur flambeau, nous leurs fils, nous soufflĂąmes. Fiers aĂŻeux! ils disaient au faux prĂȘtre Va-t'en ! Du bĂ»cher misĂ©rable ils Ă©teignaient les flammes, Et c'est par leur secours que plusieurs grandes Ăąmes, Mises injustement au bagne par Satan, Tu le sais, Dieu! se sont de l'enfer Ă©chappĂ©es. Frappez, Ă©coliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les vos fronts; voyez oe pur sommet, la gloire, Ils Ă©taient lĂ ; voyez cette cime, l'honneur, Ils Ă©taient lĂ ; voyez ce hautain promontoire, La libertĂ©; mourir libres fut leur victoire; Il faudra, car l'orgie est un lĂąche bonheur, Se remettre Ă gravir ces pentes escarpĂ©es. Frappez, chevaliers, Avec les Ă©pĂ©es Sur les ENDORMIEL'oiseau chante; je suis au fond des elle est lĂ qui dort sous les branches fleuries, Dans son berceau tremblant comme un nid d'alcyon, Douce, les yeux fermĂ©s, sans faire attention Au glissement de l'ombre et du soleil sur elle. Elle est toute petite, elle est surnaturelle. suprĂȘme beautĂ© de l'enfant innocent! Moi je pense, elle rĂȘve; et sur son front descend Un entrelacement de visions sereines; Des femmes de l'azur qu'on prendrait pour des reines, Des anges, des lions ayant des airs benins, De pauvres bons gĂ©ants protĂ©gĂ©s par des nains, Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophĂ©es D'arbres cĂ©lestes, pleins de la lueur des fĂ©es, Un nuage oĂč l'Ă©den apparaĂźt Ă demi, VoilĂ ce qui s'abat sur l'enfant endormi. Le berceau des enfants est le palais des songes; Dieu se met Ă leur faire un tas de doux mensonges; De lĂ leur frais sourire et leur profonde paix. Plus d'un dira plus tard Bon Dieu, tu me le bon Dieu rĂ©pond dans la profondeur sombre -Non. Ton rĂȘve est le ciel. Je t'en ai donnĂ© l'ombre. Mais ce ciel, tu l'auras. Attends l'autre berceau; La Ainsi je songe. printemps! Chante, oiseau!QUE LES PETITS LIRONT QUAND ILS SERONT GRANDSPATRIEFrance, ton malheur m'indigne et m'est sacrĂ©. Je l'ai dit, et jamais je ne me lasserai De le redire, et c'est le grand cri de mon Ăąme, Quiconque fait du mal Ă ma mĂšre est infĂąme. En quelque lieu qu'il soit cachĂ©, tous mes souhaits Le menacent; sur terre ou lĂ -haut, je le hais. CĂ©sar, je le flĂ©tris; destin, je le secoue. Je questionne l'ombre et je fouille la boue; L'empereur, ce brigand, le hasard, ce bandit, Eveillent ma colĂšre; et ma strophe maudit Avec des pleurs sanglants, avec des cris funĂšbres, Le sort, ce mauvais drĂŽle errant dans les tĂ©nĂšbres; Je rappelle la nuit, le gouffre, le ciel noir, Et les Ă©vĂ©nements farouches, au devoir. Je n'admets pas qu'il soit permis aux sombres causes Qui mĂȘlent aux droits vrais l'aveuglement des choses De faire rebrousser chemin Ă la raison; Je dĂ©nonce un revers qui vient par trahison; Quand la gloire et l'honneur tombent dans une embĂ»che, J'affirme que c'est Dieu lui-mĂȘme qui trĂ©buche; J'interpelle les faits tortueux et rampants, La victoire, l'hiver, l'ombre et ses guet-apens; Je dis Ă ces passants quelconques de l'abĂźme Que je les vois, qu'ils sont en train de faire un crime, Que nous ne sommes point des femmes Ă genoux, Que nous rĂ©flĂ©chissons, qu'ils prennent garde Ă nous, Que ce n'est pas ainsi qu'on doit traiter la France, Et que, mĂȘme tombĂ©e au fond de la souffrance, MĂȘme dans le sĂ©pulcre, elle a l'Ă©toile au front. Je voudrais bien savoir ce qu'ils me rĂ©pondront. Je suis un curieux, et je gĂȘnerai, certe, Le destin qu'un regard sĂ©vĂšre dĂ©concerte, Car on est responsable au ciel plus qu'on ne croit. Quand le progrĂšs devient boiteux, quand Dieu dĂ©croĂźt En apparence, ayant sur lui la nuit barbare, Quand l'homme est un esquif dont Satan prend la barre, Il est certain que l'Ăąme humaine est au cachot, Et qu'on a dĂ©rangĂ© quelque chose lĂ -haut. C'est pourquoi je demande Ă l'ombre la parole. Je ne suis pas de ceux dont la fiertĂ© s'envole, Et qui, pour avoir vu rĂ©gner des ruffians Et des gueux, cessent d'ĂȘtre Ă leur droit confiants; Je lave ma sandale et je poursuis ma route; Personne n'a jamais vu mon Ăąme en dĂ©route; Je ne me trouble point parce qu'en ses reflux Le vil destin sur nous jette un Rosbach de plus; La dĂ©faite me fait songer Ă la victoire; J'ai l'obstination de l'altiĂšre mĂ©moire; Notre linceul toujours eut la vie en ses plis; Quand je lis Waterloo, je prononce Austerlitz. Le deuil donne un peu plus de hauteur Ă ma tĂȘte. Mais ce n'est pas assez, je veux qu'on soit honnĂȘte LĂ -haut, et je veux voir ce que les destins font Chez eux, dans la forĂȘt du mystĂšre profond, Car ce qu'ils font chez eux, c'est chez nous qu'on le souffre. Je prĂ©tends regarder face Ă face le gouffre. Je sais que l'ombre doit rendre compte aux esprits. Je dĂ©sire savoir pourquoi l'on nous a pris Nos villes, notre armĂ©e, et notre force utile; Et pourquoi l'on filoute et pourquoi l'on mutile L'immense peuple aimant d'oĂč sortent les clartĂ©s; Je veux savoir le fond de nos calamitĂ©s, Voir le dedans du sort misĂ©rable, et connaĂźtre Ces recoins oĂč trop peu de lumiĂšre pĂ©nĂštre; Pourquoi l'assassinat du Midi par le Nord, Pourquoi Paris vivant vaincu par Berlin mort, Pourquoi le bagne Ă l'ange et le trĂŽne au squelette; France, je prĂ©tends mettre sur la sellette La guerre, les combats, nos affronts, nos malheurs, Et je ferai vider leur poche Ă ces voleurs, Car juger le hasard, c'est le droit du prophĂšte. J'affirme que la loi morale n'est pas faite Pour qu'on souffle dessus lĂ -haut, dans la hauteur, Et qu'un Ă©vĂ©nement peut ĂȘtre un malfaiteur. J'avertis l'inconnu que je perds patience; Et c'est lĂ la grandeur de notre conscience Que, seule et triste, ayant pour appui le berceau, L'innocence, le droit des faibles, le roseau, Elle est terrible; elle a, par ce seul mot Justice, EntrĂ©e au ciel; et, si la comĂšte au solstice S'Ă©gare, elle pourrait lui montrer son chemin; Elle requiert Dieu mĂȘme au nom du genre humain; Elle est la vĂ©ritĂ©, blanche, pĂąle, immortelle; Pas une force n'est la force devant elle; Les lois qu'on ne voit pas penchent de son cĂŽtĂ©; Oui, c'est lĂ la puissance et c'est lĂ la beautĂ© De notre conscience,-Ă©coute ceci, prĂȘtre,- Qu'elle ne comprend pas qu'un attentat puisse ĂȘtre Par quelqu'un qui serait juste, prĂ©mĂ©ditĂ©; Oui, sans armes, n'ayant que cette nuditĂ©, Le vrai, quand un Ă©clair tombe mal sur la terre, Quand un des coups obscurs qui sortent du mystĂšre Frappe Ă tĂątons, et met les peuples en danger, S'il lui plaisait d'aller lĂ -haut l'interroger Au milieu de cette ombre Ă©norme qu'on vĂ©nĂšre, Tranquille, elle ferait bĂ©gayer le Allons au but, continuons. Les choses, Quand l'homme tient la clef, ne sont pas longtemps closes. Peut-ĂȘtre qu'elle-mĂȘme, ouvrant ses pĂąles yeux, La nuit, lasse du mal, ne demande pas mieux Que de trouver celui qui saura la convaincre. Le devoir de l'obstacle est de se laisser nous craint et recule en grondant Regardons les penseurs de l'Ăąge prĂ©cĂ©dent, Ces hĂ©ros, ces gĂ©ants qu'une mĂȘme Ăąme anime, DĂ©tachĂ©s par la mort de leur travail sublime, Passer, les pieds poudreux et le front Ă©toilĂ©; Saluons la sueur du relais dĂ©telĂ©; Et marchons. Nous aussi, nous avons notre Ă©tape. Le pied de l'avenir sur notre pavĂ© frappe; En route! Poursuivons le chemin commencĂ©; Augmentons l'Ă©paisseur de l'ombre du passĂ©; Laissons derriĂšre nous, et le plus loin possible, Toute l'antique horreur de moins en moins visible. DĂ©jĂ le prĂ©curseur dans ces brumes brilla; Platon vint jusqu'ici, Luther a montĂ© lĂ ; Voyez, de grands rayons marquent de grands passages; L'ombre est pleine partout du flamboiement des sages; Voici l'endroit profond oĂč Pascal s'est penchĂ©. Criant gouffre! Jean-Jacque oĂč je marche a marchĂ©; C'est lĂ que, s'envolant lui-mĂȘme aux cieux, Voltaire, Se sentant devenir sublime, a perdu terre, Disant Je vois! ainsi qu'un prophĂšte Ă©bloui. Luttons, comme eux; luttons, le front Ă©panoui; Marchons! un pas qu'on fait, c'est un champ rĂ©vĂšle; DĂ©chiffrons dans les temps nouveaux la loi nouvelle; Le coeur n'est jamais sourd, l'esprit n'est jamais las, Et la route est ouverte aux fiers ! vivez, marchez, croyez! soyez tranquilles. -Mais quoi! le rĂąle sourd des discordes civiles, Ces siĂšcles de douleurs, de pleurs, d'adversitĂ©s, HĂ©las! tous ces souffrants, tous ces dĂ©shĂ©ritĂ©s, Tous ces proscrits, le deuil, la haine universelle, Tout ce qui dans le fond des Ăąmes s'amoncelle, Cela ne va-t-il pas Ă©clater tout Ă coup ? La colĂšre est partout, la fureur est partout; Les cieux sont noirs; voyez, regardez; il Ă©claire !- Qu'est-ce que la fureur ? qu'importe la colĂšre ? La vengeance sera surprise de son fruit; Dieu nous transforme; il a pour tĂąche en notre nuit L'auguste avortement de la foudre en prend dans notre coeur la haine et la dĂ©vore; Il se jette sur nous des profondeurs du jour, Et nous arrache tout de l'Ăąme, hors l'amour; Avec ce bec d'acier, la conscience, il plonge Jusqu'Ă notre pensĂ©e et jusqu'Ă notre songe, Fouille notre poitrine et, quoi que nous fassions, Jusqu'aux vils intestins qu'on nomme passions; Il pille nos instincts mauvais, il nous dĂ©pouille De ce qui nous tourmente et de ce qui nous souille; Et, quand il nous a faits pareils au ciel bĂ©ni, Bons et purs, il s'envole, et rentre Ă l'infini; Et, lorsqu'il a passĂ© sur nous, l'Ăąme plus grande Sent qu'elle ne hait plus, et rend grĂące, et demande Qui donc m'a prise ainsi dans ses serres de feu ? Et croit que c'est un aigle, et comprend que c'est avant, grande marche humaine! Peuple, change de rĂ©gion. larve, deviens phĂ©nomĂšne; troupeau, deviens lĂ©gion. Cours, aigle, oĂč tu vois l'aube Ă©clore. L'acceptation de l'aurore N'est interdite qu'aux hiboux. Dans le soleil Dieu se devine; Le rayon a l'Ăąme divine Et l'Ăąme humaine Ă ses deux vient de l'une et vole Ă l'autre; Il est pensĂ©e, Ă©tant clartĂ©; En haut archange, en bas apĂŽtre, En haut flamme, en bas libertĂ©. Il crĂ©e Horace ainsi que Dante, Dore la rose au vent pendante, Et le chaos oĂč nous voguons; De la mĂȘme Ă©meraude il touche L'humble plume de l'oiseau-mouche Et l'Ăąpre Ă©caille des dragons48. Prenez les routes lumineuses, Prenez les chemins Ă©toilĂ©s. Esprits semeurs, Ăąmes glaneuses, Allez, allez, allez, allez! Esclaves d'hier, tristes hommes, Hors des bagnes, hors des sodomes, Marchez, soyez vaillants, montez; Ayez pour triomphe la gloire OĂč vous entrez, ĂŽ foule noire, Et l'opprobre dont vous sortez!Homme, franchis les mers. Secoue Dans l'Ă©cume tout le passĂ©; Allume en Ă©toupe Ă ta proue Le chanvre du gibet brisĂ©. Gravis les montagnes. Ăcrase Tous les vieux monstres dans la vase; Ressemble aux anciens Apollons; Quand l'Ă©pĂ©e est juste, elle est pure; Va donc! car l'homme a pour parure Le sang de l'hydre Ă ses rĂȘve l'Ă©quitĂ©, la vĂ©ritĂ© profonde, L'amour qui veut, l'espoir qui luit, la foi qui fonde, Et le peuple Ă©clairĂ© plutĂŽt que chĂątiĂ©. Je rĂȘve la douceur, la bontĂ©, la pitiĂ©, Et le vaste pardon. De lĂ ma solitude.*La vieille barbarie humaine a l'habitude De s'absoudre, et de croire, hĂ©las, que ce qu'on veut, PrĂȘtre ou juge, on a droit de le faire, et qu'on peut ter sa conscience en mettant une robe. Elle prend l'Ă©quitĂ© cĂ©leste, elle y dĂ©robe Ce qui la gĂȘne, y met ce qui lui plaĂźt; biffant Tout ce qu'on doit au faible, Ă la femme, Ă l'enfant, Elle change le chiffre, elle change la somme, Et du droit selon Dieu fait la loi selon l'homme. De lĂ les hommes-dieux, de lĂ les rois-soleils; De lĂ sur les pavĂ©s tant de ruisseaux vermeils; De lĂ les Laffemas, les Vouglans, les BĂąvilles; De lĂ l'effroi des champs et la terreur des villes, Les lapidations, les deuils, les cruautĂ©s, Et le front sĂ©rieux des sages insultĂ©s.*JĂ©sus paraĂźt; qui donc s'Ă©crie Il faut qu'il meure! C'est le prĂȘtre. douleur! Ă jamais, Ă demeure, Et quoi que nous disions, et quoi que nous songions, Les eumĂ©nides sont dans les religions; MĂ©gĂšre est catholique; Alecton est chrĂ©tienne; Clotho, nonne sanglante, accompagnait l'antienne D'Arbuez, et l'on entend dans l'Ă©glise sa voix; Ces bacchantes du meurtre encourageaient Louvois; Et les monts Ă©taient pleins du cri de ces mĂ©nades Quand Bossuet poussait Boufflers aux dragonnades.*Ne vous figurez pas, si Dieu lui-mĂȘme accourt, Que l'antique fureur de l'homme reste court, Et recule devant la lumiĂšre cĂ©leste. Au plus pur vent d'en haut elle mĂȘle sa peste, Elle mĂȘle sa rage aux plus doux chants d'amour, S'enfuit avec la nuit, mais rentre avec le jour. Le progrĂšs le plus vrai, le plus beau, le plus sage, Le plus juste, subit son monstrueux passage. L'aube ne peut chasser l'affreux spectre importun. Cromwell frappe un tyran, Charles; il en reste un, Cromwell. L'atroce meurt, l'atrocitĂ© subsiste. Le bon sens, souriant et sĂ©vĂšre exorciste, Attaque ce vampire et n'en a pas raison. Comme une sombre aĂŻeule habitant la maison, La barbarie a fait de nos coeurs ses repaires, Et tient les fils aprĂšs avoir tenu les pĂšres. L'idĂ©al un jour naĂźt sur l'ancien continent, Tout un peuple Ă©bloui se lĂšve rayonnant, Le quatorze juillet jette au vent les bastilles, Les rĂ©volutions, ĂŽ LibertĂ©, tes filles, Se dressent sur les monts et sur les ocĂ©ans, Et gagnent la bataille Ă©norme des gĂ©ants, Toute la terre assiste Ă la fuite inouĂŻe Du passĂ©, nĂ©ant, nuit, larve, ombre Ă©vanouie ! L'inepte barbarie attente Ă ce laurier, Et perd Torquemada, mais retrouve Carrier. Elle se trouble peu de toute cette aurore. La vaste ruche humaine, Ă©veillĂ©e et sonore, S'envole dans l'azur, travaille aux jours meilleurs, Chante, et fait tous les miels avec toutes les fleurs; La vieille Ăąme du vieux CaĂŻn, l'antique Haine Est lĂ , voit notre Ă©den et songe Ă sa gĂ©henne, Ne veut pas s'interrompre et ne veut pas finir, Rattache au vil passĂ© l'Ă©clatant avenir, Et remplace, s'il manque un chaĂźnon Ă sa chaĂźne, Le pĂšre Letellier par le PĂšre DuchĂȘne; De sorte que Satan peut, avec les maudits, Rire de notre essai manquĂ© de paradis. Eh bien, moi, je dis Non! tu n'es pas en dĂ©mence, Mon coeur, pour vouloir l'homme indulgent, bon, immense; Pour crier Sois clĂ©ment! sois clĂ©ment! sois clĂ©ment! Et parce que ta voix n'a pas d'autre enrouement!*Tu n'es pas furieux parce que tu souhaites Plus d'aube au cygne et moins de nuit pour les chouettes; Parce que tu gĂ©mis sur tous les opprimĂ©s; Non, ce n'est pas un fou celui qui dit Aimez! Non, ce n'est pas errer et rĂȘver que de croire Que l'homme ne naĂźt point avec une Ăąme noire, Que le bon est latent dans le pire, et qu'au fond Peu de fautes vraiment sont de ceux qui les font. L'homme est au mal ce qu'est Ă l'air le baromĂštre; Il marque les degrĂ©s du froid, sans rien omettre, Mais sans rien ajouter, et, s'il monte ou descend, HĂ©las! la faute en est au vent, ce noir passant. L'homme est le vain drapeau d'un sinistre Ă©difice; Tout souffle qui frĂ©mit, flotte, serpente, glisse Et passe, il le subit, et le pardon est dĂ» Ă ce haillon vivant dans les cieux Ă©perdu. Hommes, pardonnez-vous. mes frĂšres, vous ĂȘtes Dans le vent, dans le gouffre obscur, dans les tempĂȘtes; Pardonnez-vous. Les coeurs saignent, les ans sont courts; Ah ! donnez-vous les uns aux autres ce secours! Oui, mĂȘme quand j'ai fait le mal, quand je trĂ©buche Et tombe, l'ombre Ă©tant la cause de l'embĂ»che, La nuit faisant l'erreur, l'hiver faisant le froid, Ătre absous, pardonnĂ©, plaint, aimĂ©, c'est mon jour, je vis passer une femme inconnue. Cette femme semblait descendre de la nue; Elle avait sur le dos des ailes, et du miel Sur sa bouche entr'ouverte, et dans ses yeux le ciel. Ă des voyageurs las, Ă des errants sans nombre, Elle montrait du doigt une route dans l'ombre, Et semblait dire On peut se tromper de chemin. Son regard faisait grĂące Ă tout le genre humain; Elle Ă©tait radieuse et douce; et, derriĂšre elle, Des monstres attendris venaient, baisant son aile, Des lions graciĂ©s, des tigres repentants, Nemrod sauvĂ©, NĂ©ron en pleurs; et par instants Ă force d'ĂȘtre bonne elle paraissait folle. Et, tombant Ă genoux, sans dire une parole, Je l'adorai, croyant deviner qui c'Ă©tait. Mais elle,-devant l'ange en vain l'homme se tait,- Vit ma pensĂ©e, et dit Faut-il qu'on t'avertisse ? Tu me crois la pitiĂ©; fils, je suis la Ă LA POURSUITE DU VRAIIJe m'en irai dans les chars sombres Du songe et de la vision; Dans la blĂȘme citĂ© des ombres Je passerai comme un rayon; J'entendrai leurs vagues huĂ©es; Je semblerai dans les nuĂ©es Le grand Ă©chevelĂ© de l'air; J'aurai sous mes pieds le vertige, Et dans les yeux plus de prodige Que le mĂ©tĂ©ore et l' rentrerai dans ma demeure, Dans le noir monde illimitĂ©. Jetant Ă l'Ă©ternitĂ© l'heure Et la terre Ă l'immensitĂ©, Repoussant du pied nos misĂšres, Je prendrai le vrai dans mes serres Et je me transfigurerai, Et l'on ne verra plus qu'Ă peine Un reste de lueur humaine Trembler sous mon sourcil je ne serai plus un homme; Je serai l'esprit Ă©bloui Ă qui le sĂ©pulcre se nomme, Ă qui l'Ă©nigme rĂ©pond Oui. L'ombre aura beau se faire horrible; Je m'Ă©panouirai terrible, Comme Ălie Ă GethsĂ©mani, Comme le vieux ThalĂšs de GrĂšce, Dans la formidable allĂ©gresse De l'abĂźme et de l' questionnerai le gouffre Sur le secret universel, Et le volcan, l'urne de soufre, Et l'ocĂ©an, l'urne de sel; Tout ce que les profondeurs savent, Tout ce que les tourmentes lavent, Je sonderai tout; et j'irai Jusqu'Ă ce que, dans les tĂ©nĂšbres, Je heurte mes ailes funĂšbres Ă quelqu'un de m'envolant jusqu'au faĂźte, Parfois tombant de tout mon poids, J'entendrai crier sur ma tĂȘte Tous les cris de l'ombre Ă la fois, Tous les noirs oiseaux de l'abĂźme, L'orage, la foudre sublime, L'Ăąpre aquilon sĂ©ditieux, Tous les effrois qui, pĂȘle-mĂȘle, Tourbillonnent, battant de l'aile, Dans le prĂ©cipice des Nuit pĂąle, immense fantĂŽme Dans l'espace insondable Ă©pars, Du haut du redoutable dĂŽme, Se penchera de toutes parts; Je la verrai lugubre et vaine, Telle que la vit AntisthĂšne Qui demandait aux vents Pourquoi ? Telle que la vit Ăpicure, Avec des plis de robe obscure Flottant dans l'ombre autour de la dĂ©mence t'emporte, Dira le nuage irritĂ©. -Prends-tu la nuit pour une porte ? Murmurera l'obscuritĂ©. L'espace dira-Qui t'Ă©gare ? Passeras-tu, barde, oĂč Pindare Et David ne sont point passĂ©s ? -C'est ici, criera la tempĂȘte, Qu'HĂ©siode a dit Je m'arrĂȘte! Qu'ĂzĂ©chiel a dit Assez !Mais tous les efforts des tĂ©nĂšbres Sur mon essor s'Ă©puiseront Sans faire flĂ©chir mes vertĂšbres Et sans faire pĂąlir mon front; Au sphinx, au prodige, au problĂšme, J'apparaĂźtrai, monstre moi-mĂȘme, Ătre pour deux destins construit, Ayant, dans la cĂ©leste sphĂšre, Trop de l'homme pour la lumiĂšre, Et trop de l'ange pour la dit au poĂšte-Imite Ceux que retient l'effroi divin; N'enfreins pas l'Ă©trange limite Que nul n'a violĂ©e en vain; Ne franchis pas l'obscure grĂšve OĂč la nuit, la tombe et le rĂȘve MĂȘlent leurs souffles inouĂŻs, OĂč l'abĂźme sans fond, sans forme, Rapporte dans sa houle Ă©norme Les prophĂštes les essais que tu peux faire Sont inutiles et perdus. Prends un culte; choisis; prĂ©fĂšre; Tes voeux ne sont pas entendus; Jamais le mystĂšre ne s'ouvre; La tranquille immensitĂ© couvre Celui qui devant Dieu s'enfuit Et celui qui vers Dieu s'Ă©lance D'une Ă©galitĂ© de silence Et d'une Ă©galitĂ© de sur l'Olympe oĂč StĂ©sichore, Cherchant Jupiter, le trouva; Va sur l'Horeb qui fume encore Du passage de JĂ©hovah; songeur, ce sont lĂ des cimes, De grands buts, des courses sublimes... On en revient dĂ©sespĂ©rĂ©, Honteux, au fond de l'ombre noire, D'avoir abdiquĂ© jusqu'Ă croire! IndignĂ© d'avoir adorĂ©!L'Olympien est de la brume; Le SinaĂŻque est de la nuit. Nulle part l'astre ne s'allume, Nulle part l'ombre ne bleuit. Que l'homme vive et s'en contente; Qu'il reste l'homme; qu'il ne tente Ni l'obscuritĂ©, ni l'Ă©ther; Sa flamme Ă la fange est unie, L'homme est pour le ciel un gĂ©nie, Mais l'homme est pour la terre un a Dante, Shakspeare, HomĂšre; Ses arts sont un trĂ©pied fumant; Mais prĂ©tend-il de sa chimĂšre Illuminer le firmament ? C'est toujours quelque ancienne idĂ©e De l'Ălide ou de la ChaldĂ©e Que l'Ăąge nouveau rajeunit. Parce que tu luis dans ta sphĂšre, Esprit humain, crois-tu donc faire De la flamme jusqu'au ZĂ©nith!AprĂšs Socrate et le Portique, Sans t'en douter, tu mets le feu Ă la mĂȘme chimĂšre antique Dont l'Inde ou Rome ont fait un dieu; Comme cet Ăson de la fable, Tu retrempes dans l'ineffable, Dans l'absolu, dans l'infini, Quelque Ammon d'Ăgypte ou de GrĂšce, Ce qu'avant toi maudit LucrĂšce, Ce qu'avant toi Job a prends quelque ĂȘtre imaginaire, Vieux songe de l'humanitĂ©, Et tu lui donnes le tonnerre, L'aurĂ©ole, l'Ă©ternitĂ©. Tu le fais, tu le renouvelles; Puis, tremblant, tu te le rĂ©vĂšles, Et tu frĂ©mis en le crĂ©ant; Et, lui prĂȘtant vie, abondance, Sagesse, bontĂ©, providence, Tu te chauffes Ă ce nĂ©ant!Sous quelque mythe qu'il s'enferme, Songeur, il n'est point de Baal Qui ne contienne en lui le germe D'un Ă©blouissant idĂ©al; De mĂȘme qu'il n'est pas d'Ă©pine, Pas d'arbre mort dans la ruine. Pas d'impur chardon dans l'Ă©gout, Qui, si l'Ă©tincelle le touche, Ne puisse, dans l'Ăątre farouche, Faire une aurore tout Ă coup!Vois dans les forĂȘts la broussaille, Culture abjecte du hasard; DĂ©guenillĂ©e, elle tressaille Au glissement froid du lĂ©zard; Jette un charbon, ce houx sordide Va s'Ă©panouir plus splendide Que la tunique d'or des rois; L'Ă©clair sort de la ronce infĂąme; Toutes les pourpres de la flamme Dorment dans ce haillon des un enfant qui s'Ă©merveille De tirer, Ă travers son jeu, Une splendeur gaie et vermeille Du vil sarment qu'il jette au feu, Tu concentres toute la flamme De ce que peut rĂȘver ton Ăąme Sur le premier venu des dieux, Puis tu t'Ă©tonnes, ĂŽ poussiĂšre, De voir sortir une lumiĂšre De cet Irmensul la vague Ă©tincelle obscure Que tu tires d'un Dieu pervers, Tu crois raviver la nature, Tu crois rĂ©chauffer l'univers; nain, ton orgueil s'imagine Avoir retrouvĂ© l'origine, Que tous vont s'aimer dĂ©sormais, Qu'on va vaincre les nuits immondes, Et tu dis La lueur des mondes Va flamboyer sur les sommets!Tu crois voir une aube agrandie S'Ă©largir sous le firmament Parce que ton rĂȘve incendie Un Dieu, qui rayonne un moment. Non. Tout est froid. L'horreur t'enlace. Tout est l'affreux temple de glace, Morne Ă Delphes, sombre Ă BĂ©thel. Tu fais Ă peine, esprit frivole, En brĂ»lant le bois de l'idole, TiĂ©dir la pierre de l' laisse ces paroles sombres Passer sur moi sans m'Ă©mouvoir Comme on laisse dans les dĂ©combres Frissonner les branches le soir; J'irai, moi le curieux triste; J'ai la volontĂ© qui persiste; L'Ă©nigme traĂźtre a beau gronder; Je serai, dans les brumes louches, Dans les crĂ©puscules farouches, La face qui vient et mort! ĂŽ gouffre! Est-ce un piĂšge La fleur qui s'ouvre et se flĂ©trit, L'atome qui se dĂ©sagrĂšge, Le nĂ©ant qui se repĂ©trit ? Quoi! rien ne marche ! rien n'avance! Pas de moi ! Pas de survivance ! Pas de lien! Pas d'avenir! C'est pour rien, ĂŽ tombes ouvertes, Qu'on entend vers les dĂ©couvertes Les chevaux du rĂȘve hennir !Est-ce que la nature enferme Pour des avortements bĂątards L'Ă©lĂ©ment, l'atome, le germe, Dans le cercle des avatars ? Que serait donc ce monde immense, S'il n'avait pas la conscience Pour lumiĂšre et pour attribut ? Ăpouvantable Ă©chelle noire De renaissances sans mĂ©moire Dans une ascension sans but!La larve du spectre suivie, Ce serait tout! Quoi donc! ĂŽ sort, J'aurais un devoir dans la vie Sans avoir un droit dans la mort! Depuis la pierre jusqu'Ă l'ange, Qu'est-ce alors que ce vain mĂ©lange D'ĂȘtres dans l'obscur tourbillon ? L'aube est-elle sincĂšre ou fausse ? NaĂźtre, est-ce vivre ? En quoi la fosse DiffĂšre-t-elle du sillon ?-Mange le pain, je mange l'homme, Dit TibĂšre. A-t-il donc raison ? Satan la femme, Ăve la pomme, Est-ce donc la mĂȘme moisson ? Nemrod souffle comme la bise; Gengis le sabre au poing, Cambyse Avec un flot d'hommes dĂ©mons, Tue, extermine, Ă©crase, opprime, Et ne commet pas plus de crime Qu'un roc roulant du haut des monts!Oh non! la vie au noir registre, Parmi le genre humain troublĂ©, Passe, inexplicable et sinistre, Ainsi qu'un espion voilĂ©; Grands et petits, les fous, les sages, S'en vont, nommĂ©s dans les messages Qu'elle jette au ciel triste ou bleu; Malheur aux mĂ©chants! et la tombe Est la bouche de bronze oĂč tombe Tout ce qu'elle dĂ©nonce Ă ce Dieu mĂȘme, je le nie; Car il aurait, ĂŽ vain croyant, Créé sa propre calomnie En crĂ©ant ce monde Ainsi parle, calme et funĂšbre, Le doute appuyĂ© sur l'algĂšbre; Et moi qui sens frĂ©mir mes os, Allant des langes aux suaires, Je regarde les ossuaires Et je regarde les et vie ! Ă©nigmes austĂšres! Dessous est la rĂ©alitĂ©. C'est lĂ que les Kants, les Voltaires, Les Euclides ont hĂ©sitĂ©. Eh bien! j'irai, moi qui contemple, Jusqu'Ă ce que, perçant le temple, Et le dogme, ce double mur, Mon esprit dĂ©couvre et dĂ©voile DerriĂšre Jupiter l'Ă©toile, DerriĂšre JĂ©hovah l'azur!Car il faut qu'enfin on rencontre L'indestructible vĂ©ritĂ©, Et qu'un front de splendeur se montre Sous ces masques d'obscuritĂ©; La nuit tĂąche, en sa noire envie, D'Ă©touffer le germe de vie, De toute-puissance et de jour, Mais moi, le croyant de l'aurore, Je forcerai bien Dieu d'Ă©clore Ă force de joie et d'amour!Est-ce que vous croyez que l'ombre A quelque chose Ă refuser Au dompteur du temps et du nombre, Ă celui qui veut tout oser, Au poĂšte qu'emporte l'Ăąme, Qui combat dans leur culte infĂąme Les payens comme les hĂ©breux, Et qui, la tĂȘte la premiĂšre, Plonge, Ă©perdu, dans la lumiĂšre, Ă travers leur dieu tĂ©ne crains rien, mon enfant. Je me nomme JuvĂ©nal. Je suis bon. Je ne fais peur qu'aux Charles lĂšve ses yeux pleins de pleurs transparents, Et dit-Je n'ai pas pareil aux marbres, Reprend, tandis qu'au loin on entend sous les arbres Jouer les Ă©coliers, gais et de bonne foi -Enfant, je fus jadis exilĂ© comme toi, Pour avoir comme toi barbouillĂ© des figures. Comme toi les pĂ©dants, j'ai fĂąchĂ© les augures. ĂlĂšve de Jauffret que jalouse Massin, Voyons ton dit, et regarde un dessin Qui n'a pas trop de queue et pas beaucoup de tĂȘte. -Qu'est-ce que c'est que ça!-Monsieur, c'est une bĂȘte. -Ah! tu mets dans mes vers des bĂȘtes! AprĂšs tout, Pourquoi pas ? puisque Dieu, qui dans l'ombre est debout, En met dans les grands bois et dans les mers sacrĂ©es. Il tourne une autre page, et se penche-Tu crĂ©es. Qu'est ceci ? Ca m'a l'air fort beau, quoique tortu. -Monsieur, c'est un bonhomme, dis-tu ? Eh bien, il en manquait justement un. Mon livre Est rempli de mĂ©chants. Voir un bonhomme vivre Parmi tous ces gens-lĂ me plaĂźt. CĂ©sars bouffis, Rangez-vous! ce bonhomme est dieu. Merci, mon Et, d'un doigt souverain, le voilĂ qui feuillette Nisard, l'Ăąne, le nez du maĂźtre, la belette Qui peut-ĂȘtre est un boeuf, les dragons, les griffons, Les pĂątĂ©s d'encre ailĂ©s, mĂȘlĂ©s aux vers profonds, Toute cette gaĂźtĂ© sur son courroux Ă©parse, Et JuvĂ©nal s'Ă©crie Ă©bloui-C'est trĂšs farce!Ainsi, la grande soeur et la petite soeur, Ces deux Ăąmes, sont lĂ , jasant; et le censeur, Obscur comme minuit et froid comme dĂ©cembre, serait bien Ă©tonnĂ©, s'il entrait dans la chambre, De voir sous le plafond du collĂšge Ă©touffant, Le vieux poĂšte rire avec le doux elle avait la rĂ©sille, D'abord la rime hĂ©sita. Ce devait ĂȘtre InĂ©sille...- Mais non, c'Ă©tait ans. Belle et grande fille...- Ici la rime insista Rimeur, c'Ă©tait InĂ©sille. Rime, c'Ă©tait Pepita.Pepita...-Je me rappelle! Oh! le doux passĂ© vainqueur, Tout le passĂ©, pĂȘle-mĂȘle Revient Ă flots dans mon coeur;Mer, ton flux roule et rapporte Les varechs et les galets. Mon pĂšre avait une escorte; Nous habitions un palais;Dans cette Espagne que j'aime, Au point du jour, au printemps,Quand je n'existais pas mĂȘme, Pepita-j'avais huit ans-Me disait-Fils, je me nomme Pepa; mon pĂšre est Moi, je me croyais un homme, Ătant en pays sa rĂ©sille de soie Pepa mettait des doublons; De la flamme et de la joie Sortaient de ses cheveux cela, jupe de moire, Veste de torĂ©ador, Velours bleu, dentelle noire, Dansait dans un rayon d' c'Ă©tait presque une femme Que Pepita mes amours. L'indolente avait mon Ăąme Sous son coude de palpitais dans sa chambre Comme un nid prĂšs du faucon, Elle avait un collier d'ambre, Un rosier sur son les jours un vieux qui pleure Venait demander un sou; Un dragon Ă la mĂȘme heure Arrivait je ne sais d' piaffait sous la croisĂ©e, Tandis que le vieux rĂąlait De sa vieille voix brisĂ©e La charitĂ©, s'il vous plaĂźt !Et la belle au collier jaune, Se penchant sur son rosier, Faisait au pauvre l'aumĂŽne Pour la faire Ă l' plus fier, l'autre moins sombre, Ils partaient, le vieux hagard Emportant un sou dans l'ombre, Et le dragon un prĂšs de la fenĂȘtre, Tremblant, trop petit pour voir, Amoureux sans m'y connaĂźtre, Et bĂȘte sans le disait avec charme Marions-nous! choisissant Pour amoureux le gendarme Et pour mari l' disais quelque sottise; Pepa rĂ©pondait Plus bas! M'Ă©teignant comme on attise; Et, pendant ces doux Ă©bats,Les soldats buvaient des pintes Et jouaient au domino Dans les grandes chambres peintes Du palais OISEAUX ET FLEURSIJ'aime un groupe d'enfants qui rit et qui s'assemble; J'ai remarquĂ© qu'ils sont presque tous blonds, il semble Qu'un doux soleil levant leur dore les cheveux. Lorsque Roland, rempli de projets et de voeux, Ătait petit, aprĂšs l'escrime et les parades, Il jouait dans les champs avec ses camarades Raymond le paresseux et Jean de Pau; tous trois Joyeux; un moine un jour, passant avec sa croix, Leur demanda, c'Ă©tait l'abbĂ© de la contrĂ©e -Quelle est la chose, enfants, qui vous plaĂźt dĂ©chirĂ©e ? -La chair d'un boeuf saignant, rĂ©pondit Jean de Pau. -Un livre, dit dit Un suis des bois l'hĂŽte fidĂšle, Le jardinier des sauvageons. Quand l'automne vient, l'hirondelle Me dit tout bas frimaire, aprĂšs nivĂŽse, Je vais voir si les bourgeons frais N'ont pas besoin de quelque chose Et si rien ne manque aux dis aux ronces Croissez, vierges ! Je dis Embaume! au serpolet; Je dis aux fleurs bordant les berges Faites avec soin votre surveille, entr'ouvrant la porte, Le vent soufflant sur la hauteur; Car tromper sur ce qu'il apporte C'est l'usage de ce viens dĂšs l'aube, en diligence, Voir si rien ne fait dĂ©vier Toutes les mesures d'urgence Que prend avril contre finit, mais tout recommence, Je m'intĂ©resse au procĂ©dĂ© De rajeunissement immense, Vainement par l'ombre la broussaille mouvante, Le lierre, le lichen vermeil, Toutes les coiffures qu'invente Pour les ruines le mai fleuri met des panaches Aux sombres donjons mĂ©contents, Je crie Ă ces vieilles ganaches Laissez donc faire le printemps!DANS LE JARDINJeanne et Georges sont lĂ . Le noir ciel orageux Devient rose, et rĂ©pand l'aurore sur leurs jeux; beaux jours! Le printemps auprĂšs de moi s'empresse; Tout verdit; la forĂȘt est une enchanteresse; L'horizon change, ainsi qu'un dĂ©cor d'opĂ©ra; Appelez ce doux mois du nom qu'il vous plaira, C'est mai, c'est florĂ©al; c'est l'hymĂ©nĂ©e auguste De la chose tremblante et de la chose juste, Du nid et de l'azur, du brin d'herbe et du ciel; C'est l'heure oĂč tout se sent vaguement Ă©ternel; C'est l'Ă©blouissement, c'est l'espoir, c'est l'ivresse; La plante est une femme, et mon vers la caresse; C'est, grĂące aux frais glaĂŻeuls, grĂące aux purs liserons, La vengeance que nous poĂštes nous tirons De cet affreux janvier, si laid; c'est la revanche Qu'avril contre l'hiver prend avec la pervenche; Courage, avril! Courage, ĂŽ mois de mai! Ciel bleu, RĂ©chauffe, resplendis, sois beau ! Bravo, bon Dieu ! Ah! jamais la saison ne nous fait banqueroute. L'aube passe en semant des roses sur sa route. Flamme! ombre! tout est plein de tĂ©nĂšbres et d'yeux; Tout est mystĂ©rieux et tout est radieux; Qu'est-ce que l'alcyon cherche dans les tempĂȘtes ? L'amour; l'antre et le nid ayant les mĂȘmes fĂȘtes, Je ne vois pas pourquoi l'homme serait honteux De ce que les lions pensifs ont devant eux, De l'amour, de l'hymen sacrĂ©, de toi, nature! Tout cachot aboutit Ă la mĂȘme ouverture, La vie; et toute chaĂźne, Ă travers nos douleurs, Commence par l'airain et finit par les fleurs. C'est pourquoi nous avons d'abord la haine infĂąme, La guerre, les tourments, les flĂ©aux, puis la femme, La nuit n'ayant pour but que d'amener le jour. Dieu n'a fait l'univers que pour faire l'amour. Toujours, comme un poĂšte aime, comme les sages N'ont pas deux vĂ©ritĂ©s et n'ont pas deux visages, J'ai laissĂ© la beautĂ©, fier et suprĂȘme attrait, Vaincre, et faire de moi tout ce qu'elle voudrait; Je n'ai pas plus cachĂ© devant la femme nue Mes transports, que devant l'Ă©toile sous la nue Et devant la blancheur du cygne sur les eaux. Car dans l'azur sans fond les plus profonds oiseaux Chantent le mĂȘme chant, et ce chant, c'est la vie. Sois puissant, je te plains; sois aimĂ©, je t' TROUBLE-FĂTELes belles filles sont en fuite Et ne savent oĂč se cacher. Brune et blonde, grande et petite, Elles dansaient prĂšs du clocher;Une chantait, pour la cadence; Les garçons aux fraĂźches couleurs Accouraient au bruit de la danse, Mettant Ă leurs chapeaux des fleurs;En revenant de la fontaine, Elles dansaient prĂšs du clocher. J'aime Toinon, disait le chĂȘne; Moi, Suzon, disait le l'homme noir du clocher sombre Leur a criĂ©-Laides! fuyez!- Et son souffle brusque a dans l'ombre ĂparpillĂ© ces petits la danse s'est enfuie, Les yeux noirs avec les yeux bleus, Comme s'envole sous la pluie Une troupe d'oiseaux cette dĂ©route a fait taire Les grands arbres tout soucieux, Car les filles dansant sur terre Font chanter les nids dans les donc l'homme noir ? Plus de chants; car le noir tĂ©moin A fait bien loin enfuir les belles, Et les chansons encor plus donc l'homme noir ?-Je l'ignore, RĂ©pond le moineau, gai bandit; Elles pleurent comme l'aurore. Mais un myosotis leur dit-Je vais vous expliquer ces choses. Vous n'avez point pour lui d'appas; Les papillons aiment les roses, Les hiboux ne les aiment AMALe long des berges court la perdrix au pied pour l'entraĂźner dans leur danse cĂ©leste, Les nuages ont pris la lune au milieu d'eux. Petit Georges, veux-tu ? nous allons tous les deux Nous en aller jouer lĂ -bas sous le vieux nuit tombe; on se baigne; et, la faulx sur l'Ă©paule, Le faucheur rentre au gĂźte, essuyant sa sueur. Le crĂ©puscule jette une vague lueur Sur des formes qu'on voit rire dans la le curĂ© passe et ferme son brĂ©viaire; Il est trop tard pour lire, et ce reste de jour Conseille la priĂšre Ă qui n'a plus l'amour. Aimer, prier, c'est l'aube et c'est le soir de l' c'est la mĂȘme chose au fond; aimer la femme, C'est prier Dieu; pour elle on s'agenouille aussi. Un jour tu seras homme et tu liras ceci. En attendant, tes yeux sont grands, et je te parle,Mon Georges, comme si je parlais Ă mon Charle. Quand l'aile rose meurt, l'aile bleue a son tour. La priĂšre a la mĂȘme audace que l'amour, Et l'amour a le mĂȘme effroi que la fait presque grand jour encor dans la clairiĂšre. L'angĂ©lus sonne au fond de l'horizon bruni. ciel sublime ! sombre Ă©difice infini! Muraille inexprimable, obscure et rayonnante!Oh ! comment pĂ©nĂ©trer dans la maison tonnante ? Le jeune homme est pensif, le vieillard est troublĂ©, Et devant l'inconnu, vaguement Ă©toilĂ©, Le soir tremblant ressemble Ă l'aube priĂšre est la porte et l'amour est la MISE EN LIBERTĂAprĂšs ce rude hiver, un seul oiseau restait Dans la cage oĂč jadis tout un monde chantait. Le vide s'Ă©tait fait dans la grande voliĂšre. Une douce mĂ©sange, autrefois familiĂšre, Ătait lĂ seule avec ses souvenirs d'oiseau. N'ĂȘtre jamais sans grain, sans biscuit et sans eau, Voir entrer quelquefois dans sa cage une mouche, C'Ă©tait tout son bonheur. Elle en Ă©tait farouche. Rien, pas mĂȘme un serin, et pas mĂȘme un pierrot. La cage, c'est beaucoup; mais le dĂ©sert, c'est trop. Triste oiseau! dormir seul, et, quand l'aube s'allume, Ătre seul Ă fouiller de son bec sous sa plume! Le pauvre petit ĂȘtre Ă©tait redevenu Sauvage, Ă faire ainsi tourner ce perchoir nu. Il semblait par moments s'ĂȘtre donnĂ© la tĂąche De grimper d'un bĂąton Ă l'autre sans relĂąche; Son vol paraissait fou; puis soudain le reclus Se taisait, et, cachĂ©, morne, ne bougeait plus. Ă voir son gonflement lugubre, sa prunelle, Et sa tĂȘte ployĂ©e en plein jour sous son aile, On devinait son deuil, son veuvage, et l'ennui Du joyeux chant de tous dans l'ombre Ă©vanoui. Ce matin j'ai poussĂ© la porte de la cage. J'y suis mĂąts, une grotte, un bocage, Meublent cette prison oĂč frissonne un jet d'eau; Et l'hiver on la couvre avec un grand pauvre oiseau, voyant entrer ce gĂ©ant sombre, A pris la fuite en haut, puis en bas, cherchant l'ombre, Dans une anxiĂ©tĂ© d'inexprimable horreur; L'effroi du faible est plein d'impuissante fureur; Il voletait devant ma main Ă©pouvantable. Je suis, pour le saisir, montĂ© sur une table. Alors, terrifiĂ©, vaincu, jetant des cris, Il est allĂ© tomber dans un coin; je l'ai pris. Contre le monstre immense, hĂ©las, que peut l'atome ? Ă quoi bon rĂ©sister quand l'Ă©norme fantĂŽme Vous tient, captif hagard, fragile et dĂ©sarmĂ© ? Il Ă©tait dans mes doigts inerte, l'oeil fermĂ©, Le bec ouvert, laissant pendre son cou dĂ©bile, L'aile morte, muet, sans regard, immobile, Et je sentais bondir son petit coeur est de l'aurore un frĂšre ressemblant; Il est Ă©blouissant ainsi qu'elle est vermeille. Il a l'air de quelqu'un qui rit et qui s'Ă©veille. Or, nous sommes au mois d'avril, et mon gazon, Mon jardin, les jardins d'Ă cĂŽtĂ©, l'horizon, Tout, du ciel Ă la terre, est plein de cette joie Qui dans la fleur embaume et dans l'astre flamboie Les ajoncs sont en fĂȘte, et dorent les ravins OĂč les abeilles font des murmures divins; PenchĂ© sur les cressons, le myosotis goĂ»te Ă la source, tombant dans les fleurs goutte Ă goutte; Le brin d'herbe est heureux; l'Ăącre hiver se dissout; La nature parait contente d'avoir tout, Parfums, chansons, rayons, et d'ĂȘtre hospitaliĂšre. L'espace suis sorti de la voliĂšre, Tenant toujours l'oiseau; je me suis approchĂ© Du vieux balcon de bois par le lierre cachĂ©; renouveau! Soleil ! tout palpite, tout vibre, Tout rayonne; et j'ai dit, ouvrant la main Sois libre!L'oiseau s'est Ă©vadĂ© dans les rameaux flottants, Et dans l'immensitĂ© splendide du printemps; Et j'ai vu s'en aller au loin la petite Ăąme Dans cette clartĂ© rose oĂč se mĂȘle une flamme, Dans l'air profond, parmi les arbres infinis, Volant au vague appel des amours et des nids, Planant Ă©perdument vers d'autres ailes blanches, Ne sachant quel palais choisir, courant aux branches, Aux fleurs, aux flots, aux bois fraĂźchement reverdis, Avec l'effarement d'entrer au dans la lumiĂšre et dans la transparence, Regardant cette faite et cette dĂ©livrance, Et ce pauvre ĂȘtre, ainsi disparu dans le port, Pensif, je me suis dit Je viens d'ĂȘtre la LAPIDĂEBRUXELLES. - NUIT DU 27 MAIJe vis, tout prĂšs de la croisĂ©e, Celui par qui la pierre avait Ă©tĂ© lancĂ©e; Il Ă©tait jeune; encor presque un enfant, dĂ©jĂ Un homme, un dieu te protĂ©gea, Car tu pouvais tuer cette pauvre petite! Comme les sentiments humains s'Ă©croulent vite Dans les coeurs gouvernĂ©s par le prĂȘtre qui ment, Et comme un imbĂ©cile est fĂ©roce aisĂ©ment! Loyola sait changer Jocrisse en Schinderhanne, Car un tigre est toujours possible dans un Ăąne. Mais Dieu n'a pas permis, sombre enfant, que ta main Fit cet assassinat catholique et romain; Le coup a manquĂ©. Va, triste spectre Ă©phĂ©mĂšre, Deviens de l'ombre. Fuis! Moi, je songe Ă ta ne sois pas maudite! Je reçois Du ciel juste un rayon clĂ©ment. Qui que tu sois, MĂšre, hĂ©las ! quel que soit ton enfant, sois bĂ©nie! N'en sois pas responsable et n'en sois pas punie! Je lui pardonne au nom de mon ange innocent! Lui-mĂȘme il fut jadis l'ĂȘtre humble en qui descend L'immense paradis, sans pleurs, sans deuils, sans voiles, Avec tout son sourire et toutes ses Ă©toiles. Quand il naquit, de joie et d'amour tu vibras. Il dormait sur ton sein comme Jeanne en mes bras; Il Ă©tait de ton toit le mystĂ©rieux hĂŽte; C'Ă©tait un ange alors, et ce n'est pas ta faute, Ni la sienne, s'il est un bandit maintenant. Le prĂȘtre, infortunĂ© lui-mĂȘme, et frissonnant, Ă qui nous confions la croissance future, Imposteur, a rempli cette Ăąme d'imposture; L'aveugle a dans ce coeur vidĂ© l'aveuglement. Ă ce lugubre Ă©lĂšve, Ă ce maĂźtre inclĂ©ment Je pardonne; le mal a des piĂšges sans nombre; Je les plains; et j'implore au-dessus de nous l'ombre. Pauvre mĂšre, ton fils ne sait pas ce qu'il fait. Quand Dieu germait en lui, le prĂȘtre l'Ă©touffait. Aujourd'hui le voilĂ dans cette ForĂȘt-noire, Le dogme! Ignace ordonne; il est prĂȘt Ă tout boire, Le faux, le vrai, le bien, le mal, l'erreur, le sang! Tout! Frappe ! il obĂ©it. Assassine! il consent. HĂ©las ! comment veut-on que je lui sois sĂ©vĂšre ? Le sommet qui fait grĂące au gouffre est le Calvaire. Mornes bourreaux, Ă nous martyrs vous vous fiez; Et nous, les lapidĂ©s et les crucifiĂ©s, Nous absolvons le vil caillou, le clou stupide; Nous pardonnons. C'est juste. Ah! ton fils me lapide, MĂšre, et je te bĂ©nis. Et je fais mon devoir. Un jour tu mourras, femme, et puisses-tu le voir Se frapper la poitrine, Ă genoux sur ta fosse! Puisse-t-il voir s'Ă©teindre en lui la clartĂ© fausse, Et sentir dans son coeur s'allumer le vrai feu, Et croire moins au prĂȘtre et croire plus Ă Dieu!JEANNE ENDORMIE - IIIJeanne dort; elle laisse, ĂŽ pauvre ange banni, Sa douce petite Ăąme aller dans l'infini; Ainsi le passereau fuit dans la cerisaie; Elle regarde ailleurs que sur terre, elle essaie, HĂ©las, avant de boire Ă nos coupes de fiel, De renouer un peu dans l'ombre avec le ciel. Apaisement sacrĂ©! ses cheveux, son haleine, Son teint, plus transparent qu'une aile de phalĂšne, Ses gestes indistincts, son calme, c'est exquis. Le vieux grand-pĂšre, esclave heureux, pays conquis, La ĂȘtre est ici-bas le moindre Et le plus grand; on voit sur cette bouche poindre Un rire vague et pur qui vient on ne sait d'oĂč; Comme elle est belle! Elle a des plis de graisse au cou; On la respire ainsi qu'un parfum d'asphodĂšle; Une poupĂ©e aux yeux Ă©tonnĂ©s est prĂšs d'elle, Et l'enfant par moments la presse sur son coeur. Figurez-vous cet ange obscur, tremblant, vainqueur, L'espĂ©rance Ă©toilĂ©e autour de ce visage, Ce pied nu, ce sommeil d'une grĂące en bas Ăąge. Oh! quel profond sourire, et compris de lui seul, Elle rapportera de l'ombre Ă son aĂŻeul! Car l'Ăąme de l'enfant, pas encor dĂ©dorĂ©e, Semble ĂȘtre une lueur du lointain empyrĂ©e, Et l'attendrissement des vieillards, c'est de voir Que le matin veut bien se mĂȘler Ă leur la rĂ©veillez pas. Cela dort, une rose. Jeanne au fond du sommeil mĂ©dite et se compose Je ne sais quoi de plus cĂ©leste que le ciel. De lys en lys, de rĂȘve en rĂȘve, on fait son miel, Et l'Ăąme de l'enfant travaille, humble et vermeille, Dans les songes ainsi que dans les fleurs l' DU LIONLE PALADINUn lion avait pris un enfant dans sa gueule, Et, sans lui faire mal, dans la forĂȘt, aĂŻeule Des sources et des nids, il l'avait emportĂ©. Il l'avait, comme on cueille une fleur en Ă©tĂ©, Saisi sans trop savoir pourquoi, n'ayant pas mĂȘme Mordu dedans, mĂ©pris fier ou pardon suprĂȘme; Les lions sont ainsi, sombres et gĂ©nĂ©reux. Le pauvre petit prince Ă©tait fort malheureux; Dans l'antre, qu'emplissait la grande voix bourrue, Blotti, tremblant, nourri d'herbe et de viande crue. Il vivait, presque mort et d'horreur hĂ©bĂ©tĂ©. C'Ă©tait un frais garçon, fils du roi d'Ă cĂŽtĂ©; Tout jeune, ayant dix ans, Ăąge tendre oĂč l'oeil brille; Et le roi n'avait plus qu'une petite fille Nouvelle-nĂ©e, ayant deux ans Ă peine; aussi Le roi qui vieillissait n'avait-il qu'un souci, Son hĂ©ritier en proie au monstre; et la province Qui craignait le lion plus encor que le prince Ătait fort hĂ©ros qui passait Dans le pays fit halte, et dit Qu'est-ce que c'est ? On lui dit l'aventure; il s'en alla vers l'antre.*Un creux oĂč le soleil lui-mĂȘme est pĂąle, et n'entre Qu'avec prĂ©caution, c'Ă©tait l'antre oĂč vivait L'Ă©norme bĂȘte, ayant le rocher pour bois avait, dans l'ombre et sur un marĂ©cage, Plus de rameaux que n'a de barreaux une cage; Cette forĂȘt Ă©tait digne de ce consul ; Un menhir s'y dressait en l'honneur d'Irmensul; La forĂȘt ressemblait aux halliers de Bretagne; Elle avait pour limite une rude montagne, Un de ces durs sommets oĂč l'horizon finit; Et la caverne Ă©tait taillĂ©e en plein granit, Avec un entourage orageux de grands chĂȘnes; Les antres, aux citĂ©s rendant haines pour haines, Contiennent on ne sait quel sombre talion. Les chĂȘnes murmuraient Respectez le lion!*Le hĂ©ros pĂ©nĂ©tra dans ce palais sauvage; L'antre avait ce grand air de meurtre et de ravage Qui sied Ă la maison des puissants, de l'effroi, De l'ombre, et l'on sentait qu'on Ă©tait chez un roi; Des ossements Ă terre indiquaient que le maĂźtre Ne se laissait manquer de rien; une fenĂȘtre Faite par quelque coup de tonnerre au plafond L'Ă©clairait; une brume oĂč la lueur se fond, Qui semble aurore Ă l'aigle et nuit Ă la chouette, C'est toute la clartĂ© qu'un conquĂ©rant souhaite; Du reste c'Ă©tait haut et fier; on comprenait Que l'ĂȘtre altier couchait sur un lit de genĂȘt Et n'avait pas besoin de rideaux de guipure, Et qu'il buvait du sang, mais aussi de l'eau pure, Simplement, sans valet, sans coupe et sans hanap. Le chevalier Ă©tait armĂ© de pied en cap. Il entra.*Tout de suite il vit dans la taniĂšre Un des plus grands seigneurs couronnĂ©s de criniĂšre Qu'on pĂ»t voir, et c'Ă©tait la bĂȘte; elle pensait; Et son regard Ă©tait profond, car nul ne sait Si les monstres des bois n'en sont pas les pontifes; Et ce lion Ă©tait un maĂźtre aux larges griffes, Sinistre, point facile Ă dĂ©contenancer. Le hĂ©ros approcha, mais sans trop avancer. Son pas Ă©tait sonore, et sa plume Ă©tait rouge. Il ne fit remuer rien dans l'auguste bouge. La bĂȘte Ă©tait plongĂ©e en ses rĂ©flexions. ThĂ©sĂ©e entrant au gouffre oĂč sont les Ixions Et les Sisyphes nus et les flots de l'Averne, Vit Ă peu prĂšs la mĂȘme implacable caverne. Le paladin, Ă qui le devoir disait va! Tira l'Ă©pĂ©e. Alors le lion souleva Sa tĂȘte doucement d'une façon le chevalier dit-Salut, ĂŽ bĂȘte terrible! Tu caches dans les trous de ton antre un enfant; J'ai beau fouiller des yeux ton repaire Ă©touffant, Je ne l'aperçois pas. Or, je viens le reprendre. Nous serons bons amis si tu veux me le rendre; Sinon, je suis lion aussi, moi, tu mourras; Et le pĂšre Ă©treindra son enfant dans ses bras, Pendant qu'ici ton sang fumera, tiĂšde encore; Et c'est ce que verra demain la blonde le lion pensif lui dit-Je ne crois pas.*Sur quoi le chevalier farouche fit un pas, Brandit sa grande Ă©pĂ©e, et dit Prends garde, sire! On vit le lion, chose effrayante, sourire. Ne faites pas sourire un lion. Le duel S'engagea, comme il sied entre gĂ©ants, cruel, Tel que ceux qui de l'Inde ensanglantent les jungles. L'homme allongea son glaive et la bĂȘte ses ongles; On se prit corps Ă corps, et le monstre Ă©cumant Se mit Ă manier l'homme effroyablement; L'un Ă©tait le vaillant et l'autre le vorace; Le lion Ă©treignit la chair sous la cuirasse, Et, fauve, et sous sa griffe ardente pĂ©trissant Ce fer et cet acier, il fit jaillir le sang Du sombre Ă©crasement de toute cette armure, Comme un enfant rougit ses doigts dans une mĂ»re; Et puis l'un aprĂšs l'autre il ĂŽta les morceaux Du casque et des brassards, et mit Ă nu les os. Et le grand chevalier n'Ă©tait plus qu'une espĂšce De boue et de limon sous la cuirasse Ă©paisse; Et le lion mangea le hĂ©ros. Puis il mit Sa tĂȘte sur le roc sinistre et s' vint un s'avança vers l'antre; Grave et tremblant, sa croix au poing, sa corde au ventre, Il entra. Le hĂ©ros tout rongĂ© gisait lĂ Informe, et le lion, se rĂ©veillant, bĂąilla. Le monstre ouvrit les yeux, entendit une haleine, Et, voyant une corde autour d'un froc de laine, Un grand capuchon noir, un homme lĂ dedans, Acheva de bĂąiller, montrant toutes ses dents; Puis, auguste, et parlant comme une porte grince, Il dit-Que veux-tu, toi ?-Mon roi ? -Mon prince. -Qui ?-L' cela que tu nommes un roi! L'ermite salua le pourquoi As-tu pris cet enfant ?-Parce que je m'ennuie. Il me tient compagnie ici les jours de pluie. Je l' veux-tu faire enfin ? Le veux-tu donc manger?-Dame ! si j'avais faim ! -Songe au pĂšre, Ă son deuil, Ă sa douleur amĂšre. -Les hommes m'ont tuĂ© la lionne, ma mĂšre. -Le pĂšre est roi, seigneur, comme autant. S'il parle, c'est un homme, et moi, quand on m'entend, C'est le perd ce fils...-Il a sa fille. -Une fille, c'est peu pour un famille A moi, c'est l'Ăąpre roche et la fauve forĂȘt, Et l'Ă©clair qui parfois sur ma tĂȘte apparaĂźt; Je m'en clĂ©ment pour une altesse. -La clĂ©mence n'est pas; tout est de la tristesse. -Veux-tu le paradis? Je t'offre le blanc-seing Du bon vieil imbĂ©cile de saint!L'ermite s'en CHASSE ET LA NUITLe lion solitaire, Plein de l'immense oubli qu'ont les monstres sur terre, Se rendormit, laissant l'intĂšgre nuit venir. La lune parut, fit un spectre du menhir, De l'Ă©tang un linceul, du sentier un mensonge, Et du noir paysage inexprimable un songe; Et rien ne bougea plus dans la grotte, et, pendant Que les astres sacrĂ©s marchaient vers l'occident Et que l'herbe abritait la taupe et la cigale, La respiration du grand lion, Ă©gale Et calme, rassurait les bĂȘtes dans les Ă coup des clameurs, des cors et des abois. Un de ces bruits de meute et d'hommes et de cuivres, Qui font que brusquement les forĂȘts semblent ivres, Et que la nymphe Ă©coute en tremblant dans son lit, La rumeur d'une chasse Ă©pouvantable emplit Toute cette ombre, lac, montagne, bois, prairie, Et troubla cette vaste et fauve rĂȘverie. Le hallier s'empourpra de tous les sombres jeux D'une lueur mĂȘlĂ©e Ă des cris orageux. On entendait hurler les chiens chercheurs de proies; Et des ombres couraient parmi les claires-voies. Cette altiĂšre rumeur d'avance triomphait. On eĂ»t dit une armĂ©e; et c'Ă©tait en effet Des soldats envoyĂ©s par le roi, par le pĂšre, Pour dĂ©livrer le prince et forcer le repaire, Et rapporter la peau sanglante du lion. De quel cĂŽtĂ© de l'ombre est la rĂ©bellion, Du cĂŽtĂ© de la bĂȘte ou du cĂŽtĂ© de l'homme ? Dieu seul le sait; tout est le chiffre, il est la soldats avaient fait un repas copieux, Ătaient en bon Ă©tat, armĂ©s d'arcs et d'Ă©pieux, En grand nombre, et conduits par un fier capitaine. Quelques-uns revenaient d'une guerre lointaine, Et tous Ă©taient des gens Ă©prouvĂ©s et vaillants. Le lion entendait tous ces bruits malveillants, Car il avait ouvert sa tragique paupiĂšre; Mais sa tĂȘte restait paisible sur la pierre, Et seulement sa queue Ă©norme remuait.*Au dehors, tout autour du grand antre muet, Hurlait le brouhaha de la foule indignĂ©e; Comme un essaim bourdonne autour d'une araignĂ©e, Comme une ruche autour d'un ours pris au lacet, Toute la lĂ©gion des chasseurs frĂ©missait; Elle s'Ă©tait rangĂ©e en ordre de bataille. On savait que le monstre Ă©tait de haute taille, Qu'il mangeait un hĂ©ros comme un singe une noix, Qu'il Ă©tait plus hautain qu'un tigre n'est sournois, Que son regard faisait baisser les yeux Ă l'aigle; Aussi lui faisait-on l'honneur d'un siĂšge en rĂšgle. La troupe Ă coups de hache abattait les fourrĂ©s; Les soldats avançaient l'un sur l'autre serrĂ©s, Et les arbres tendaient sur la corde les flĂšches. On fit silence, afin que sur les feuilles sĂšches On entendĂźt les pas du lion, s'il venait. Et les chiens, qui selon le moment oĂč l'on est Savent se taire, allaient devant eux, gueule ouverte, Mais sans bruit. Les flambeaux dans la bruyĂšre verte RĂŽdaient, et leur lumiĂšre allongĂ©e en avant Ăclairait ce chaos d'arbres tremblant au vent; C'est ainsi qu'une chasse habile se gouverne. On voyait Ă travers les branches la caverne, Sorte de masse informe au fond du bois Ă©pais, BĂ©ante, mais muette, ayant un air de paix Et de rĂȘve, et semblant ignorer cette armĂ©e. D'un Ăątre oĂč le feu couve il sort de la fumĂ©e, D'une ville assiĂ©gĂ©e on entend le beffroi; Ici rien de pareil; avec un vague effroi, Tous observaient, le poing sur l'arc ou sur la pique, Cette tranquillitĂ© sombre de l'antre Ă©pique; Les dogues chuchotaient entre eux je ne sais quoi; De l'horreur qui dans l'ombre obscure se tient coi, C'est plus inquiĂ©tant qu'un fracas de tempĂȘte. Cependant on Ă©tait venu pour cette bĂȘte, On avançait, les yeux fixĂ©s sur la forĂȘt, Et non sans redouter ce que l'on dĂ©sirait; Les Ă©claireurs guettaient, Ă©levant leur lanterne; On regardait le seuil bĂ©ant de la caverne; Les arbres frissonnaient, silencieux tĂ©moins; On marchait en bon ordre, on Ă©tait mille au moins... Tout Ă coup apparut la face formidable.*On vit le lion. Tout devint inabordable Sur-le-champ, et les bois parurent agrandis; Ce fut un tremblement parmi les plus hardis; Mais, fĂ»t-ce en frĂ©missant, de vaillants archers tirent, Et sur le grand lion les flĂšches s'abattirent, Un tourbillon de dards le cribla. Le lion, Pas plus que sous l'orage Ossa ni PĂ©lion Ne s'Ă©meuvent, fronça son poil, et grave, austĂšre, Secoua la plupart des flĂšches sur la terre; D'autres, sur qui ces dards se seraient enfoncĂ©s, Auraient certes trouvĂ© qu'il en restait assez, Ou se seraient enfuis; le sang rayait sa croupe; Mais il n'y prit point garde, et regarda la troupe; Et ces hommes, troublĂ©s d'ĂȘtre en un pareil lieu, Doutaient s'il Ă©tait monstre ou bien s'il Ă©tait dieu. Les chiens muets cherchaient l'abri des fers de lance. Alors le fier lion poussa, dans ce silence, A travers les grands bois et les marais dormants, Un de ces monstrueux et noirs rugissements Qui sont plus effrayants que tout ce qu'on vĂ©nĂšre, Et qui font qu'Ă demi rĂ©veillĂ©, le tonnerre Dit dans le ciel profond Qui donc tonne lĂ -bas ?Tout fut fini. La fuite emporte les combats Comme le vent la brume, et toute cette armĂ©e, Dissoute, aux quatre coins de l'horizon semĂ©e, S'Ă©vanouit devant l'horrible grondement. Tous, chefs, soldats, ce fut l'affaire d'un moment, Croyant ĂȘtre en des lieux surhumains oĂč se forme On ne sait quel courroux de la nature Ă©norme, Disparurent, tremblants, rampants, perdus, cachĂ©s. Et le monstre cria-Monts et forĂȘts, sachez Qu'un lion libre est plus que mille hommes esclaves.*Les bĂȘtes ont le cri comme un volcan les laves; Et cette Ă©ruption qui monte au firmament D'ordinaire suffit Ă leur apaisement; Les lions sont sereins plus que les dieux peut-ĂȘtre; Jadis, quand l'Ă©clatant Olympe Ă©tait le maĂźtre, Les Hercules disaient-Si nous Ă©tranglions A la fin, une fois pour toutes, les lions ? Et les lions disaient-Faisons grĂące aux ce lion-ci, fils des noirs crĂ©puscules, Resta sinistre, obscur, sombre; il Ă©tait de ceux Qui sont Ă se calmer rĂ©tifs et paresseux, Et sa colĂšre Ă©tait d'une espĂšce farouche. La bĂȘte veut dormir quand le soleil se couche; Il lui dĂ©plaĂźt d'avoir affaire aux chiens rampants; Ce lion venait d'ĂȘtre en butte aux guet-apens; On venait d'insulter la forĂȘt magnanime; Il monta sur le mont, se dressa sur la cime, Et reprit la parole, et, comme le semeur Jette sa graine au loin, prolongea sa clameur De façon que le roi l'entendit dans sa ville-Roi! tu m'as attaquĂ© d'une maniĂšre vile! Je n'ai point jusqu'ici fait mal Ă ton garçon; Mais, roi, je t'avertis, par-dessus l'horizon Que j'entrerai demain dans ta ville Ă l'aurore, Que je t'apporterai l'enfant vivant encore, Que j'invite Ă me voir entrer tous tes valets, Et que je mangerai ton fils dans ton nuit passa, laissant les ruisseaux fuir sous l'herbe Et la nuĂ©e errer au fond du ciel lendemain on vit dans la ville ceciL'aurore; le dĂ©sert; des gens criant merci, Fuyant, faces d'effroi bien vite disparues; Et le vaste lion qui marchait dans les blĂȘme peuple Ă©tait dans les caves Ă©pars. A quoi bon rĂ©sister ? Pas un homme aux remparts; Les portes de la ville Ă©taient grandes ouvertes. Ces bĂȘtes Ă demi divines sont couvertes D'une telle Ă©pouvante et d'un doute si noir, Leur antre est un si morne et si puissant manoir, Qu'il est dĂ©cidĂ©ment presque impie et peu sage, Quand il leur plaĂźt d'errer, d'ĂȘtre sur leur passage. Vers le palais chargĂ© d'un dĂŽme d'or massif Le lion Ă pas lents s'acheminait pensif, Encor tout hĂ©rissĂ© des flĂšches dĂ©daignĂ©es; Une Ă©corce de chĂȘne a des coups de cognĂ©es, Mais l'arbre n'en meurt pas; et, sans voir un archer, Grave, il continuait d'aller et de marcher; Et le peuple tremblait, laissant la bĂȘte seule. Le lion avançait, tranquille, et dans sa gueule Effroyable il avait l'enfant petit prince est-il un petit homme ? Oui. Et la sainte pitiĂ© pleurait dans les tĂ©nĂšbres. Le doux captif, livide entre ces crocs funĂšbres, Ătait des deux cĂŽtĂ©s de la gueule pendant, PĂąle, mais n'avait pas encore un coup de dent; Et, cette proie Ă©tant un bĂąillon dans sa bouche, Le lion ne pouvait rugir, ennui farouche Pour un monstre, et son calme Ă©tait trĂšs furieux; Son silence augmentait la flamme de ses yeux; Aucun arc ne brillait dans aucune embrasure; Peut-ĂȘtre craignait-on qu'une flĂšche peu sĂ»re, Tremblante, mal lancĂ©e au monstre triomphant, Ne manquĂąt le lion et ne tuĂąt l'enfant.*Comme il l'avait promis par-dessus la montagne, Le monstre, mĂ©prisant la ville comme un bagne, Alla droit au palais, las de voir tout trembler, EspĂ©rant trouver lĂ quelqu'un Ă qui parler, La porte ouverte, ainsi qu'au vent le jonc frissonne, Vacillait. Il entra dans le palais. en pleurant son fils, le roi s'Ă©tait enfui Et cachĂ© comme tous, voulant vivre aussi lui, S'estimant au bonheur des peuples nĂ©cessaire. Une bĂȘte fĂ©roce est un ĂȘtre sincĂšre Et n'aime point la peur; le lion se sentit Honteux d'ĂȘtre si grand, l'homme Ă©tant si petit; Il se dit, dans la nuit qu'un lion a pour Ăąme -C'est bien, je mangerai le fils. Quel pĂšre infĂąme!- Terrible, aprĂšs la cour prenant le corridor, Il se mit Ă rĂŽder sous les hauts plafonds d'or; Il vit le trĂŽne, et rien dedans; des chambres vertes, Jaunes, rouges, aux seuils vides, toutes dĂ©sertes; Le monstre allait de salle en salle, pas Ă pas, Affreux, cherchant un lieu commode Ă son repas; Il avait faim. Soudain l'effrayant marcheur fauve S'arrĂȘta.*PrĂšs du parc en fleur, dans une alcĂŽve, Un pauvre ĂȘtre, oubliĂ© dans la fuite, bercĂ© Par l'immense humble rĂȘve Ă l'enfance versĂ©, InondĂ© de soleil Ă travers la charmille, Se rĂ©veillait. C'Ă©tait une petite fille; L'autre enfant du roi. Seule et nue, elle chantait. Car l'enfant chante mĂȘme alors que tout se ineffable voix, plus tendre qu'une lyre, Une petite bouche avec un grand sourire, Un ange dans un tas de joujoux, un berceau, CrĂšche pour un JĂ©sus ou nid pour un oiseau, Deux profonds yeux bleus, pleins de clartĂ©s inconnues, Col nu, pieds nus, bras nus, ventre nu, jambes nues, Une brassiĂšre blanche allant jusqu'au nombril. Un astre dans l'azur, un rayon en avril, Un lys du ciel daignant sur cette terre Ă©clore, Telle Ă©tait cette enfant plus douce que l'aurore; Et le lion venait d'apercevoir entra dans la chambre, et le plancher les jouets qui couvraient une table, Le lion avança sa tĂȘte Ă©pouvantable, Sombre en sa majestĂ© de monstre et d'empereur, Et sa proie en sa gueule augmentait son horreur. L'enfant le vit, l'enfant cria-FrĂšre! mon frĂšre ! Ah! mon frĂšre!-et debout, rose dans la lumiĂšre Qui la divinisait et qui la rĂ©chauffait, Regarda ce gĂ©ant des bois, dont l'oeil eĂ»t fait Reculer les Typhons et fuir les BriarĂ©es. Qui sait ce qui se passe en ces tĂȘtes sacrĂ©es ? Elle se dressa droite au bord du lit Ă©troit, Et menaça le monstre avec son petit doigt. Alors, prĂšs du berceau de soie et de dentelle, Le grand lion posa son frĂšre devant elle, Comme eĂ»t fait une mĂšre en abaissant les bras, Et lui dit-Le voici. LĂ ! ne te fĂąche pas!Ă DES MES ENVOLĂESCes Ăąmes que tu rappelles, Mon coeur, ne reviennent pas. Pourquoi donc s'obstinent-elles, HĂ©las ! Ă rester lĂ -bas ?Dans les sphĂšres Ă©clatantes, Dans l'azur et les rayons, Sont-elles donc plus contentes Qu'avec nous qui les aimions?Nous avions sous les tonnelles Une maison prĂšs Saint-Leu. Comme les fleurs Ă©taient belles! Comme le ciel Ă©tait bleu!Parmi les feuilles tombĂ©es, Nous courions au bois vermeil; Nous cherchions des scarabĂ©es Sur les vieux murs au soleil;On riait de ce bon rire Qu'Ăden jadis entendit, Ayant toujours Ă se dire Ce qu'on s'Ă©tait dĂ©jĂ dit;Je contais la MĂšre l'Oie; On Ă©tait heureux, Dieu sait! On poussait des cris de joie Pour un oiseau qui ENFANTS GĂTĂSEn me voyant si peu redoutable aux enfants, Et si rĂȘveur devant les marmots triomphants, Les hommes sĂ©rieux froncent leurs sourcils mornes. Un grand-pĂšre Ă©chappĂ© passant toutes les bornes, C'est moi. Triste, infini dans la paternitĂ©, Je ne suis rien qu'un bon vieux sourire entĂȘtĂ©. Ces chers petits! Je suis grand-pĂšre sans mesure; Je suis l'ancĂȘtre aimant ces nains que l'aube azure, Et regardant parfois la lune avec ennui, Et la voulant pour eux, et mĂȘme un peu pour lui; Pas raisonnable enfin. C'est terrible. Je rĂšgne Mal, et je ne veux pas que mon peuple me craigne; Or, mon peuple, c'est Jeanne et George; et moi, barbon, AĂŻeul sans frein, ayant cette rage, ĂȘtre bon, Je leur fais enjamber toutes les lois, et j'ose Pousser aux attentats leur rĂ©publique rose; La popularitĂ© malsaine me sĂ©duit; Certe, on passe au vieillard, qu'attend la froide nuit, Son amour pour la grĂące et le rire et l'aurore; Mais des petits, qui n'ont pas fait de crime encore, Je vous demande un peu si le grand-pĂšre doit Etre anarchique, au point de leur montrer du doigt, Comme pouvant dans l'ombre avoir des aventures, L'auguste armoire oĂč sont les pots de confitures ! Oui, j'ai pour eux, parfois,-mĂ©nagĂšres, pleurez!- ConsommĂ© le viol de ces vases sacrĂ©s. Je suis affreux. Pour eux je grimpe sur des chaises! Si je vois dans un coin une assiette de fraises RĂ©servĂ©e au dessert de nous autres, je dis - chers petits oiseaux goulus du paradis, C'est Ă vous! Voyez-vous, en bas, sous la fenĂȘtre, Ces enfants pauvres, l'un vient Ă peine de naĂźtre, Ils ont faim. Faites-les monter, et le masque. Eh bien! je tiens pour prĂ©jugĂ©s, Oui, je tiens pour erreurs stupides les maximes Qui veulent interdire aux grands aigles les cimes, L'amour aux seins d'albĂątre et la joie aux enfants. Je nous trouve ennuyeux, assommants, Ă©touffants. Je ris quand nous enflons notre colĂšre d'homme Pour empĂȘcher l'enfant de cueillir une pomme, Et quand nous permettons un faux serment aux rois. DĂ©fends moins tes pommiers et dĂ©fends mieux tes droits, Paysan. Quand l'opprobre est une mer qui monte, Quand je vois le bourgeois voter oui pour sa honte; Quand Scapin est Ă©vĂȘque et Basile banquier; Quand, ainsi qu'on remue un pion sur l'Ă©chiquier, Un aventurier pose un forfait sur la France, Et le joue, impassible et sombre, avec la chance D'ĂȘtre forçat s'il perd et s'il gagne empereur; Quand on le laisse faire, et qu'on voit sans fureur RĂ©gner la trahison abrutie en orgie, Alors dans les berceaux moi je me rĂ©fugie, Je m'enfuis dans la douce aurore, et j'aime mieux Cet essaim d'innocents, petits dĂ©mons joyeux Faisant tout ce qui peut leur passer par la tĂȘte, Que la foule acceptant le crime en pleine fĂȘte Et tout ce bas-empire infĂąme dans Paris; Et les enfants gĂątĂ©s que les pĂšres SYLLABUSTout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce prĂȘtres font de l'ombre. Ah! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă goutte Au fond des antres qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux prĂȘtres vont criant AnathĂšme ! anathĂšme! Mais la nature dit de toutes parts Je t'aime! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d' fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits D'UNE PIĂCE DE MONNAIE DANS UNE QUĂTE FAITE PAR JEANNEMes amis, qui veut de la joie ? Moi, toi, vous. Eh bien, donnons tous. Donnons aux pauvres Ă genoux; Le soir, de peur qu'on ne nous pauvre, en pleurs sur le chemin, Nu sur son grabat misĂ©rable, AffamĂ©, tremblant, incurable, Est l'essayeur du coeur le repousse en est plus morne; Qui l'assiste s'en va content. Ce vieux homme humble et grelottant, Ce spectre du coin de la borne,Cet infirme aux pas alourdis, Peut faire, en notre Ăąme troublĂ©e, Descendre la joie Ă©toilĂ©e Des profondeurs du sombre ? Oui, vous l'ĂȘtes; Eh bien, donnez; donnez encor. Riche, en Ă©change d'un peu d'or Ou d'un peu d'argent que tu jettes,IndiffĂ©rent, parfois moqueur, A l'indigent dans sa chaumiĂšre, Dieu te donne de la lumiĂšre Dont tu peux te remplir le coeur!
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Type Jeux Collection TCG Yu-Gi-Oh Fabricant Konami Date de sortie 12 November 2009 MatiĂšre Dimensions Code EAN Description Tous les Duellistes peuvent passer Ă la vitesse supĂ©rieure avec Pouvoir de la PoussiĂšre d'Etoile sortie de novembre 2009 pour le Jeu de Cartes Ă Collectionner Yu-Gi-Oh! 5D!Pouvoir de la PoussiĂšre d'Etoile contient des monstres issus des 3 sĂ©ries animĂ©es de Yu-Gi-Oh!, inclus âGuardien Eatosâ de Yu-Gi-Oh! classique, âMonde Transparentâ de Yu-Gi-Oh! GX, et des dizaines de nouvelles cartes de Yu-Gi-Oh! de la PoussiĂšre d'Etoile intĂ©ressera tout le monde. Les fans des pactisants des TĂ©nĂšbres qui trouveront de nouveaux Esprits de la Terre Immortel et les Dame de Fortune, ainsi que leurs nouveaux monstres les Reptilia et pour lutter contre les forces des TĂ©nĂšbres, les nouveaux monstres des pactisants, tel que âGuerrier Maximum,â â Aile Noir - Vent d'Argent le SuprĂȘmeâ et l'impressionnant â Dragon des Ătoiles Majestueux â avec ses 3800 Points d'Attaque!Pouvoir de la PoussiĂšre d'Etoile comprend Ă©galement de nouveaux Koaâki Meiru, Cartes Rituelles, monstres GĂ©meaux, Synchros, et bien d'autres de la PoussiĂšre d'Etoile contient 100 cartes48 Cartes Communes 8120 Cartes Rare 1114 Cartes Super Rare 1510 Cartes Ultra Rare 112 Tendance Goodies
Les dieux ne sont-ils pas, par dĂ©finition, des entitĂ©s immatĂ©rielles vivant dans un monde invisible oĂč les humains n'ont pas accĂšs ?" Wanda Ă Mali dans Renaissance. Les Dieux sont une race immortelle. Ils sont nombreux, ont des pouvoirs et des apparences diffĂ©rentes, mais ils ont tous un ancĂȘtre commun : Patris. Ils obĂ©issent tous aux Lois Divines. Il existe une contre-partie Ă
MĂ©daille - bronze MĂ©daille - argent MĂ©daille - or Foulard - bronze/rouge Foulard - bronze/jaune Poche d'orage x2 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - bronze/bleu Poche de dĂ©luge x2 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - bronze/rose Poche explosive x2 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - bronze/vert Poche d'ultraplĂ©gie x1 Poche de torpeur x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - bronze/gris Poche cryogĂšne x2 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - bronze/bordeaux Poche de venin x2 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/blanc Foulard - argent/rouge Ăclat immortel x2 Ăclat infernal x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/vert Ăclat immortel x2 Ăclat de dragon-zombie x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/cyan Ăclat immortel x2 Ăclat de cristal x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/violet Ăclat immortel x2 Cuir prestigieux Namielle x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/rose Ăclat immortel x2 Ăclat Lunastra x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - argent/orange Ăclat immortel x2 MolĂ©caille Shara Ishvalda x1 Sceau conquĂ©rant x1 Foulard - or/marron Foulard - or/gris Aile d'argent brĂ»lante x2 Ticket Commission + x1 Foulard - or/vert Toile Rathian x2 Ticket Commission + x1 Foulard - or/jade Broyeur Brachydios + x2 Ticket Commission + x1 Foulard - or/violet Bec fantaisie x2 Ticket Commission + x1 Foulard - or/orange Fouet Tigrex x2 Ticket Commission + x1 Foulard - or/bleu Serre Barioth x2 Ticket Commission + x1 Cristal - sylve Cristal putride x5 Cristal de la forĂȘt x5 Cristal prospĂšre x3 Cristal glorieux forĂȘt x1 Obtenu Cristal glorieux forĂȘt Cristal - printemps Mastodos moussu x5 Mastodos sylvestre x5 Mastodos latent x3 Os de dragon glorieux forĂȘt x1 Obtenu Os de dragon glorieux forĂȘt Cristal - soleil Cristal fissurĂ© x5 Cristal du dĂ©sert x5 Cristal de sĂ©rĂ©nitĂ© x3 Cristal glorieux dĂ©sert x1 Obtenu Cristal glorieux dĂ©sert Cristal - crĂ©puscule Rochos Ă©rodĂ© x5 Rochos du dĂ©sert x5 Rochos renforcĂ© x3 Os de dragon glorieux dĂ©sert x1 Obtenu Os de dragon glorieux dĂ©sert Cristal - morganite Cristal pĂąle x5 Cristal de rĂ©cif corallien x5 Cristal des mers x3 Cristal glorieux corail x1 Obtenu Cristal glorieux corail Cristal - cĂ©lestine Pourpros Ă©clatant x5 Pourpros de corail x5 Pourpros vibrant x3 Os de dragon glorieux corail x1 Obtenu Os de dragon glorieux corail Cristal - citrine Cristal dĂ©formĂ© x5 Cristal miasmatique x5 Cristal du crĂ©puscule x3 Cristal glorieux miasme x1 Obtenu Cristal glorieux miasme Cristal - lunaire HystĂ©rios dĂ©formĂ© x5 HystĂ©rios miasmatique x5 HystĂ©rios ravagĂ© x3 Os de dragon glorieux miasme x1 Obtenu Os de dragon glorieux miasme Cristal - Ă©carlate Cristal fondu x5 Cristal de magma x5 Cristal infernal x3 Cristal glorieux volcan x1 Obtenu Cristal glorieux volcan Cristal - hĂ©matite Furios ardent x5 Furios volcanique x5 Furios incandescent x3 Os de dragon glorieux volcan x1 Obtenu Os de dragon glorieux volcan Cristal - glacier Cristal de glace x5 Cristal de givre x5 Cristal de l'aube x3 Cristal glorieux toundra x1 Obtenu Cristal glorieux toundra Cristal - tanzanite Glacios de givre x5 Glacios de la toundra x5 Glacios du permagel x3 Os de dragon glorieux toundra x1 Obtenu Os de dragon glorieux toundra Ătoile - forĂȘt Ătoile - dĂ©sert Ătoile - corail Ătoile - miasme Ătoile - volcan Ătoile - toundra Chasseur alpha - bronze Chasseur alpha - argent Chasseur alpha - or ConquĂ©rant - diamant ConquĂ©rant - rubis Joyau dragon ancien x1 CriniĂšre infernale x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - Ă©meraude Joyau dragon ancien x1 Aile d'acier appel de la tempĂȘte x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - ambre Joyau dragon ancien x1 Cuir prestigieux féérique x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - saphir Cristal Velkhana x1 Corona aurorale x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - topaze CĂ©lĂ©meraude Zinogre x1 Ălectrochoc mortel x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - amĂ©thyste Joyau dragon ancien x1 Croc crĂ©pusculaire x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - or/rouge Joyau dragon ancien x1 Ăcaille du clair de lune x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - or/bleu Joyau dragon ancien x1 Ăcaille du clair de lune x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - bronze Joyau dragon ancien x1 CriniĂšre d'azur x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - turquoise Mante Legiana x1 Peau de glace lisse x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - indigo Gemme oiseau mythique x1 Peau argentĂ©e sinistre x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - obsidienne Ăchine noire Brachydios x2 Pallium Brachydios x1 Os rĂ©sistos draconique x4 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - vermeil Mante Rathalos x1 Ăcaille impĂ©riale x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - impĂ©rial Mante Rathian x1 Ăcaille royale x2 Ticket Commission + x1 ConquĂ©rant - sakura Mante Rathian x1 Ăcaille sakura x2 Ticket Commission + x1 Bouquet de roses Ticket Floraison x3 Obtenu Ticket Floraison Carnaval - papaye Ticket Carnaval x3 Obtenu Ticket Carnaval Chauve-souris - vampire Ticket Terreur x3 Obtenu Ticket Terreur Tigre porte-bonheur - Ă©carlate Ticket ProspĂ©ritĂ© x3 Obtenu Ticket ProspĂ©ritĂ© Pixie - ciel Ticket Cosmos x3 Obtenu Ticket Cosmos Griffe - Rajang Cornes - Rajang orage Griffe - Zinogre stygien Corne - Safi'Jiiva Ăclat - Brachydios tempĂȘte Ăclat - Alatreon Griffe - Rathian d'or Griffe - Rathalos d'argent Ăclat suprĂȘme - Velkhana Ăclat - Namielle alpha suprĂȘme CĆur du Fatalis Carillon Ă vent Ăre d'azur Sceau Ăre d'azur x1 Obtenu Sceau Ăre d'azur HARDUMMY Raccoon City - Badge x1 Obtenu Badge Raccoon City - Umbrella Badge x1 Obtenu Badge Taupinette - chance Taupinette - santĂ© Taupinette - sĂ©curitĂ© Taupinette - amour Taupinette - protection Taupinette - passion Taupinette - paix Peluche Felyne HARDUMMY HARDUMMY HARDUMMY Bouquet de roses - nymphe Ticket Floraison VIP x2 Obtenu Ticket Floraison VIP Bouquet de roses - orange Ticket Floraison VIP x2 Obtenu Ticket Floraison VIP Bouquet de roses - rouge Ticket Floraison VIP x2 Obtenu Ticket Floraison VIP Bouquet de roses - bleu Ticket Floraison VIP x2 Obtenu Ticket Floraison VIP Carnaval - myrtille Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Carnaval - raisin Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Carnaval - pitaya Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Carnaval - litchi Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Chauve-souris - 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goyave Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Carnaval - citron Ticket Carnaval VIP x2 Obtenu Ticket Carnaval VIP Chauve-souris - volt Ticket Terreur VIP x2 Obtenu Ticket Terreur VIP Chauve-souris - feu follet Ticket Terreur VIP x2 Obtenu Ticket Terreur VIP Tigre porte-bonheur - pistache Ticket ProspĂ©ritĂ© VIP x2 Obtenu Ticket ProspĂ©ritĂ© VIP Tigre porte-bonheur - orange Ticket ProspĂ©ritĂ© VIP x2 Obtenu Ticket ProspĂ©ritĂ© VIP Pixie - pourpre Ticket Cosmos VIP x2 Obtenu Ticket Cosmos VIP Pixie - onyx Ticket Cosmos VIP x2 Obtenu Ticket Cosmos VIP Raccoon City - Tofu Badge x1 Obtenu Badge Voile sacrĂ© - rouge Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux volcan x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille rouge alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - rouge Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux volcan x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille rouge alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Peluche Felyne - blanc Peluche Melynx Peluche Felyne - rose Peluche Felyne - raisin Peluche Felyne - menthe Peluche Felyne - orange Voile sacrĂ© - vert Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux forĂȘt x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille verte alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile sacrĂ© - azur Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux toundra x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille azur alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile sacrĂ© - ciel Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal de l'aube x3 Os ancien mystique x3 Peau givrĂ©e alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile sacrĂ© - pourpre Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux miasme x1 Os ancien mystique x3 Serre alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile sacrĂ© - orange Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux dĂ©sert x1 Os ancien mystique x3 Queue-lame alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile sacrĂ© - rose Ăclat Safi'jiiva x1 Cristal glorieux corail x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille rose alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - vert Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux forĂȘt x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille verte alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - azur Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux toundra x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille azur alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - ciel Ăclat Safi'jiiva x1 Glacios du permagel x3 Os ancien mystique x3 Peau givrĂ©e alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - pourpre Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux miasme x1 Os ancien mystique x3 Serre alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - orange Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux dĂ©sert x1 Os ancien mystique x3 Queue-lame alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Voile abyssal - rose Ăclat Safi'jiiva x1 Os de dragon glorieux corail x1 Os ancien mystique x3 Ăcaille rose alpha x5 Safi'jiiva chassĂ©e ! Peluche Pukei-Pukei Peluche Pukei-Pukei corail Peluche Paolumu Peluche Paolumu belladone Peluche Rajang Peluche Rajang orage MĂ©duse volante Ballon - rouge Ballons - rouge et blanc Ballons - Assortiment MĂ©duses volantes Amulette de l'Ă©toile solitaire Kulve d'or KjĂĄrr d'or CĆur Kulve - Ă©meraude CĆur Kulve - rubis CĆur Kulve - cristal CĆur Kulve - topaze CĆur Kulve - saphir CĆur Kulve - quartz rose Porcelet angĂ©lique Cochon satanique Dragon divin - or Dragon divin - argent Casse-croĂ»te miaousse Papillons enchantĂ©s - azur Papillons enchantĂ©s - jade Papillons enchantĂ©s - magenta Montre mĂ©canique - or Montre mĂ©canique - argent Mini Super-8 joueur 1 Mini Super-8 joueur 2 Dague de cristal - rubis Dague de cristal - ambre Dague de cristal - azur Fulgurinsectes Insectes dracophages Talisman - Velkhana Bougie Glavenus Jouet Kulu-Ya-Ku Cristal - sauveur Cristal - unitĂ© MH Riders - Kirin
1Virus ĂpidĂ©mique D'Ăradication. Extra Deck (13) 1 Assaut Aile Noire Onimaru le Tonnerre Divin. 1 Aile Noire - MaĂźtre Complet des Armures. 1 Aile Noire - Vent d'Argent le SuprĂȘme. 1 Dragon Ailes Sombres. 1 Dragon PoussiĂšre D'Ătoile. 2 Aile Noire - MaĂźtre Des Armures. 1 Dompteur Aile Noire â Joe Faucon Obsidienne.
Aile Noire - Vent d'Argent le SuprĂȘme Blackwing - Silverwind the Ascendant Attribut TĂNĂBRES Niveau Niveau 8 BĂȘte AilĂ©e / Synchro / Effet Texte de Carte 1 Syntoniseur "Aile Noire" + 2 monstres non-Syntoniseur ou plusLorsque cette carte est InvoquĂ©e par Synchronisation vous pouvez cibler max. 2 monstres face recto sur le Terrain avec une DEF infĂ©rieure Ă l'ATK de cette carte ; dĂ©truisez les cibles. Vous ne pouvez pas mener votre Battle Phase le tour oĂč vous activez cet effet. Durant chacun des tours de votre adversaire, le premier monstre "Aile Noire" que vous contrĂŽlez qui va ĂȘtre dĂ©truit au combat n'est pas dĂ©truit. 2014-10-23 LC5D-FR134 COLLECTION LĂGENDAIRE 5D's MĂGA PACK 2011-05-26 DP11-FR015 PACK DU DUELLISTE - CROW - 2009-11-12 SOVR-FR041 POUVOIR DE LA POUSSIERE D'ETOILE 2009-11-12 SOVR-FR041 POUVOIR DE LA POUSSIERE D'ETOILE Cartes AssociĂ©es RĂ©sultats de Recherche 1 - 10 sur 68 Affichage Galerie Affichage Liste Aile Noire - Abrolhos le MĂ©ga SĂ©isme X TĂNĂBRES Niveau 7 [ BĂȘte AilĂ©e / Effet ] ATK 2600 DEF 1800 Non Invocable SpĂ©cialement. Cette carte ne peut pas dĂ©truire de monstres au combat. Si cette carte combat un monstre, aprĂšs le calcul des dommages renvoyez le monstre Ă la main. Une fois par tour, durant votre Main Phase 1 vous pouvez rĂ©duire l'ATK de cette carte d'exactement 1000, et si vous le faites, renvoyez toutes les cartes dans la Zone Magie & PiĂšge de votre adversaire Ă la main. Aile Noire - Arsenal AĂ©rien X TĂNĂBRES Niveau 6 [ BĂȘte AilĂ©e / Synchro / Effet ] ATK 2300 DEF 1000 1 Syntoniseur "Aile Noire" + 1 monstre non-Syntoniseur ou plusSi cette carte attaque un monstre en Position de DĂ©fense, elle gagne 500 ATK durant la Damage Step uniquement, et aussi, infligez des dommages de combat perçants Ă votre adversaire. Aile Noire - Aurora la LumiĂšre du Nord X LUMIĂRE Niveau 10 [ BĂȘte AilĂ©e / Effet ] ATK ? DEF 0 Ni Invocable Normalement ni Posable. Uniquement Invocable SpĂ©cialement depuis votre main en bannissant 2 monstres face recto que vous contrĂŽlez 1 Syntoniseur "Aile Noire" et 1 non-Syntoniseur, et non Invocable SpĂ©cialement autrement. Une fois par tour vous pouvez bannir 1 Monstre Synchro "Aile Noire" depuis votre Extra Deck ; jusqu'Ă la End Phase, le nom et l'ATK d'origine de cette carte deviennent ceux du monstre, et remplacez cet effet par les effets d'origine du monstre. Aile Noire - Auster le Vent du Sud X TĂNĂBRES Niveau 4 [ BĂȘte AilĂ©e / Syntoniseur / Effet ] ATK 1300 DEF 0 Non Invocable SpĂ©cialement. Lorsque cette carte est InvoquĂ©e Normalement vous pouvez cibler 1 de vos monstres "Aile Noire" de max. Niveau 4 bannis ; Invoquez-le SpĂ©cialement en Position de DĂ©fense. Vous pouvez bannir cette carte depuis le CimetiĂšre pour activer 1 des effets suivants ;âPlacez un nombre de Compteurs Plumes Noires sur 1 "Dragon Ailes Sombres" que vous contrĂŽlez, Ă©gal au nombre de cartes contrĂŽlĂ©es par votre adversaire.âPlacez 1 Compteur Cuirasse sur chaque monstre face recto contrĂŽlĂ© par votre adversaire qui n'en a pas. Aile Noire - Blizzard, la TempĂȘte d'ExtrĂȘme Nord X TĂNĂBRES Niveau 2 [ BĂȘte AilĂ©e / Syntoniseur / Effet ] ATK 1300 DEF 0 Non Invocable SpĂ©cialement. Lorsque cette carte est InvoquĂ©e Normalement vous pouvez cibler 1 monstre "Aile Noire" de max. Niveau 4 dans votre CimetiĂšre ; Invoquez SpĂ©cialement la cible en Position de DĂ©fense. Aile Noire - Bombardement X PIĂGE Sacrifiez 1 monstre "Aile Noire" pour sĂ©lectionner 1 Monstre Synchro face recto que vous contrĂŽlez. Ce Monstre Synchro gagne un montant d'ATK Ă©gal Ă l'ATK du monstre SacrifiĂ©, jusqu'Ă la End Phase. Aile Noire - Bora la Lance X TĂNĂBRES Niveau 4 [ BĂȘte AilĂ©e / Effet ] ATK 1700 DEF 800 Si vous contrĂŽlez un monstre "Aile Noire" "Aile Noire - Bora la Lance" exclu, vous pouvez Invoquer SpĂ©cialement cette carte depuis votre main. Si cette carte attaque un monstre en Position de DĂ©fense, infligez des dommages de combat perçants. Aile Noire - Boreas le Tranchant X TĂNĂBRES Niveau 5 [ BĂȘte AilĂ©e / Effet ] ATK 1300 DEF 900 Durant votre Main Phase 1 vous pouvez bannir cette carte depuis le CimetiĂšre, puis ciblez 1 monstre "Aile Noire" que vous contrĂŽlez ; si le monstre attaque ce tour, vous ne recevez aucun dommage de combat de cette attaque, il n'est pas dĂ©truit par ce combat, et aussi, dĂ©truisez le monstre de votre adversaire qu'il a combattu, aprĂšs le calcul des dommages. Aile Noire - Bourrasque X PIĂGE Lorsqu'un monstre de votre adversaire dĂ©clare une attaque directe tant que vous avez min. 5 monstres "Aile Noire" dans votre CimetiĂšre dĂ©truisez tous les monstres contrĂŽlĂ©s par votre adversaire. Aile Noire - Brise le ZĂ©phyr X TĂNĂBRES Niveau 3 [ BĂȘte AilĂ©e / Syntoniseur / Effet ] ATK 1100 DEF 300 Si cette carte est ajoutĂ©e depuis votre Deck Ă votre main par un effet de carte vous pouvez Invoquer SpĂ©cialement cette carte depuis votre main. Non utilisable comme MatĂ©riel de Synchro, sauf pour l'Invocation Synchro d'un monstre "Aile Noire".
45JUxn. 260 204 141 200 67 360 439 367 158
aile noir vent d argent le suprĂȘme